Les bénéfices sont en baisse, les revenus diminuent et le logement est en crise… que doit faire un dirigeant de la Fed ?
Voici des nouvelles du début de la semaine provenant de Bloomberg :
« Walmart s’enfonce du fait de variations de stocks et de consommateurs parcimonieux affectant ses perspectives.
Walmart a de nouveau réduit ses perspectives de bénéfices dans un avertissement surprise quelques semaines avant la publication de ses résultats, faisant chuter les actions du détaillant et soulevant de nouvelles questions sur la capacité des consommateurs américains à maintenir leurs habitudes de dépenses voraces avec une inflation au plus haut depuis quatre décennies.
Le bénéfice ajusté par action chutera de 13% au cours de l’exercice fiscal actuel, car les consommateurs américains délaissent les articles coûteux et se concentrent sur les produits d’épicerie moins rentables en raison de la flambée des prix à la consommation, a annoncé Walmart dans un communiqué lundi. Il y a deux mois, le plus grand détaillant du monde avait déclaré que le bénéfice par action ne baisserait que d’environ 1%. En février, la société avait prévu une modeste augmentation. »
Walmart est le magasin où les ménages ordinaires achètent leurs produits. Mais ils n’achètent plus autant qu’avant. Parce que les mesures de stimulation ont cessé… le refinancement n’est plus un moyen facile d’obtenir plus d’argent… et les salaires n’augmentent pas aussi vite que les prix à la consommation.
L’autre jambe
Nous avons déjà examiné l’une des deux jambes qui soutiennent les finances des familles américaines : les maisons. Les propriétaires ne peuvent plus compter sur le « retrait de fonds propres », car il n’y aura plus de fonds propres excédentaires à retirer. Ils ne peuvent pas non plus se refinancer à des taux hypothécaires plus bas, car les taux hypothécaires augmentent. Déjà, les demandes de refinancement ont chuté de 80% et les projets de nouvelles maisons sont annulés. Bientôt, les prix des logements devraient également baisser.
Mais aujourd’hui, nous examinons de plus près l’autre jambe – les revenus. En bref, les revenus réels sont en baisse… et ils ne peuvent pas remonter.
En ce moment, les salaires augmenteraient à un taux annuel de 5%. Les prix augmentent à un taux de 9%. Il reste donc un écart de 4%, ce qui correspond au taux de chute des revenus réels.
Les travailleurs vont, bien sûr, faire pression sur les employeurs pour qu’ils augmentent les salaires afin de suivre l’inflation. Mais (grâce à des années de malinvestissement induit par la Fed), la productivité est en baisse… donc la seule façon pour les employeurs de payer plus est de répercuter les coûts sur les consommateurs – ce qui fait encore grimper les prix.
C’est la « spirale prix-salaire » qui trouble le sommeil des banquiers centraux. Les salaires augmentent pour empêcher les travailleurs de perdre du terrain. Ensuite, les coûts supplémentaires du travail font grimper les prix. La hausse des prix incite les travailleurs à réclamer des salaires plus élevés.
Les salaires ont tendance à être « rigides », disent les économistes. Une fois qu’une augmentation est accordée, il est difficile de la retirer. Ainsi, les augmentations de prix liées aux salaires s’amplifient sans qu’il soit facile de les faire baisser.
Des kibitzers véhéments
Alors, la pression monte. La Fed doit « faire quelque chose », disent les kibitzers.
Mais quoi ?
Lundi dernier, la sénatrice Elizabeth Warren a fait un commentaire typiquement déconnecté, comme l’explique le Washington Examiner :
« La sénatrice Elizabeth Warren s’en est pris au président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, l’accusant de menacer de saper l’économie par ses efforts pour juguler l’inflation en relevant les taux directeurs.
Dans une tribune publiée dans le Wall Street Journal, Mme Warren, l’une des plus farouches opposantes à M. Powell, s’est énervée contre la politique monétaire de plus en plus belliqueuse de la Réserve fédérale. Elle a souligné que l’économie connaît un marché du travail robuste depuis environ un an et a déclaré que les hausses de taux agressives de la banque centrale pourraient déclencher une ‘récession dévastatrice.’ »
Oh oh.
La Fed s’approche de sa « décision du siècle ». C’est la décision la plus importante jamais prise par un banquier central… une décision qui façonnera nos investissements, notre économie et même notre gouvernement, durant les décennies à venir.
Récemment, des journaux ont mis l’accent sur ce défi. L’un a déclaré qu’il mettrait à l’épreuve « les compétences de Jerome Powell » en tant que banquier central. Un autre a noté qu’éviter une récession « exigera une gestion prudente » de la part de la Fed.
Le choix critique
Mais tout cela n’a aucun sens. La Fed n’a aucune compétence. Elle ne gère rien. Elle se contente de choisir entre l’inflation… ou pas d’inflation.
Et maintenant, elle est confrontée au choix crucial : l’inflation ou la mort.
Une économie basée sur une offre croissante de crédit (taux d’intérêt de plus en plus bas) ne peut survivre que tant que le crédit continue d’arriver. Lorsque les taux d’intérêt augmentent et que le crédit se resserre, elle meurt.
Mme Warren porte déjà du noir. Elle se plaint parce que la Fed resserre le crédit. Et elle a raison : cela a probablement déjà mis l’économie en récession. C’est pourquoi les consommateurs se retirent des magasins Walmart. C’est pourquoi les actions et les obligations sont en baisse dans le monde entier – avec une perte totale de (fausse) richesse de 35 000 Mds$. Et c’est pourquoi la partie la plus volatile du marché – les cryptos, les NFT, les technologies qui font perdre de l’argent – est devenue plate.
Mais il n’y a pas d’astuces ou de compétences que la Fed peut utiliser pour ramener le bon vieux temps. L’inflation n’est plus un risque, c’est un fait. Et la Fed n’a que deux choix. L’inflation ou la mort.
La Fed juge désormais que le risque d’inflation est supérieur au risque d’effondrement de l’économie. Elle a décidé de protéger l’économie américaine de l’inflation… et reste fidèle à son objectif.