Sur le podium, des habitués de l’inflation comme le Venezuela, Zimbabwe… puis, non loin derrière et pour la même raison, le Liban et l’Argentine…
Voici les actualités rapportées par CNBC en fin de semaine dernière :
« L’inflation a augmenté de 0,4% en avril et de 4,7% par rapport à l’année précédente, selon l’indicateur clé de la Fed.
L’inflation est restée élevée en avril, ce qui veut dire que les taux d’intérêt pourraient rester plus longtemps élevés, selon un indicateur suivi de près par la Réserve fédérale.
L’indice des prix des dépenses de consommation personnelle, qui mesure une variété de biens et de services et qui s’ajuste aux changements de comportement des consommateurs, a augmenté de 0,4% pour le mois, en excluant les coûts de l’alimentation et de l’énergie, ce qui est supérieur à l’estimation de 0,3 % du Dow Jones.
Sur une base annuelle, l’indice a augmenté de 4,7%, soit 0,1 point de pourcentage de plus que prévu, selon le département du commerce. »
L’inflation augmente, elle ne diminue pas !
L’indice de la misère
Il y a de nombreuses années, l’économiste Arthur Okun a créé le Misery Index, un indice combinant l’inflation et le chômage qui permet de mesurer la misère d’un pays. Isolés, ces deux facteurs sont des nuisances. Combinés, ils représentent la misère.
Depuis, d’autres économistes ont apporté leur pierre à l’édifice en associant les taux d’intérêt et la croissance du PIB à cet indice. Puis, Steve Hanke, de l’université Johns Hopkins, a calculé ces indices pour le reste du monde en plus des Etats-Unis.
Nous disposons ainsi d’une autre mesure pour répondre à la bonne vieille question d’Ed Koch : comment nous portons-nous ?
Il y a dix ans, en partant des pays les « moins misérables », les Etats-Unis occupaient la 18e place… derrière les pays d’Extrême-Orient et la Scandinavie. L’Irlande se situait en milieu de peloton, au 45e rang (sur 89 pays).
Dans la dernière version de l’indice, les Etats-Unis ont reculé de quelques crans… mais pas de manière catastrophique. Ils sont toujours en bonne compagnie – avec la France, la Russie, le Portugal et l’Autriche, c’est-à-dire ni bons ni mauvais.
L’Irlande est remontée beaucoup plus haut dans le classement. Elle est désormais l’une des nations les moins misérables du monde, avec la Suisse, le Japon et les pays nordiques.
Nous disposons d’indices de durée de vie, de PIB/habitant, de revenus, de corpulence, etc. Selon la plupart de ces mesures, voire toutes, l’Irlande a progressé… alors que les Etats-Unis sont en déclin depuis de nombreuses années.
Bien entendu, ces chiffres ne représentent que des moyennes et sont souvent trompeurs. Dans un grand pays comme les Etats-Unis, il est difficile de généraliser. La qualité de vie est très différente dans les collines de l’est du Tennessee que dans les canyons de Manhattan. Et si Warren Buffett déménageait dans un quartier pauvre, les revenus moyens des habitants de la zone augmenteraient. Statistiquement, tout le monde s’en sortirait mieux.
Batailles silencieuses
A Baltimore, de nombreuses personnes mènent une vie qui semble aussi misérable que n’importe quelle autre sur la planète. Leurs revenus sont très faibles et proviennent soit de l’aide gouvernementale, soit de la petite délinquance ou de travail manuel à la journée. Les quartiers sont laids, sales et délabrés. Il n’y a pas de cafés sur les trottoirs. Pas de restaurants. Pas de boutiques. Pas d’artisans. Et les écoles sont horribles.
Cinq personnes ont été abattues à Baltimore vendredi dernier. Cela a incité le maire à instaurer un couvre-feu pour les adolescents le week-end dernier, celui du Memorial Day. Statistiquement, surtout en plein jour férié, on a beaucoup plus de chances de se faire tirer dessus dans l’ouest de Baltimore qu’en Ukraine. Mais il est toujours plus facile de résoudre les problèmes des autres que les siens. La guerre en Ukraine a une place proéminente aux journaux télévisés du soir ; elle attire des milliards de dollars d’armes et d’aide financière. La bataille de Baltimore est largement ignorée.
Tout en bas de l’indice de misère se trouvent les pays que l’on s’attendrait à trouver : le Zimbabwe, le Venezuela, le Liban, le Soudan et l’Argentine. Ce qu’ils ont en commun, c’est une inflation élevée et persistante. L’inflation n’est pas une vague de chaleur qui va et vient. Il s’agit d’une politique gouvernementale. Une fois que les autorités commencent à l’utiliser, tout comme un téléphone portable, il est très difficile d’y renoncer. Et lorsque l’inflation devient persistante, elle corrompt l’économie, la société et le système politique.
Le Zimbabwe a probablement établi un nouveau record lorsque son taux d’inflation a atteint 79 milliards de pour cent – par mois – en novembre 2008. Le pays s’est effondré. Robert Mugabe, dictateur vieillissant et cinglé à la tête du pays, a été mis à la porte. Les gens sont passés au dollar américain pour effectuer toutes leurs transactions. Des signes de reprise ont été notés.
Mais, en 2019, les autorités ont cherché à reprendre le contrôle de la monnaie nationale. Elles ont réintroduit le dollar zimbabwéen.
Le taux d’inflation est rapidement remonté en flèche. A peine un an plus tard, il dépassait les 700%.
Le blues du dollar
En Argentine, le taux d’inflation est supérieur à 100%… et ne cesse d’augmenter. Après des décennies de hausse des prix, d’hyperinflation, de dépression et de défauts de paiement, les politiciens argentins s’accrochent fermement à cette inflation. Et, si l’on en croit l’indice de la misère, ils sont passés de l’un des meilleurs pays à l’un des pires en l’espace de 70 ans.
C’était un triste spectacle. Mais les gauchos n’ont peut-être pas envie que ce cirque se poursuive. Un homme politique surprenant et improbable – Javier Milei – est actuellement en train de monter dans les sondages.
Dans les périodes troubles, les hommes politiques cherchent des coupables – des ennemis. Trump a pointé du doigt les étrangers. Il a dit à la nation américaine qu’elle pourrait redevenir grande si elle cessait d’autoriser les Mexicains à travailler aux Etats-Unis… et si elle empêchait les Chinois de nous envoyer des marchandises moins chères.
Joe Biden considère les Russes, les Chinois… et les sinistres « suprémacistes blancs » républicains… comme ses ennemis.
Les Argentins sont peut-être prêts à recevoir une meilleure explication pour leurs problèmes. Javier Milei, ex-chanteur de rock, aujourd’hui économiste et animateur radio, explique aux électeurs que c’est la « caste politique » elle-même qui est à blâmer. Ce sont eux qui contrôlent le budget de l’Etat et la monnaie. Ils dépensent trop d’argent dans des projets corrompus et des cadeaux destinés à acheter des voix. Le système est truqué, dit-il, en faveur de l’élite politique.
Milei propose d’éliminer la tentation de faire gonfler l’économie en retirant l’argent argentin au contrôle de l’élite politique. Il supprimerait complètement l’utilisation du peso, et le remplacerait par le dollar américain.
Ce serait une bonne nouvelle pour les Argentins. L’inflation américaine n’est que d’environ 5%.
Ce serait également une bonne nouvelle pour les États-Unis… qui pourraient gonfler l’économie argentine en plus de la leur.