Vous trouvez que l’inflation est déjà bien désagréable ? Ce n’est pourtant rien par rapport à ce qui nous attend – rappelez-vous l’Allemagne après la Première guerre mondiale…
Récemment, l’auteur Sammy Cartagena a écrit un article brillant démontrant qu’une inflation de 2% par an est en fait bien pire que ce que vous pensez. Dans cet article, il démontre que le taux d’inflation à première vue raisonnable de 2% par an auquel nous nous sommes habitués a des conséquences beaucoup plus délétères que ce que nous pensons généralement.
Il indique également que « plus de 23% de l’ensemble des dollars en circulation ont été créés au cours de l’année 2020 ». A partir de ce constat, il explique que bien que les perspectives d’inflation future constituent un sujet important, il préfère se focaliser dans son article sur l’inflation constatée historiquement.
C’est là que nos deux articles divergent, car je souhaite ici m’intéresser à la question de l’inflation future.
Tout le monde a pu clairement constater une poussée de l’inflation au cours de l’année écoulée, que ce soit au travers de l’augmentation des prix de vente ou par des signes plus subtils.
Cependant, lorsqu’on considère les programmes de dépenses massifs qui ont été votés et le fait que plus de 23% de l’ensemble des dollars en circulation ont été émis récemment, beaucoup se demandent pourquoi nous n’avons pas observé une accélération proportionnelle et plus brutale de l’inflation ?
Des anticipations à surveiller de près
L’anticipation par le grand public d’un retour prochain à la normale constitue l’élément clé qui a permis jusqu’à présent d’éviter une accélération encore plus forte de l’inflation que ce que nous avons observé.
Les mécanismes économiques sont extrêmement complexes et d’innombrables facteurs entrent en jeu, je ne peux donc pas affirmer qu’il s’agit de la seule raison. Cependant, dans son ouvrage The Mystery of Banking, Murray Rothbard va jusqu’à affirmer que « les anticipations du grand public quant au niveau futur des prix » sont de loin le facteur le plus important en ce qui concerne le niveau de la demande de monnaie.
Rothbard cite ensuite son mentor, Ludwig von Mises, pour expliquer à quel point le rôle des anticipations a été important dans l’émergence de l’hyperinflation en Allemagne en 1923 :
« L’hyperinflation a débuté en Allemagne au cours de la Première guerre mondiale, lorsque les Allemands, comme la plupart des nations belligérantes, ont décidé de financer l’effort de guerre par la planche à billets. Ils ont donc été obligés d’abandonner l’étalon-or, rendant les billets de banque inconvertibles. La masse monétaire en circulation dans les nations belligérantes a rapidement doublé ou même triplé.
Mais au cours de cette période, que Mises décrivait comme étant la première phase d’un cycle inflationniste typique, la hausse des prix était encore loin d’être proportionnelle à l’augmentation de la masse monétaire.
Si la masse monétaire triple dans un pays, pourquoi la hausse des prix ne serait-elle pas aussi importante ? En raison de la psychologie du consommateur allemand moyen, qui en son for intérieur pensait : ‘je sais que les prix sont aujourd’hui beaucoup plus haut qu’ils ne l’étaient au bon vieux temps, avant 1914. Mais c’est à cause de la guerre et de la pénurie de denrées qui en résulte étant donné que les ressources sont absorbées par l’effort de guerre. Quand ce conflit prendra fin, les choses reviendront à la normale et les prix redescendront à leur niveau antérieur’. »
En d’autres termes, la population allemande anticipait au départ qu’une baisse des prix se produirait dans le futur.
Ce n’est pas ce qu’il s’est passé, comme nous le verrons demain…
Article traduit avec l’autorisation du Mises Institute. Original en anglais ici