▪ La semaine dernière, on aurait dit que l’enfer avait ouvert ses portes. Une situation à la "chacun pour soi". On vérifiait son compte en banque et ses appels de marge. On comptait ses pièces d’or et on vérifiait son placard à alcools. On se demandait se qui se passerait ensuite…
Les marchés ont chuté et l’or s’est effondré.
Qu’est-ce que ça nous dit ? C’est un avertissement flagrant : M. Bernanke perd le contrôle. Il souhaite désespérément de l’inflation. A la place, il a de la déflation. Il veut des taux d’intérêt bas… et les taux grimpent.
Surtout, il est confronté à la pire sorte de déflation — une augmentation paresseuse des prix sur fond de hausse des taux. Les prix à la consommation grimpent au rythme le plus lent de ces 53 dernières années. Comme le dit le président de PIMCO, Bill Gross, il semblerait que le long marché haussier des obligations, entamé il y a 30 ans, est enfin terminé. Les rendements grimpent. Les coûts d’emprunt du gouvernement grimpent.
C’est exactement le contraire de ce que veut la Fed… et de ce dont elle a besoin. Sa stratégie consiste à maintenir les taux bas tout en encourageant la hausse des prix des actifs et des prix à la consommation. Cela permettrait une croissance progressive du PIB pendant que la valeur réelle de la dette serait érodée par l’inflation. Ensuite, la Fed aurait pu réduire progressivement son utilisation du QE et des taux bas.
Au lieu de ça, la dette se fait plus lourde à mesure que les rendements grimpent… Les dos souffrent, les jambes flageolent, les nerfs craquent.
▪ La tendance baissière se renforce
Le vétéran Richard Russell commente :
"Bernanke a finalement réalisé que la Fed a perdu sa bataille contre la tendance primaire. La Fed et l’économie sont désormais à la merci de la tendance baissière primaire qui se renforce. La déflation, que la Fed a frénétiquement tenté d’empêcher, prend désormais le contrôle. La Fed voudrait sortir du champ de bataille mais n’y parvient pas. La seule pensée de voir la Fed abandonner la guerre contre la déflation terrifie les marchés actions et obligations. Il y a des années, Ben Bernanke a clairement déclaré qu’il ne permettrait jamais au grand jamais que les Etats-Unis subissent une déflation — même s’il devait larguer de l’argent par hélicoptère pour y parvenir. Sauf qu’à présent, la déflation est bel et bien là. Et Bernanke, l’universitaire qui n’a jamais compris les marchés, est paralysé par la confusion, la consternation et la crainte".
"Pour l’instant, tout le monde a cherché refuge dans les bons du Trésor US. Mais cette méthode ne fonctionne plus (les obligations chutent). La prochaine sortie de secours, c’est la ruée vers le cash. Les liquidités aujourd’hui ne sont jamais que des billets intangibles de la Réserve fédérale, c’est-à-dire de la monnaie fiduciaire — soit, en réalité, des déchets financiers intangibles. La dernière — et ultime — solution sera l’or"…
Partout dans le monde, les autorités tentent de verrouiller les sorties et barrer les portes.
▪ Les autorités contre-attaquent
David Franklin, de Sprott Asset Management :
"Alors que la roupie indienne connaît de nouveaux plus bas par rapport au dollar et que le déficit courant du pays atteint des niveaux record, la Banque centrale d’Inde a choisi le moyen le plus simple pour s’attaquer aux deux problèmes ; elle a déclaré la guerre à l’or… La banque centrale a annoncé une série de mesures le mois dernier, comprenant notamment des restrictions sur les prêts sur des actifs adossés à l’or et sur les importations d’or. La hausse des taxes douanières sur l’importation d’or, à 8%, est l’annonce la plus récente de ce mouvement et double le tarif appliqué au début de cette année […] Le ministre des Finances indien P. Chidambaram a même poussé les banques à conseiller à leurs clients de ne pas investir dans l’or".
Dans le même temps, dans la catégorie "il se passe toujours quelque chose d’intéressant", voilà qui nous vient de France :
"Le 23 mai, le gouvernement français a interdit la livraison de toutes formes de métaux précieux, devises et bijoux par La Poste et toutes les autres branches des services postaux français".
"L’annonce a été faite par le biais de Légifrance, la maison d’édition juridique responsable de toutes les publications législatives. L’interdiction n’a pas été relayée par la presse et le gouvernement français n’a pas fait de déclaration".
Bien que le décret soit limité à la France par le biais de la langue, FedEx a également cessé d’expédier des métaux précieux en mars, sans explication. Plus récemment, la compagnie a suspendu tout envoi ou livraison de métaux précieux en Allemagne et au Royaume-Uni.
Le prix de l’or chute. Cela nous signale que la Grande correction entamée en 2008 est en train d’entrer dans une nouvelle phase. Les autorités ont balayé la poussière sous le tapis. Maintenant, les marchés s’y prennent les pieds. En fin de compte, les marchés triomphent toujours. A présent, ils corrigent, que la Fed le veuille ou non.
Que va-t-il se passer ensuite ? Comme tout le monde, nous nous le demandons. Mais nous avons une petite idée. Si la grande correction s’intensifie, les autorités seront forcées de réagir. Elles ne peuvent autoriser ni un marché baissier… ni la déflation… ni une hausse des taux d’intérêt. Elles devront avoir recours au financement monétaire ouvert (OMF, overt monetary financing)… également connu sous le nom de "largage d’argent par hélicoptère".
Les marchés vont rouler, bouler et tomber sur le sol, en proie à des convulsions de rire et de révulsion. Et finalement… quand la poussière retombera et que la musique s’arrêtera… l’or sera le dernier debout.
1 commentaire
Petite rectification: le 23 mai la France a interdit l’envoi de métaux précieux par la poste, excepté les bijoux qui peuvent encore se faire mais sous envoi à valeur déclarée.
Dans la guerre à l’or, les sociétés de type « Or Postal » font partie de la stratégie de dépossession des classes moyennes de leur or, leur interdire l’envoi par la poste serait les mettre hors service massivement, ce qui n’aurait pas trop de sens. Je vous conseille d’aller relire le décret.
Par contre je suis d’accord sur le fait que la guerre aux métaux précieux se mène sous tous les fronts. Par exemple j’ai récemment acheté une pièce d’or directement sur le site de l’US Mint et bien que le règlement de TVA européen exclut l’or d’investissement du champs d’application de la TVA, les préposés de UPS ont quand même fait une déclaration qui m’obligeait à m’acquitter de la TVA à l’entrée dans l’UE avant de prendre possession de mon colis. Devant mon opposition, ils m’ont indiqué la procédure d’appel et une fois introduite, ils ne l’ont même pas regardé, ils ont tout simplement renvoyé le paquet à l’expéditeur sous prétexte que je n’en voulais plus. Tout est fait pour décourager les particulier d’acheter de l’or et de les convaincre de se débarrasser de leurs vieilles breloques en or qui dorment dans leurs tiroirs.