Des semi-conducteurs au chlore pour les piscines en passant par les céréales du petit-déjeuner, les prix augmentent. Certains ne s’en soucient guère… mais pour la majorité des épargnants, cela va faire mal.
La semaine dernière est parue une brève d’apparence anodine, peu reprise par les grands médias financiers :
« Le groupe TSMC va augmenter le prix de ses semi-conducteurs les plus avancés de 10%, et les puces de milieu de gamme (‘moins avancées’) d’environ 20%. »
TSMC (Taïwan Semiconductors Manufacturing Company) est le n°1 mondial de l’impression de puces hautes performances. C’est notamment le principal fournisseur d’Apple, Qualcomm et Nvidia, avec des gravures de 16 à 7 nanomètres (un milliardième de mètre) d’épaisseur.
La prochaine génération de puces les plus avancées impliquera des impressions de 5 nm, contre 110 nm pour les produits les plus performants en 2000.
Pourquoi les produits de « milieu de gamme » augmentent-ils plus fortement ?
Parce que le cœur de la production est focalisé sur le segment 16 à 7 nm – constitué des composants pour smartphones, notamment – et les anciennes unités imprimant un standard à 110/150 nm n’ont pas été redéployées depuis 2004 (dernière usine construite pour une gravure de cette catégorie).
Un marché ultra-tendu
TSMC détenait en 2020 environ 51% de parts de marché, suivi par le californien GlobalFoundries, basé à Sunnyvale (avec 10% de parts de marchés) puis UMC, autre géant taïwanais, avec 8% de parts de marché, à égalité avec Samsung, et enfin le chinois SMIC avec 5%.
Autrement ces cinq fondeurs détiennent plus de 81% de parts de marchés, dont plus de 61% pour les manufacturiers taïwanais, en rajoutant Powerchip qui détient environ 2,5% du marché.
Que va-t-il advenir du coût des smartphones, des objets connectés, des véhicules électriques bourrés de composants (pas à 7 nm, les microcontrôleurs, c’est plutôt du 150 et plus, voire 450… donc ceux qui vont prendre +20%) ?
Quel pourcentage de surcoût les assembleurs (fabricants de matériel électronique, les hébergeurs du cloud, les constructeurs automobiles) vont-ils pouvoir répercuter auprès de leur clientèle ?
Tout le monde n’est pas logé à la même enseigne
Les personnels très privilégiés du monde de la finance ne se font aucun souci : ils sont prêts à payer 10% plus cher leur Tesla, leur smartphone dernier cri ou leur frigo connecté (avec cyber-barman intégré capable de confectionner un mojito/glace pilée en 15 secondes).
En revanche, le citoyen qui ne fait pas partie des 10% les plus aisés, et à plus forte raison des 0,1% les plus riches, va commencer à ressentir fortement la morsure de l’inflation.
Oui, la morsure de l’inflation est de plus en plus présente, à tous les niveaux : le prix des pâtes et des céréales pour le petit déjeuner va flamber à cause d’une pénurie de blé, celui de l’essence et du gazole a bondi de 60% aux Etats-Unis en un an (de 20% en Europe, où deux tiers du prix d’un litre, ce sont les taxes).
Le coût des produits de traitement à base de chlore des piscines explose (pénurie dans une vingtaine d’Etats américain, à commencer par la Californie… où l’eau commence également à manquer).
Le prix des maisons de luxe et autres manors prend plus de 30% dans les Hamptons en un an… et parfois même 20% dans la journée.
Sans parler de ces biens d’exception pour traders fortunés, acheter un simple logement, fut-il modeste, sans vue sur mer, sur le fleuve ou la piscine, devient également inabordable pour la plupart des Américains de la classe moyenne.
Cela a des conséquences profondes, comme nous le verrons demain.