Margaret Thatcher a fait ses preuves dans les moments difficiles, lorsqu’elle était Première ministre… Jerome Powell arrivera-t-il lui aussi à tenir le cap ?
« La Fed n’est pas prête à changer de direction », titrait le Financial Times récemment.
Pour l’instant, la Fed maintient ses hausses de taux. Et les investisseurs semblent se rendre compte de ce que cela signifie. Ray Dalio affirme qu’un taux d’intérêt de 4,5% (toujours près de 400 points de base EN DESSOUS de la hausse des prix à la consommation) ferait chuter les actions de 20% supplémentaires. Mark Mobius affirme que le taux directeur de la Fed pourrait atteindre les 9%. Larry Summers soutient que la « Fed nécessite de fortes hausses de taux » pour contrôler l’inflation.
Markets Insider :
« Le milliardaire Jeff Gundlach, ‘le roi des obligations’, estime qu’il est temps d’être plus pessimiste à l’égard des actions américaines, car le risque de déflation est désormais beaucoup plus élevé. […] Le chemin à parcourir pour revenir à la ‘norme’ est encore long. »
Le retour à la normale n’aura probablement pas lieu. Une trop grande partie de notre économie dépend maintenant de taux d’intérêt complètement anormaux. Lorsque les taux réels augmenteront, les entreprises, les ménages et les gouvernements seront incapables de se refinancer. Ils seront ruinés, feront défaut… ou, dans le cas du gouvernement américain, imprimeront plus de monnaie.
Naturellement, les personnes qui ont gagné le plus d’argent grâce aux taux d’intérêt ultra-bas de l’époque de la bulle sont les moins désireuses de les voir disparaître. Ce sont également les mêmes personnes qui contrôlent les médias, les universités, Wall Street, la Fed et le gouvernement lui-même. Nous pensons qu’ils pourraient perdre jusqu’à 50 000 Mds$ de richesses, si la Fed s’en tient à son programme et fait sortir l’inflation du système.
Au fur et à mesure que les pertes s’accumulent, ils diront tous à M. Powell qu’il est un idiot. Ils lui diront de faire marche arrière. Aura-t-il le cran de leur résister ?
La dame de fer
« La dame n’est pas prête à changer de cap. » Telle est la célèbre phrase utilisée par Margaret Thatcher en 1980 pour se décrire. Elle n’était pas prête à s’éloigner de son programme conservateur, avait-elle déclaré lors d’une conférence du parti.
A l’époque, la cote de popularité de Mme Thatcher était tombée à 23 % – un record. Elle avait réduit les dépenses et licencié des employés du gouvernement. Elle avait même retiré le lait gratuit aux écoliers. Les syndicats étaient contre elle et menaçaient de faire des grèves généralisées. Les universités étaient contre elle ; elle a réduit le soutien du gouvernement à l’éducation, ce qui a incité Oxford à lui refuser un doctorat honorifique. La presse et même de nombreux membres de son propre parti étaient contre elle. Beaucoup s’attendaient à ce qu’elle fasse volte-face.
Elle ne l’a pas fait.
Et la situation a empiré. Le chômage augmentait ; on comptait 3 millions de chômeurs au Royaume-Uni, au début des années 1980. L’inflation avait atteint les 18%. Une lettre ouverte, signée par 364 économistes, lui disait qu’elle allait dans la mauvaise direction, qu’il n’y avait « aucun fondement dans la théorie économique » de son programme de coupes budgétaires et de taux d’intérêt plus élevés.
Mme Thatcher a également dû se battre avec les mineurs de charbon. Anthony Scargill, ancien membre de la Ligue des jeunes communistes, puis fondateur du Socialist Labour Party, était à la tête du syndicat des mineurs au début des années 1980. Lorsque le gouvernement Thatcher a proposé de fermer les mines non productives, Scargill a mené le syndicat dans une confrontation directe avec le gouvernement. Les mineurs ont quitté leurs emplois, laissant ainsi la Grande-Bretagne à court de carburant.
Mais Mme Thatcher n’a pas bronché. Elle était convaincue que les dépenses excessives et la surrèglementation ruinaient le pays ; elle était déterminée à les écraser.
Le conte de deux cités
Notre premier voyage à Londres remonte à 1969. C’était un endroit sinistre. Notre hôtel était minable. Il fallait mettre des pièces dans le radiateur pour avoir un peu de chaleur. Les toilettes étaient au bout du couloir.
La ville entière semblait laide. Presque aucun bâtiment neuf. Les magasins étaient aussi gris que le temps.
La Grande-Bretagne n’était pas un pays riche à l’époque. Le rationnement n’a été complètement aboli qu’en 1958. Un de nos amis, qui a grandi à Londres, se rappelle combien il était ravi de manger une orange… pour la première fois… dans les années 1950.
L’économie de la Grande-Bretagne n’avait pas été détruite pendant la Seconde Guerre mondiale. Mais, après la guerre, au lieu de supprimer les contrôles qui avaient été introduits pour cette raison, le gouvernement a nationalisé des industries entières, introduit davantage de réglementations, augmenté les impôts et mis en place un Etat-providence coûteux.
En fait, la Grande-Bretagne a mis en place une forme étendue de planification centrale et de socialisme. On attribue à Mme Thatcher le mérite de s’en être finalement débarrassée – ou du moins, d’avoir éliminé ses pires aspects. Elle n’a pas fait volte-face et, en 1983, l’inflation s’est calmée et l’économie était déjà en voie de rétablissement. Plus tard, elle a explosé. Après le « Big Bang », au cours duquel le secteur financier du Royaume-Uni a été libéré, Londres est devenue le centre financier du monde – riche et dynamique, où des gens du monde entier venaient investir, faire du shopping et acheter des appartements coûteux.
Nous avons déjeuné avec Mme Thatcher plus tard dans sa vie, dans les années 1990. Nous avons été surpris de voir à quel point elle était petite – délicate, et presque frêle. Mais elle n’avait alors rien à prouver. Elle avait montré au monde entier de quoi elle était faite. Elle était une « Dame de fer ». Et elle a fait son travail.
Et Mr. Powell ? De quoi est-il fait ? De fer ? Ou de saule ?
Nous allons le découvrir.