▪ Le 2 avril 1997, votre chroniqueur, rongé par le trac, prenait la parole durant une conférence sur l’investissement à New York, où il présentait ses arguments en faveur de l’achat d’actions indiennes. Dans un discours de 40 minutes intitulé "Intel vs l’Inde — en quête de valeur", votre correspondant a affirmé que les actions indiennes étaient malheureusement sous-évaluées… du moins par rapport à ces "chères" valeurs technologiques telles qu’Intel.
Le public d’investisseurs professionnels semblait plus amusé par l’idée que réellement intéressé. Après tout, pendant les trois années précédentes, les actions Intel avaient quadruplé, tandis que l’India Fund avait chuté de plus de 40%. Il ne faisait pas grand doute que l’avenir à court terme ressemblerait aux années passées. Intel était un enfant prodige ; l’Inde était un cas désespéré. Fin de la discussion.
Malgré le scepticisme palpable dans la salle de conférences, votre chroniqueur a tenu bon. Après avoir émis quelques comparaisons d’un goût douteux entre Intel et l’Inde — "l’un fait des D-RAM(1); l’autre des ashrams" — nous avons proposé une série de comparaisons plus conséquentes.
Pour commencer, nous avons noté que "l’un est très cher et largement apprécié ; l’autre est bon marché et totalement ignoré". Nous avons ensuite identifié les facteurs haussiers clé pour les actions indiennes et prédit que "l’investisseur à long terme [allait] gagner beaucoup plus en vendant des actions technologiques populaires et en achetant des actions indiennes mal aimées".
▪ Au cours des quatre années qui suivirent, cependant, ce cher Intel a largement distancié l’India Fund. Les bénéfices lents et stables du fonds indien ne tenaient pas la route face à la folie des actions technologiques de la fin des années 1990. En janvier 2000, tous les investisseurs voulaient des actions Intel, Cisco et theStreet.com. Pendant cette folie technologique, peu d’investisseurs ont pris la peine de s’intéresser aux actions cotées à la bourse de New York, et encore moins à celles de la bourse de Bombay. Dommage.
Au fil des treize années durant lesquelles votre chroniqueur a osé vanter les actions indiennes en public, l’India Fund a livré un bénéfice époustouflant de près de 800%, comparé à un bénéfice de seulement 44% pour Intel. En d’autres termes, l’India Fund a livré un rendement annualisé de 18% sur les treize dernières années, comparé aux piètres 3% de rendement annualisé d’Intel.
Les résultats comparatifs sont encore plus disproportionnés quand on les mesure en partant de la fin de la bulle technologique il y a dix ans. Depuis, l’India Fund a presque quadruplé, tandis qu’Intel a perdu plus de 60%.
Aujourd’hui, les actions indiennes ne sont plus "bon marché et totalement ignorées". A 18 fois les bénéfices, le portefeuille de l’India Fund n’est plus aussi intéressant et bon marché qu’il était en 1997, quand il se vendait pour moins de sept fois les bénéfices. Néanmoins, l’Inde reste une destination très attractive pour le capital d’investissement.
(1) Module mémoire informatique