Un proverbe chinois dit : "quand le riche maigrit, le pauvre meurt".Au vu du classement des milliardaires qu’a fait paraître le magasine Forbes, on pourrait aujourd’hui adapter ce proverbe par "quand le riche grossit, les pauvres mangent enfin".
Si en 2009 nos milliardaires avaient perdu quasiment la moitié de leur fortune, pas de doute, ils se sont refait une santé financière cette année. Tant mieux pour eux, et surtout tant mieux pour nous aussi, car c’est en suivant leur argent que nous allons pouvoir nous aussi profiter de cet enrichissement. Mais où est / où va l’argent ?
La semaine passée, le chef économiste du FMI a constaté "l’asymétrie" entre la croissance des pays avancés, qu’il estime désormais entre 1% à 2%, et celle des pays émergents qu’il prévoit entre 6% à 8%. Il a également précisé avec force que l’écart va continuer à se creuser.
Eh bien, vous retrouvez cette grande tendance dans le classement Forbes des grandes fortunes mondiales. Si, comme moi, chaque année, vous décortiquez ce classement, vous aurez aisément constaté l’apparition d’une nouvelle population de milliardaires depuis maintenant quelques années : celle des pays dits "émergents". Mais cette année les pays émergents détrônent les pays développés : le Mexicain Carlos Slim prend la tête du classement mondial en lieu et place des Américains Bill Gates et Warren Buffett, qui suivent en seconde et troisième position.
En poursuivant l’analyse de ce dossier, on constate un véritable raz de marée des fortunes asiatiques et un net retour des fortunes russes. 97 nouveaux milliardaires ont fait leur entrée. 62 nouvelles fortunes viennent d’Asie. Cette déferlante est en partie due au boom des matières premières dont les sous-sols de ces pays sont si riches.
Au total, la Chine reste leader en Asie avec 64 milliardaires, suivie par l’Inde (49), Taiwan (18) et la Corée du Sud (11). Les Etats-Unis restent toujours en tête bien sûr avec 403 (!) milliardaires, mais peu à peu, leur avance est grignotée par ces nouveaux pays. Ils ne représentent plus que 40% du classement, contre 44% l’an passé, et leur valeur combinée égale seulement 38% du total, contre 40% l’an passé, constate Steve Forbes.
En deux mots : les milliardaires occidentaux s’appauvrissent (les pauvres !) quand les nouveaux milliardaires s’enrichissent.
Ensuite, j’ai remarqué un pays dont on parle peu finalement, qui a plus que doublé son nombre de nouveaux milliardaires : 28 cette année contre seulement 12 en 2009. A la frontière de l’Europe et de l’Asie, ce pays progresse de manière redoutable, avec une croissance des plus vigoureuses.
Il s’agit de la Turquie. Et c’est aujourd’hui ce pays qui nous intéresse car c’est justement lui qui a permis (entre autres) à quelques milliardaires appauvris par la crise de redorer leur fortune.
▪ La Turquie compte parmi les meilleures performances mondiales
La Turquie, aux portes de l’Europe, fait une entrée fracassante dans ce club fermé des milliardaires. Etrangement, elle fait pourtant toujours partie de ces pays méconnus en dehors du tourisme, alors qu’elle occupe un positionnement stratégique entre l’Europe et le Moyen-Orient et constitue une porte sur l’Asie.
Sur la cartographie mondiale des fonds actions, les trois plus performants depuis le début de l’année tiennent dans un mouchoir : les fonds actions russes, brésiliens et… les fonds turcs. D’après le journal anglais The Economist, la Bourse turque est la seconde place financière la plus performante du monde après l’Argentine et devant le Brésil. Les actions turques ont quasi doublé en moyenne.
Le potentiel de croissance n’est qu’à peine entamé : tout reste à faire ; la Turquie doit sa forte croissance à la réappréciation de la livre turque face au dollar et à une nette amélioration de la situation économique du pays. En plus, la Bourse a un peu consolidé car les capitaux sont allés s’investir sur les marchés qui bénéficient du Quantitative Easing v2. Il faut donc mettre à profit ce timing pour se positionner sur l’Odyssée turque.
Si je vous ai parlé de ces milliardaires aujourd’hui, c’est qu’ils sont évidemment symboliques de la situation de leur pays, ou du moins des grandes tendances qui draineront l’argent dans les années à venir. Nous verrons demain un exemple précis de ce qu’est un entrepreneur milliardaire en Turquie. Vous comprendrez alors pourquoi je suis si enthousiaste sur le potentiel de ce pays.