** L’impression de démobilisation des investisseurs se confirme : les indices boursiers ne se maintiennent à proximité des sommets annuels que par la grâce des rotations sectorielles dans les portefeuilles. Ces dernières ont notamment eu lieu au profit des laboratoires pharmaceutiques en fin de semaine alors que la pandémie grippale a conduit l’OMS à relever son niveau d’alerte sanitaire au niveau 6. Un niveau qui implique des mesures contraignantes pouvant impacter l’activité économique des pays qui appliqueraient l’ensemble du dispositif de lutte contre les épidémies.
Les marchés avaient complètement perdu de vue cette problématique, estimant que le risque mortel était faible pour les populations des pays développés. La France a décidé d’en rester au niveau d’alerte numéro 5 — mais à la Bourse de Paris par exemple, c’est le titre Sperian Protection qui s’est distingué avec un gain hebdomadaire de 10%.
Sperian était même devancé au sein du SBF 120 par une autre "pharma", puisque Nicox a bondi de 12%.
Sans aucun rapport avec le virus H1N1 mais avec l’appui d’une recommandation d’achat de Bank of America, le titre Valéo s’est envolé de 15,5% la semaine dernière. C’est cependant l’exception qui confirme la règle puisqu’il ne semble plus y avoir de thématique économique porteuse à la lumière des chiffres disséqués dans les paragraphes suivants.
** De manière assez emblématique, le CAC 40 a terminé la semaine boursière au contact des 3 330 points (par trois fois en cinq séances) sur un score des plus étriqués (-0,25%). Les volumes d’échanges se sont contractés consécutivement au fil des trois dernières séances — avec un piètre score de 2,27 milliards d’euros contre 2,3 milliards la veille et 2,5 milliards d’euros le 9 juin dernier.
Paris s’est effrité de 0,4% sur l’ensemble de la semaine. Depuis les 7 et 8 mai derniers — l’indice de référence avait alors culminé à 3 350 points — le CAC 40 apparaît en panne de vélocité haussière. L’activité a baissé de 20% dans l’intervalle — et de 33% en huit semaines.
L’Euro Stoxx 50 s’est replié de 0,5% ce vendredi mais il sauvegarde une avance hebdomadaire de 0,25%. Cela lui permet d’aligner une quatrième semaine de hausse consécutive et de préserver la moyenne mobile à 15 séances (MM15) qui sert de support depuis le 12 mars dernier.
Le CAC 40 s’appuie sur la même MM15 mais il a enfoncé la base de son canal ascendant moyen terme inauguré le 9 mars dernier. La contraction des volumes tandis que la valeur de l’indice progresse demeure un paradoxe évident, surtout lorsque de nombreux opérateurs affirment se désengager du secteur obligataire et font étalage de leur optimisme concernant une reprise avant la fin de l’année 2009.
** Les chiffres économiques publiés vendredi dernier étaient de nature à tempérer l’euphorie qui a propulsé le CAC 40 par deux fois en une semaine vers les 3 400 points. Le déficit budgétaire français a pratiquement doublé en un an (à 72 milliards d’euros) alors que le recul de 0,3% de l’inflation alimente le scénario d’une déflation — ce qui est la pire équation pour un pays endetté.
La hausse des prix de l’énergie devrait cependant compenser le tassement des tarifs dans les secteurs des services et des biens de consommation.
La flambée de 8,3% du prix moyen du baril au mois de mai aux Etats-Unis entraîne une hausse des prix des biens importés de 1,3% — et 0,2% hors énergie –, d’après les statistiques du département du Travail US.
Petite déception en revanche sur le front de la confiance des consommateurs américains. Le baromètre mensuel de l’université du Michigan progresse marginalement à 69,0 (contre 68,7 en mai) alors que le consensus des économistes tablait sur une hausse jusque vers 69,5.
Le chiffre global reste le meilleur observé depuis septembre 2008 ; cependant, le sous-indice des anticipations — qui avait "boosté" de 14 points le score de l’enquête début mai — a reculé de quatre points, à 65,4 contre 69,4 en mai, alors que le marché espérait une nouvelle progression, jusque vers 71 ou 72 points.
Wall Street affichait sa morosité à la mi-séance ce vendredi puisque le S&P abandonnait 0,65% et le Nasdaq 1,35%. Le Dow Jones limitait son repli à 0,25% grâce à l’envolée de Merck (+3%) et Pfizer (+2,1%, pandémie grippale oblige).
Si le Dow affiche une quasi-stabilité hebdomadaire, le Nasdaq Composite cède en revanche 0,65% à 1 835 points.
** A Paris tout comme à Wall Street, le secteur pharmaceutique a été très entouré. Le laboratoire Sanofi-Aventis a progressé de 3% suite à l’annonce de l’OMS mentionnée en début de Chronique.
A Zurich — qui gagne 0,7% à contre courant de la tendance en Europe –, Novartis a bondi de près de 5%. Le laboratoire helvétique a fait part de la mise au point du premier vaccin contre la grippe A (H1N1), " des semaines en avances par rapport au calendrier ".
La menace virale oubliée depuis la mi-mai donne quelques sueurs froides au marché… mais nous ne cessons de souligner que les marchés financiers ne pouvaient apparaître éternellement vaccinés contre les mauvaises nouvelles.
Philippe Béchade,
Paris