▪ Bill Bonner en parlait hier : l’or revient… une fois de plus. Sauf que par rapport à son dernier sommet, les choses ont changé. Cette fois-ci, un krach obligataire et une méfiance naissante à l’égard des monnaies fiduciaires font que l’or n’est plus un simple refuge ou objet de spéculation.
Cette fois-ci… c’est différent.
"Maintenant", explique Bill, "l’or grimpe suite aux bonnes nouvelles comme aux mauvaises. De l’inflation ? L’or grimpe. De la déflation ? L’or grimpe. Lorsque les actions montent… l’or grimpe plus. Lorsque les actions baissent, l’or grimpe malgré tout".
"Pourquoi ? Parce que le marché de l’or anticipe une explosion du système monétaire mondial".
"Nous aussi. Nous avons déjà vu ce qui se passe quand un petit pays accumule trop de dettes. Les investisseurs s’inquiètent. Les taux d’intérêt grimpent. Le pays ne peut plus emprunter pour couvrir ses déficits… ou payer ses prêts passés. Un désastre".
"Mais la situation de la Grèce n’est pas très différente de la situation dans des dizaines d’autres pays — dont le Portugal, l’Espagne, l’Italie, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis".
Et même si le risque de contagion semble écarté pour l’instant — en appliquant le remède habituel : un "fonds de stabilisation" à 850 milliards d’euros (c’est-à-dire plus de dette pour soigner la dette, mais je ne reviendrai pas sur ce sujet, maintes et maintes fois traité)… je pense qu’un tournant a été franchi dans l’histoire des devises fiduciaires.
▪ Comme le disait Simone Wapler dans MoneyWeek il y a une dizaine de jours, "Keynes va être assassiné dans sa tombe. Je connais le coupable. C’est l’or. Il se venge. Lors des accords de Bretton Woods, Keynes avait voulu avoir la peau de l’or, la relique barbare. Le crime était presque parfait, mais voilà que l’or se réveille et il y aura du sang sur les murs".
Suite aux événements grecs, l’euro est revenu à des planchers face au dollar. Mais l’histoire ne s’arrête pas là…
"En temps normal, on aurait dû constater un sauve-qui-peut vers le dollar et par contrecoup, une baisse de l’or en dollar", continue Simone. "Figurez-vous que cela ne s’est pas produit ! L’or démarre à 1 136,25 $ le 19 avril et, après une incursion à 1 143 $, revient sagement à 1 133,75 $". (Il est aujourd’hui à de nouveaux sommets, à plus de 1 240 $ au fixing londonien).
"L’économiste Keynes était un monétariste, interventionniste. La consommation justifie tout. L’épargne est inutile puisque l’Etat-providence assure de tout. Mais voilà, 35 ans après la fin des accords de Bretton Woods, la relique barbare joue les flics dans une crise causée par un keynésianisme outrancier".
"Acheter de la croissance à crédit n’était finalement pas une bonne idée. Peu importe que cet achat à crédit soit fait par les ménages à la sauce subprime, comme aux Etats-Unis ou à crédit par des Etats dispendieux".
La question, c’est… et maintenant ? Jusqu’où ira l’or ?
"2 000 $ et 1 500 euros, ce serait raisonnable", avance Simone. "Mais il pourrait aller bien plus loin. La bulle finale sera gonflée par deux gaz : l’avidité (ça c’est classique) et la peur (ça c’est terrible)".
"Quand faudra-t-il vendre ? Quand des gouvernements auront été légitimement élus pour mener une véritable politique d’austérité. Ce n’est pas demain"…
Le retour à l’étalon-or n’est pas pour tout de suite, cher lecteur… mais quelques achats de métal jaune ne pourront pas faire de mal !
Meilleures salutations,
Françoise Garteiser
La Chronique Agora