▪ Nous sommes en train d’explorer de quelles manières la bulle du crédit pourrait se résoudre. Par l’inflation ? La déflation ? Sommes-nous désormais prisonniers d’une longue, très longue période de stagnation, de ralentissement et de sclérose économique ?
La semaine dernière, nous vous avons donné la prévision court terme de notre département de recherches : basé sur la simple logique du retour à la moyenne, il suggère que la voie "la plus probable" pour les valeurs US ces trois prochains mois est une perte de plus de 6%.
Aujourd’hui, nous vous donnons notre prévision de long terme. "Elle n’a jamais été plus négative", déclare notre statisticien en chef, Stephen Jones. Elle révèle une perte de 9,8% tous les ans pendant la prochaine décennie. En d’autres termes, notre modèle de retour à la moyenne, adapté à la dette et à la démographie, semble lui aussi voir arriver une "longue dépression".
Une perte moyenne de 9,8% par an sur 10 ans peut se produire de plusieurs manières différentes |
Mais une perte moyenne de 9,8% par an sur 10 ans peut se produire de plusieurs manières différentes. Petit à petit — ou d’un seul coup, sauvagement.
Un avant-goût de la "longue dépression" a traversé la planète comme une éclipse totale à deux reprises au cours des 100 dernières années. Il y a d’abord eu la Grande dépression américaine. Vous connaissez l’histoire : les actions se sont effondrées. Des entreprises ont fait faillite. Des gens ont perdu leur emploi. Des banques ont fait faillite. Les événements suivaient le déroulé habituel d’une dépression, qui aurait probablement atteint un plancher avant de se remettre en quelques années — comme cela s’est produit durant la dépression de 1921. Mais le gouvernement fédéral est intervenu. Il a gelé les prix — y compris le prix de la main-d’oeuvre ; il a entravé le commerce ; il a empêché les liquidations ; il a arrêté le progrès de la correction.
Murray Rothbard a analysé les politiques des administrations Hoover et Roosevelt dans son ouvrage classique de 1963, America’s Great Depression ["La Grande dépression américaine", ndlr.] Il a montré comment le gouvernement, tentant d’enrayer la dépression, l’a en fait empêchée de faire son travail. Le choc déflationniste court et rapide — qui aurait dû réduire à néant les mauvaises dettes, les mauvaises entreprises et les mauvais investissements — s’est transformé en long ralentissement douloureux. La dépression, qui aurait dû prendre fin dès 1933, s’est poursuivie jusque dans les années 40 avant de se terminer par le plus grand programme de dépenses publiques de l’histoire — la Deuxième guerre mondiale. Ce qui, au passage, n’a pas amélioré le sort de la population économiquement parlant, mais a "mis les gens au travail" et a largement masqué la chute du niveau de vie causé par la guerre et la dépression.
La deuxième longue dépression s’est produite au Japon |
▪ Deuxième passage
La deuxième longue dépression s’est produite au Japon, suite au krach de son marché boursier en 1990. Voilà maintenant un quart de siècle que ce krach a eu lieu. Le PIB japonais s’est tout juste développé, comme vous pouvez le constater sur le graphique ci-dessous :
Et le marché japonais ?
Il avait atteint un sommet de près de 40 000 points en 1990 ; aujourd’hui, l’indice Nikkei atteint 20 000 points environ. Il lui a fallu 25 ans pour réussir, à grand’peine, à revenir à une perte de 50% !
Le gouvernement est tout à fait responsable de la longueur de la dépression |
Le gouvernement est tout à fait responsable de la longueur de la dépression. A ce jour, il continue de se mêler d’économie — ce qui revient dans les faits à retarder un véritable nettoyage des mauvaises dettes.
Au lieu de permettre à la mauvaise dette d’être éliminée et réduite, les décideurs ont ajouté de plus en plus de dette pendant 25 ans, de sorte qu’aujourd’hui, le gouvernement japonais est le plus endetté au monde. Le Japon va désormais se trouver à court de temps et d’argent. Sa population vieillissante n’épargne plus pour rendre sa retraite ; à présent, les retraités s’attendent à dépenser leur épargne. Ce qui signifie que le gouvernement ne peut plus compter sur un financement de la part des épargnants japonais. Il doit désormais leur rendre leur argent.
Mais comment ? Il n’a pas d’argent à leur donner. Comme les Etats-Unis, il accumule les déficits budgétaires depuis des années.
La suite dès demain…