▪ Et de sept ! C’est par l’écart minimum (+0,05%) et acquis à la dernière seconde de cotation que le CAC 40 a terminé la dernière semaine d’avril sur un carton plein à la hausse et un gain hebdomadaire de 2,15%, ; le tout dans un volume d’une étroitesse digne d’un jour de mariage royal à Londres.
Après une noce sans fausse note, comment les marchés auraient-ils pu faire grise mine à l’heure du vin d’honneur ? La Bourse de Londres avait revêtu la redingote pour l’occasion, et certains traders faisaient partie de la haie d’honneur, une bouteille de champagne à la main.
Ils pouvaient célébrer l’événement avec le sentiment du devoir accompli. Ils avaient littéralement arraché tous les indices à la hausse jeudi — à commencer par le DAX et le CAC 40 –, histoire de prendre un peu d’avance avant l’entame du mois de mai qui pourrait s’avérer plus délicate.
Wall Street de son côté était accablé de mauvais chiffres (croissance, emploi, immobilier) et déçu par des trimestriels mitigés (EXXON, Microsoft). Pourtant, la place américaine avait suivi le mouvement de façon si enthousiaste que beaucoup d’observateurs se sont demandé s’il ne s’agissait pas d’une hausse sur commande — une sorte de cadeau de mariage de Wall Street à la City à la veille du mariage royal. Un jour comme celui-là, même si le ciel économique est gris, il doit y avoir du soleil dans tous les coeurs !
▪ A propos de ciel assombri… celui du Middle West américain prend des teintes d’apocalypse avec un record historique absolu et planétaire de 150 tornades pour la seule journée de mercredi (le 28/04).
Nous avions évoqué le sujet 15 jours auparavant, dans le cadre d’une réflexion plus générale sur le réchauffement climatique. Ce qui relevait de l’anecdote concernant la sphère du monde agricole s’impose désormais à la une des quotidiens américains avec un bilan humain vertigineux qui dépasse les 400 morts et le millier de blessés.
Les sans-abri se comptent désormais par dizaines de milliers tant les dégâts sont importants. Mais Wall Street est tellement déconnecté du monde réel que les assureurs et réassureurs américains n’accusent même pas le coup, alors que les dommages se chiffrent désormais en milliards de dollars.
Une catastrophe naturelle, c’est d’abord une bonne excuse pour imprimer encore plus d’argent ou demander l’aide de la Fed sans soulever d’objections. Voilà comment une pluie de débris se transforme en pluie de dollars.
▪ Toutefois, Wall Street n’est pas le seul lieu où les investisseurs semblent planer au milieu de la quatrième dimension. En Europe également, les marchés semblent pris dans une véritable « tempête de ciel bleu ».
Personne ne semble plus lire les bulletins de météorologie économique. Francfort a littéralement ignoré vendredi la chute de 2,1% des ventes de détail en Allemagne — au lieu de -0,5% anticipé. Quant à la hausse du taux de chômage en Espagne (+1% à 21,3%), elle a laissé Madrid de marbre.
Les indices européens engrangeaient ainsi 0,2%. C’est dans le sillage du record annuel du DAX 30 qui atteint 7 515 et engrange 6,7% sur le mois d’avril — soit la meilleure performance mensuelle depuis mars 2010. Pendant ce même temps, le dollar, lui, a chuté de 5,3%.
Le CAC 40 gagne beaucoup plus modestement 3% sur l’ensemble du mois d’avril. Le Dow Jones s’adjuge 4,5% — il s’est hissé au-dessus des 12 800 points vendredi dans le sillage de Caterpillar principalement.
Le Nasdaq aligne une série record de huit séances de hausse consécutive, ce qui n’a même pas soulevé la moindre marque d’incrédulité de la part des commentateurs vendredi.
Même si les derniers gains sont respectivement de 0,09% et 0,04% (soit un point d’indice), du point de vue d’un robot gavé de critères empruntés à l’analyse technique, la tendance reste indéfectiblement haussière et les programmes d’achats seront poursuivis.
Le Nasdaq Composite a inscrit sa deuxième clôture d’affilée au-dessus du zénith du 24 janvier 2001 et le Dow Transportation inscrivait, lui, un nouveau record historique absolu !
▪ Le billet vert continue d’enfoncer des planchers annuels ; les 1,50/euro pourraient être testés dès cette entame du mois de mai. Le pétrole, quant à lui, s’avance gaillardement au-delà des 113 $. L’or inscrit un nouveau record à 1 550 $ ; l’argent-métal retrace son zénith des 49 $ du début des années 80.
Nous avons le sentiment d’assister à un scénario de type tsunami. Les cambistes qui aperçoivent au loin une crête écumante partent chercher refuge sur les hauteurs (des matières premières)… tandis que les spécialistes des actions foncent ramasser les coquillages qui ne sont jamais découverts en temps normal ; ils se fichent de ceux qui quittent précipitamment la plage en laissant sur place les chaises longues et la glacière.
Depuis quand un mur de liquidités de 3 000 milliards de dollars devrait-il effrayer les gérants de portefeuilles ? C’est au contraire une occasion inespérée de sortir le surf et d’en jeter plein la vue aux chroniqueurs de la Chronique Agora !
Nous regardons le spectacle qu’ils nous offrent avec intérêt, car au bout du rivage se dresse une muraille de défiance vis-à-vis du dollar dont le sommet se perd dans les nuages… Les Chinois n’en veulent plus, les Russes non plus.
Les traders de Wall Street savent-ils effectivement surfer sur les promesses d’argent éternellement gratuit de Ben Bernanke ? En tout cas, nous leurs conseillons d’apprendre en plus à voler (pas leurs clients) au-dessus des vagues (de dégagement sur le dollar) qui ne vont pas tarder à emporter la crédibilité de la Fed comme une tornade de force cinq emporte les toitures dans le MiddleWest.
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