Alors que les marchés paniquent, que les stars de la tech vacillent et que l’or tutoie des sommets historiques, notre indicateur maison signale un tournant. Faut-il revenir sur les actions ?
L’Irlande nous a permis de nous reposer… c’est un refuge paisible… et un endroit confortable pour poser nos valises quelques semaines.
« Tranquilo ? », m’a demandé un ami argentin.
« Oui… muy tranquilo. »
Les champs sont verts. Le bétail est gras. Les fleurs de printemps s’épanouissent. Et la circulation est paisible.
« Je pense que le plus important, c’est que nous ne sommes en conflit avec personne. On ne ressent pas la même tension qu’aux Etats-Unis », nous a dit une de nos voisines à Cork.
Elle n’avait pas tort.
L’empire américain a toujours besoin d’ennemis – étrangers et nationaux. Sans eux, à quoi bon la politique à couteaux tirés ? Plus besoin non plus d’un budget militaire de 1 000 Mds$. Ni de tarifs douaniers. Ni de ces représailles contre les pays qui les « arnaquent ». Ni, enfin, de 17 agences de renseignement différentes.
Mais après un court séjour en Irlande, nous avons mis le cap sur Buenos Aires, pour rendre visite à notre fille.
Dans nos jeunes années – plus expansives et plus téméraires – nous avions massivement investi dans des terres agricoles argentines. Ce n’était pas cher !
Mais une ferme, ce n’est pas une action. Elle doit être gérée. C’est une entreprise, pas un simple investissement.
« C’est l’œil du propriétaire qui engraisse le bétail », disent les Argentins. Mais qui allait garder un œil sur ces animaux ?
Heureusement, notre gendre s’est découvert une passion pour l’agriculture. Lui et notre fille travaillent sur la ferme depuis près de 2 ans.
Comment cela se passe-t-il ? Nous sommes venus en Amérique du Sud pour le savoir.
Pendant ce temps… CNBC rapporte :
« Le Dow Jones chute de plus de 950 points alors que Trump s’en prend au président de la Fed, M. Powell… »
Cryptopolitan ajoute :
« Les pertes ont été provoquées par la chute des soi-disant ‘Sept Magnifiques’ de la tech – en particulier Nvidia, qui a dégringolé de 5 %, et Tesla, en recul de 7 % au moment de la mise sous presse. Amazon a perdu 4 %, tandis que Meta Platforms et Advanced Micro Devices ont cédé 3 % chacun. Même Caterpillar, le géant de l’équipement, a reculé de 3 %.
Les marchés ont atteint leurs niveaux les plus bas de la séance juste après la déclaration de M. Trump. Le dollar a également été touché, tombant à son plus bas niveau depuis 3 ans. En revanche, l’or a dépassé les 3 400 $ l’once, établissant un nouveau record. La panique était évidente aux quatre coins de Wall Street. »
L’or s’est envolé. Il a augmenté de 30 % depuis le début de l’année. Il faut remonter à 1979 pour retrouver un début d’année comparable. A la fin de l’année 1979, l’or avait gagné plus de 120 %.
Cette énorme hausse a été suivie d’un grand « aïe ».
« L’or va atteindre 5 000 dollars l’once », a prédit Howard Ruff lors de la conférence d’investissement de La Nouvelle-Orléans en 1979. Il avait raison. Mais il avait au moins 46 ans d’avance !
Alors que les investisseurs étaient persuadés que l’or allait grimper jusqu’à la Lune, il a atteint un sommet en 1980… puis il a chuté pendant les vingt années suivantes.
Fait inquiétant : corrigé de l’inflation, le prix de l’or a de nouveau atteint un niveau record – encore plus élevé qu’en 1980.
Le prix de l’or corrigé de l’inflation en 1980 était de 3 486,11 $, selon TheChartStore.com.
Aïe.
L’or pourrait-il entrer dans un nouveau long marché baissier ? Bien sûr que oui. Et il le fera. Mais c’est là tout l’intérêt de notre indicateur Dow/Or : il reconnaît que les actions, comme l’or, montent… et redescendent. Il vise à nous orienter vers celui des deux qui est le plus malmené, le plus délaissé, et que tout le monde considère comme « sans espoir ». C’est alors que nous achetons… que nous restons tranquilles… et que nous attendons que le monde tourne.
Après 1980, les saisons ont changé. Les actions, que BusinessWeek avait déclarées mortes en août 1979 dans un article de couverture intitulé « La mort des actions », ont repris vie… et se sont envolées jusqu’en janvier 2000. Puis, ce fut à nouveau le tour de l’or.
Au cours des vingt dernières années, l’ETF aurifère GLD a surperformé l’ETF du S&P 500, SPY, avec un gain de 622 % contre 571 %.
Des hausses… des baisses… puis des hausses à nouveau.
Et aujourd’hui, l’or a tellement progressé – pendant que le marché boursier reculait – que notre indicateur Dow/Or a été divisé par deux depuis 2018… passant de 16 il y a quelques semaines à 11 aujourd’hui. Il ne reste plus que 6 points avant d’atteindre notre seuil critique de retournement, fixé à 5.
C’est à ce moment-là que nous renverserons entièrement notre stratégie défensive… et que nous nous repositionnerons massivement sur les actions.
Rien que d’y penser, cela nous inquiète. L’or a été bon pour nous. « Tranquilo ». Le monde des actions, en revanche, paraît dangereux, imprévisible, et peu productif. Et surtout, les cours boursiers restent toujours gonflés à l’extrême par la fausse monnaie.
Voici quelque chose d’intéressant. Il y a quelques mois à peine – à la clôture de l’année 2024 – les actions américaines étaient considérées comme le nec plus ultra de l’investissement. Sur la base de leurs ratios CAPE, les actions américaines se négociaient à des prix 86 % plus élevés que ceux de l’Europe.
Mais l’arrivée de l’équipe Trump a mis à mal les actions américaines. Depuis le début de l’année, les actions américaines affichent les pires performances de toutes les grandes nations, soit 15 % de moins que la moyenne mondiale et 23 % de moins que la zone euro. Et le dollar américain est lui aussi mis à mal.
Il n’est pas surprenant que les actions les plus malmenées soient celles qui étaient les plus prisées. Nvidia a perdu 24 %. Tesla a perdu 40 %. Amazon a chuté de 21 %. Et ainsi de suite…
Le problème, c’est qu’il reste encore beaucoup à faire. Même avec leurs bleus et leurs égratignures, les « Sept Magnifiques » tiennent toujours debout… et restent toujours aussi chers. Apple et Amazon se paient 31 fois leurs bénéfices. Nvidia est à 35. Et Tesla s’échange à 118 fois ses profits.
Selon la logique de notre stratégie Dow/Or, lorsque le ratio tombe à 5, les actions devraient être devenues bon marché… avec un risque limité de nouvelles baisses. Mais si l’or grimpe trop haut, trop vite… nous pourrions atteindre notre seuil d’achat – 5 onces d’or pour les 30 actions du Dow Jones – alors que les actions n’ont peut-être pas encore fini de baisser.
Que faire dans ce cas ? Si nous achetons des actions, nous risquons de connaître une correction. Mais si nous restons à l’écart des actions, nous risquons aussi de connaître une baisse de l’or.
Alors, que doit-on faire ? Nous allons nous en tenir à notre plan. Tranquilo.
3 commentaires
Bijoutier en retraite actuellement, je vous donne mon point de vue sur le sujet. Ma carrière débute en 1969 ,à ce moment là un lingot de 1kg valait 900 euros ou 5000frs de l’époque. Soit 100 fois moins
Vous pouvez vérifier
Je vous laisse méditer
Amicalement
Un dernier article soutenait, à juste titre, que l’or était devenait monnaie de réserve, alternative au dollar, pour le moment. Le dollar perd -un peu- de son attractivité. Le trend de l’or est en phase ascendante, donc l’or pourrait ne pas être assez cher, surtout dans l’hypothèse d’une « nouvel étalon or ». Dans cette hypothèse, de nouvelles hausses pourraient survenir, avec, peut être, un retour au bi (ou tri) métallisme. Trump ne veut plus de « mondialisme », à juste titre, pour l’Occident, une pause des échanges mondiaux est probable, mais non un crise économique vu le progrès technique. Comme vous dites « tranquilo » pour ceux qui possèdent des métaux précieux, ce que recommandait fortement vos publications. Merci…..pour le moment.
Votre analyse historique ne prend pas en compte la différence de considération – récente – du Dollar US comme monnaie fiable. Car alors qu’au cours des 4, voire 5, dernières décennies du siècle dernier le Dollar US était 1°) incontournable (politiquement et militairement) 2°) la seule monnaie refuge à chaque grand mouvements sur l’une ou l’autre des classes d’actifs sur les marchés financiers, aujourd’hui justement sur ces deux points le Dollar US est 1°) contournable par d’autres monnaies (dont les cryptos) même si la plupart des acteurs n’ont pas encore pris la mesure de ce phénomène, 2°) ces autres monnaies existent et deviennent de jour en jour de plus en plus crédibles notamment par leurs assises sur les métaux précieux.
Pour étayer ma réponse, il ne vous a pas échappé que la plupart des dirigeants, même avant les accords de Bretton Wood, qui avaient tenté de ne pas utiliser le Dollar US pour vendre sans passer par le Dollar US (essentiellement du pétrole) avaient eu quelques ennuis…
Il ne vous échappe pas que les Russes, les Chinois, et d’autres pays (dont le nombre augmente bien régulièrement) ne se soucient plus trop du mécontentement américain que cela suscite. L’un des effets de l’incapacité de l’armée américaine (via l’OTAN) à punir la Russie de son action militaire en Ukraine, est de montrer au yeux du monde entier que l’armée américaine n’est plus ce qu’elle était. La faiblesse du Dollar US n’en est que plus visible.
Il ne vous a pas échappé que le sur-endettement américain n’est pas viable, plus viable (il ne l’a jamais été) et que la cure de désintoxication que l’Amérique et les américains vont subir va leur occasionner des souffrances économiques et sociales colossales. Incapable de financer son train de vie, comment l’Amérique pourra-t-elle continuer à détenir la 1ère armée du monde et simultanément résoudre son déficit et éviter l’implosion sociale qui se fait déjà jour ?
Comment garder au Dollar US son statut de monnaie obligatoire ?
Par conséquent, il semble incontournable que l’analyse du ratio DJIA30/Or n’est plus du tout dans le même cadre qu’auparavant.
De plus, la fausseté d’une monnaie dette (et donc de la plupart des « grandes monnaies ») rend caduque l’analyse classique (telle que la finance (dite) moderne (de Benjamin Graham, au quintet Fama-French / Modigliani-Merton-Miller sans oublier Harry Markowitz) l’a fait croire à de nombreux gérants d’actifs, de portefeuilles et d’OPCVM de toutes sortes. Tant que la monnaie refuge, donc le Dollar US, « tenait », tout le monde croyait en ces modèles, mais le dévissage de ce dernier va obliger à ouvrir les yeux, le « fonda » nécessite pour lire correctement ses modèles que l’instrument de mesure, c’est-à-dire la monnaie, ne soit pas élastique. Or les monnaies dettes sont par construction politique élastiques. Tant que l’élastique n’est pas trop sollicité, ça passe (parfois difficilement mais ça passe), mais à trop tirer sur l’élastique… je vous laisse conclure.
L’Or n’est pas élastique (sauf à le fondre…). L’Argent est peu élastique (un poil plus car usages industriels nombreux). Les cryptos bien construites (combien au fait) sont justement plébiscitées quand elles ne sont pas « élastiques ». Et pour continuer sur les analogies faciles, je dirais que le FED comme prêteur en dernier ressort, c’est un ressort qui risque bien, bientôt, de ne plus rien amortir.
S’il y a bien un nouveau monde qui se profile, c’est un monde économique où les relations économiques « confiantes » se fonderont sur des monnaies qui ne seront pas des fausses monnaies. Pourquoi la BOC (Banque of China) achète à ce point de l’Or physique ? Et que dire des quantités considérables de Métaux précieux que détient (extraites ou non) la Fédération de Russie !
Les anciens ratios, dont celui que vous mettez en exergue, risquent fort de devenir inutilisables.
La lecture même du DJIA30 est depuis longtemps plus représentative du marché US (à tout le moins prenez le S&P 1500…).
Voilà pourquoi, de plus en plus nombreux sont ceux qui retiennent le scénario d’une Once d’Or (OzT) au-delà des 10.000 USD.
Et, pour paraphraser Alain PEYREFITTE, quand l’Argent se réveillera c’est que le monde aura tremblé (car alors le ration Gold/Silver sera retombé en dessous de la zone 30-35, faite le calcul).