Bitcoin a chuté de plus de 80%. Pourtant ce krach doit être remis en perspective. Il n’est pas plus grave que celui des « dot.com », qui n’a pas empêché Amazon de survivre.
Jamie Dimon, le PDG de JP Morgan Chase, avait affirmé au sujet de Bitcoin :
« Si vous êtes assez stupide pour en acheter, vous le regretterez un jour ».
Étant donné que sa société est une grande banque multinationale, dépendante du dollar et impliquée dans la crise financière de 2008, ses propos ont été reçus avec un certain scepticisme.
Mais Peter Schiff, un investisseur célèbre pour avoir prédit la crise hypothécaire de 2008, demeure pessimiste au sujet du Bitcoin. Même s’il pense que la technologie de la blockchain est fiable, il doute que Bitcoin reste le leader des cryptomonnaies. De son point de vue, le bitcoin n’est populaire que parce qu’il a été le premier mais rien n’empêche qu’une autre devise prenne le relais.
Or depuis son plus haut historique de décembre 2017, le bitcoin a chuté de plus de 80% pour s’établir entre 3 000 $ et 4000 $. Les médias grand public s’écrient une nouvelle fois que « le bitcoin est mort ! » et sur les réseaux sociaux on discute de la fin d’un « montage à la Ponzi ».
Bien que cette volatilité des prix soit difficile à vivre sur le plan émotionnel, prenez du recul et évaluez l’état actuel du marché par rapport à son passé. Le bitcoin s’est « crashé » à plusieurs reprises au cours des dernières années.
Le site web howmuch.net a répertorié chacune des corrections du bitcoin par date d’occurrence. Il a établi également le pourcentage de perte de valeur et la durée de la correction en nombre de jours :
- 12 janvier 2012 – 27 janvier 2012, -30%, 16 jours
- 17 août 2012 – 19 août 2012, -57%, 3 jours
- 6 mars 2013 – 7 mars 2013, -33%. 2 jours
- 21 mars 2013 – 23 mars 2013, -35%, 3 jours
- 10 avril 2013 – 12 avril 2013, -83%, 3 jours
- 19 novembre 2013 – 19 novembre 2013, -50%, 1 jour
- 30 novembre 2013 – 14 janvier 2015, -87%, 411 jours
- 10 mars 2017 – 25 mars 2017, -34%, 16 jours
- 25 mai 2017 – 27 mai 2017, -33%, 3 jours
- 12 juin 2017 – 16 juillet 2017, -39%, 35 jours
- 2 septembre 2017 – 15 septembre 2017, -40%, 14 jours
- 8 novembre 2017 – 12 novembre 2017, -30%, 5 jours
- 17 décembre 2017 – ????, -82%, ???? jours
https://howmuch.net/articles/bitcoin-all-major-crashes (rendre le graphe cliquable)
On le voit, cette dernière correction du prix du Bitcoin n’a rien d’exceptionnel. L’histoire montre que le bitcoin a subi des pertes beaucoup plus rapides au cours d’une période plus courte lors de son histoire. Pourtant cela n’a pas découragé les investisseurs.
Retour sur la bulle Internet des années 1990
Il est également intéressant de faire une comparaison entre le marché baissier actuel des cryptomonnaies et la bulle Internet (dot.com bubble) des années 1990.
À l’époque, beaucoup de start-up dans le domaine des nouvelles technologies étaient surévaluées, avec des business models peu durables. On a compté que 210 dot.com avaient fait faillite.
Il en va de même dans ce jeune marché des cryptomonnaies. On a vu des ICO mal préparées, sans réel projet, sans véritable utilité, quand il ne s’agissait pas tout simplement d’arnaques.
Déjà, lors de la bulle Internet, les régulateurs avaient menacé de répression. Or il semble que les craintes d’une forte tension réglementaire soient à l’origine du krach du bitcoin, fin 2017. Un an après, les menaces proférées par les gouvernements américain, sud-coréen et chinois ne se sont pas vraiment concrétisées.
Au cours de la bulle Internet, à la fin de 1999, le prix de l’action Amazon a culminé autour de 90 $. Presque deux ans plus tard, au creux de la vague, on pouvait acheter Amazon à 6 $ par action. Il a fallu attendre fin 2007 pour qu’Amazon dépasse à nouveau les sommets atteints en 1999.
https://finance.yahoo.com/news/then-now-key-insights-technology-123450278.html
Mais tout ceci est de l’histoire ancienne et les rescapés de la bulle sont devenus des géants, parmi lesquels Google, Yahoo, eBay et Amazon. De même les sites web Myspace, LinkedIn et Facebook ont tous émergé dans la période 2002-2004, alors que l’Internet renaissait enfin de ses cendres. Et si l’on regarde le cours d’Amazon jusqu’à ce jour, toute ces turbulences sont à peine visibles. Il est donc probable que certaines cryptomonnaies auront dans quelques années un graphique similaire.
Les fondamentaux du bitcoin sont solides
Lorsqu’un nouveau secteur émerge, il est normal que le prix connaisse de telles fluctuations. Mais les fondamentaux du bitcoin n’ont pas changé.
Tout d’abord, son invention est une réponse à l’inflation et aux échecs des monnaies fiduciaires. En effet le bitcoin n’est pas un actif traditionnel, c’est une monnaie décentralisée.
Cela signifie qu’elle ne peut pas être exploitée par le pouvoir à des fins de spoliation. Sa valeur est déterminée par le consensus de l’ensemble du marché, et non par un « planificateur central ». Il n’y a donc pas de risque d’inflation imprévisible puisque la planification financière ne dicte ni sa valeur, ni son volume.
Par ailleurs, c’est une monnaie libre : vous pouvez choisir de l’utiliser ou pas.
Contrairement aux monnaies fiduciaires, il n’y a pas de pénalité si vous décidez de ne pas l’utiliser. Contrairement aux comptes bancaires classiques, vous seul avez accès à vos bitcoins.
Pour toutes ces raisons les fondamentaux sous-jacents de la blockchain Bitcoin décentralisée sont en pleine croissance, malgré la baisse du prix actuel.
Cinq données qui plaident en faveur de solides fondamentaux
1° Le nombre d’utilisateurs de wallets Bitcoin continue d’augmenter de façon spectaculaire au cours des deux dernières années et dépasse les 31 millions
2° Le coût par transaction continue de diminuer jusqu’à ce jour :
3° Les transactions ne cessent de se multiplier
4° Sur une échelle linéaire, la puissance de calcul allouée a approximativement quadruplé au cours de la dernière année
5° Il y a également eu une augmentation de 98% du nombre de nœuds du réseau Bitcoin au cours des deux dernières années, selon Bitnodes :
Lorsqu’on replace les choses dans leur contexte, il semble que beaucoup des craintes suscitées par ce dernier krach de Bitcoin soient sans fondement et que le marché soit capable de se remettre d’un krach plus brutal encore.
Le prix n’est qu’une mesure de la valeur d’un actif. Bien qu’il soit important, ce n’est pas une mesure suffisante de sa valeur future.
6 commentaires
bravo !!!
« De son point de vue, le bitcoin n’est populaire que parce qu’il a été le premier mais rien n’empêche qu’une autre devise prenne le relais. »
Schiff est contre les cryptos en général qu’il juge totalement virtuelles, sans valeur intrinsèque, contrairement à l’or.
La blockchain est-elle une technologie sans intérêt ? Une étude stipule que ses cas d’utilisation ont un taux de réussite de 0 % :
https://www.developpez.com/actu/235841/La-blockchain-est-elle-une-technologie-sans-interet-Une-etude-stipule-que-ses-cas-d-utilisation-ont-un-taux-de-reussite-de-0-pourcent/
99,99 % du grand public n’utilise pas de cryptomonnaie pour faire ses emplettes. Cela reste très compliqué, et lent : Bitcoin et Ethereum ne permettent de traiter qu’entre 7 et 20 transactions par seconde, contre 24.000 à Visa dixit l’article suivant :
https://www.20minutes.fr/high-tech/2400443-20181220-bulle-bitcoin-explose-2018
Bref la blockchain contrairement aux technologies de traitement des données en masse ‘Big data’ n’apporte aucune valeur ajoutée et se revèle très énergivore et malsain pour l’environnement.
D’une façon générale, on est d’accord pour accorder de la valeur à une simple idée, à condtion qu’elle soit géniale.
On est également d’accord pour accorder une valeur à un bien dont la production nécessite la mise en oeuvre de bâtiments, de machines, d’énergie, de main-d’oeuvre, de recherche.
Et enfin, on est généralement d’accord pour attribuer de la valeur à quelque chose qui n’existe qu’en quantité limitée ou finie.
Une seule de ces trois conditions suffit parfois pour que quelque chose ait de la valeur. Et bien que le bitcoin réponde aux trois, il se trouve encore des personnes pour affirmer qu’il ne repose sur rien et est sans valeur.
» on est d’accord pour accorder de la valeur à une simple idée, à condtion qu’elle soit géniale. »
Non, on accorde de la valeur à des idées dont la mise en œuvre dans le cadre d’un projet entrepreneurial permet aux investisseurs de réaliser des bénéfices. Ou bien aux idées qui ont une valeur d’usage en tant que marchandises.
» On est également d’accord pour accorder une valeur à un bien dont la production nécessite la mise en oeuvre de bâtiments, de machines, d’énergie, de main-d’oeuvre, de recherche. »
Non, on accord une valeur à un bien qui a une valeur d’usage. Vous pouvez mettre en œuvre toutes ces ressources pour produire quelque chose d’inutile, cette chose n’aura aucune valeur sur le marché. Votre théorie est celle de Marx, la théorie de la valeur travaille.
» Et enfin, on est généralement d’accord pour attribuer de la valeur à quelque chose qui n’existe qu’en quantité limitée ou finie. »
Encore une fois, seulement si cette chose a une valeur intrinsèque, une utilité pratique ou sociale.
» Une seule de ces trois conditions suffit parfois pour que quelque chose ait de la valeur. Et bien que le bitcoin réponde aux trois »
C’est hautement contestable
Je respecte hautement vos arguments et ne nie aucunement leur pertinence.
Permettez-moi cependant de continuer à croire que le bitcoin est loin, très loin, d’être une création sans valeur.
Mes études en économie m’ont surtout permis de comprendre à quel point l’Economiste est une espèce qui se fourvoie constamment mais qui explique toujours brillamment ses erreurs a posteriori. 🙂