Nous avons vu hier tout le potentiel de la Turquie — voici un exemple concret pour vous montrer exactement pourquoi nous y croyons…
▪ Une success story qui démontre tout le dynamisme et l’envie turque
Vestel est devenue en quelques années une des premières entreprises de Turquie. Vous allez me dire, Vestel quoi ? Jamais entendu parler. Je vous promets que si ; vous allez voir. Vestel fabrique de l’électroménager sous sa propre marque, mais également en "marque blanche" pour d’autre fabriquant plus connus. 21% des téléviseurs classiques et 12% des écrans plats LCD qui ont été achetés dans l’Union européenne l’an dernier sont sortis de ses usines. Soit une télévision sur cinq.
Si je vous dis maintenant que Vestel fabrique pour JVC, Toshiba, Sharp, Mitsubishi, vous vous direz qu’effectivement, vous connaissez ces marques. Mais ayant su étendre son emprise sur les téléviseurs, il est un peu partout, ce qui l’a amené à fabriquer aussi des produits d’entrée de gamme, pour Carrefour par exemple, sous les marques Blue Sky et First Line.
Vestel c’est donc aujourd’hui un chiffre d’affaires de 3,7 milliards d’euros, avec 600 000 m2 d’usines dans une ville surnommée aujourd’hui Vestel City. Le groupe s’étend de l’énergie, au tourisme, en passant par le textile et la finance. Mais le coeur de son activité reste l’électronique et l’électroménager.
A la tête de cet empire, Ahmet Zorlu, 66 ans, qui a racheté une usine en faillite en 1994. A l’époque, l’usine produisait à peine 360 000 téléviseurs par an. Aux dires même de M. Zorlu, les employés de l’époque étaient qualifiés et les infrastructures de qualité. En reprenant l’affaire, il a donné une nouvelle orientation à l’entreprise, basée sur une internationalisation grâce à l’exportation.
En moins de vingt ans, il a construit un empire. Il se retrouve à la tête de la 11ème fortune turque et prend la 655ème place au niveau mondial. En moins de deux décennies. Pourquoi parler de lui ? Parce qu’il est parfaitement représentatif de la nouvelle Turquie et de ses entrepreneurs qui réussissent dans les affaires. Sa success story, il ne la doit qu’à lui-même. Il s’est rendu directement dans les pays asiatiques — Japon, Corée, Taïwan — pour comprendre comment ils arrivaient à réaliser des productions de plusieurs millions d’unités annuelles. Et il a appliqué les mêmes méthodes.
Déjà en 2006, la production de Vestel se montait à 5,5 millions de téléviseurs. Les téléviseurs ne sont pas les seuls appareils électroménagers diffusés par le groupe. Ce sont aussi les réfrigérateurs, ou les machines à laver, avec un record établi à 10 800 réfrigérateurs en un seul jour avant la crise, et 11% de parts de marché en Europe.
Les produits diffusés sous la marque Vestel sont exclusivement destinés au marché intérieur, au Moyen-Orient, en Europe de l’Est et en Russie où une usine a été ouverte (j’y reviendrai, car la Russie est un important pilier de croissance pour le groupe et, d’une manière plus générale, un partenaire de choix pour la Turquie). Tous les produits exportés le sont en accord avec des marques connues et reconnues, Indesit, Whirlpool, Far pour Conforama… Pour les ordinateurs portables, un accord de partenariat a été signé avec Intel.
La Russie donc. C’est un marché en pleine croissance pour le groupe d’Ahmet Zorlu, car les Russes voient leur pouvoir d’achat augmenter et sont particulièrement friands de technologies en électroménager et autres écrans plats. Le groupe entend donc conserver sa position en développant ses propres compétences technologiques grâce à ses équipes d’ingénieurs de Recherche et de Développement en Turquie, en Grande-Bretagne et à Taïwan.
Ils ont d’ailleurs réussi à intégrer des décodeurs TNT aux téléviseurs, et des écrans équipés du procédé Pixellence, une trouvaille de ses équipes qui améliore les couleurs vives. "Nous avons un an et demi d’avance sur les Chinois", s’enorgueillit Ahmet Zorlu. "Et nous comptons conserver cette place".
▪ La succes story turque à grande échelle
Des histoires comme ça, il y en a des dizaines, des centaines en Turquie. Pas toute de la même envergure, mais toujours avec ce même dynamisme et cette même force créatrice de richesse. Cette réussite exemplaire a été rendue possible grâce à un coût du travail peu élevé évidemment mais aussi grâce à des économies d’échelles rendues possibles grâce à des quantités de production énormes.
Mais surtout, un point était déterminant. De par la situation géographique de la Turquie, l’union douanière entre la Turquie et l’Union européenne lui évite les 14% de taxes d’importation appliquées aux produits asiatiques. La proximité géographique joue aussi en sa faveur, ce qui lui apporte un avantage déterminant.
Il faut reconnaître, que la crise n’a pas épargné le pays. Son PIB a connu l’une des plus fortes chutes de son histoire au premier trimestre 2009. Comme l’Europe est l’un de ses principaux partenaires, les exportations ont été très durement touchées par la crise, ce qui a entraîné comme dans beaucoup d’autres pays un chômage important.
Paradoxalement et surtout vis-à-vis des pays développés, son système bancaire a été épargné. N’ayant pas d’actifs toxiques dans ses bilans, les banques turques ont facilement passé cette période si difficile pour les autres. La Turquie reste toutefois — et malgré son potentiel à long terme –, un pays présentant un risque de volatilité plus important que les pays développés. Mais compte tenu des nouveaux paramètres comme l’endettement monstrueux des états dits développés, le degré de volatilité peut parfaitement s’intégrer dans une diversification internationale active.
Le rapport risque/rendement me paraît pour le moment positif. Et le niveau des taux d’intérêts est propice à un investissement sur une classe d’actifs plus performante. Les niveaux moyens de valorisation des titres demeurent attractifs pour des investisseurs comme nous disposant d’un horizon moyen/long terme.
D’après les chiffres publiés depuis le début de l’année, le pays semble avoir totalement digéré les pertes subies lors de la crise 2008-2009. Le 1er trimestre affichait une croissance de 11% et de 10,3% pour le second trimestre. A ce niveau on est obligé de faire la comparaison avec les chiffres réalisés par la Chine. Incontestablement, 2010 pourrait se révéler l’année de la Turquie, avec certainement l’un des taux de croissance les plus élevés au monde, même si par la suite il faut s’attendre à un ralentissement pour 2011. Mais, signe d’optimisme, le gouvernement envisage de prendre de nouvelles mesures favorables au développement de sa demande intérieure afin de pallier le risque de chute des exportations.
Les principaux moteurs de croissance du pays mis en place lors de la crise et qui ont produit leurs effets en 2009 et 2010 sont les dépenses d’investissement (+8,9% au deuxième trimestre et +29% sur un an glissant) et la consommation domestique (+4% au deuxième trimestre et +10% sur un an glissant).
Pendant longtemps, l’un des principaux obstacles à la croissance et à la reconnaissance du pays sur l’échiquier international a été un risque politique. Et les investisseurs n’apprécient pas l’instabilité politique. Or le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a voulu procéder à des mesures dans le cadre d’un référendum constitutionnel (approuvé à 58%), pour faciliter une intégration, au moins future, dans l’Union européenne.
Cette action a été fortement plébiscitée. Cette démarche est particulièrement importante car la politique est aussi déterminante pour les marchés financiers turcs que les perspectives macroéconomiques.
[NDLR : Découvrez la recommandation de Frédéric Laurent qui vous aidera à profiter des brillantes perspectives de la Turquie en toute simplicité — et profitez aussi de tous ses autres conseils grâce à sa lettre, Vos Finances : tout est expliqué ici !]