Une vidéo de protestation contre la hausse des carburants enflamme les réseaux sociaux. Cette mesure hâtive est le symptôme de la faillite de l’Etat.
L’augmentation des carburants passe mal. C’est un euphémisme. La vidéo amateur « coup de gueule » de Jacline Mouraud a fait le buzz sur Youtube et a été visionnée plus de cinq millions de fois sur Facebook. Les medias Ouest France et BFM TV lui donnent de l’écho.
Un appel à une journée d’action le 17 novembre commence aussi à essaimer sur les réseaux sociaux.
Certains ont sorti leur calculette : l’augmentation des carburants à la pompe coûterait un mois de salaire à un smicard parcourant 50 km par jour pour travailler. Pour tenter de récupérer un peu de popularité, le gouvernement, dans une manœuvre minable mais usuelle, parle maintenant d’un « chèque carburant ».
Taxation, subvention : la pompe infernale tourne à plein régime avec ce gouvernement comme avec tous les précédents.
Mais l’essentiel n’est pas là. L’essentiel n’est pas discuté par les medias. L’essentiel est que cette décision hâtive est le symptôme d’un État en déroute financière totale. L’écologie n’est qu’un prétexte au racket. Les finances publiques ont besoin d’argent, de façon urgente…
Pour le comprendre, il faut se pencher sur les chiffres, comme l’a fait le blogueur énarque Eric Verhaeghe ici.
« La taxe augmente parce que la consommation de carburant baisse », vous démontre implacablement Eric Verhaeghe. Ce qui soit dit en passant est une excellente nouvelle pour les tenants de l’écologie et démonte totalement le prétexte officiel.
« Par une politique fiscale agressive, François Hollande avait réduit à 8 milliards au 30 septembre 2014 le différentiel entre les recettes fiscales nettes et les dépenses de l’État. Avec Emmanuel Macron, ce différentiel a explosé à 26 milliards… Autrement dit, 10% des dépenses courantes de l’État ne sont pas couvertes par des recettes fiscales. C’est un peu plus que le 3% de Maastricht »
Comme le montre Eric Verhaeghe, le déficit s’ouvre de façon béante depuis 2017.
Source : Courrier des stratèges
En réalité, en situation financière critique, l’Etat doit ressortir son arme préférée : la matraque fiscale.
Où l’on parle beaucoup de « pognon »…
« Mais qu’est-ce que vous faites du pognon ? », répète inlassablement Jacline Mouraud durant sa vidéo.
Rien. Ou plutôt tout. A force de vouloir se mêler de tout, l’Etat coûte un « pognon de dingue », pour reprendre l’argot présidentiel.
Comme les candidats successifs n’ont jamais été élus sur des promesses de « moins d’Etat » mais au contraire toujours « plus d’Etat », il faut de plus en plus d’argent.
Comme les électeurs achetés à coup de subventions ou de redistribution votaient inlassablement pour plus d’Etat financé avec « l’argent des autres », ce principe n’a jamais été remis en cause.
L’Etat monopolise de plus en plus de choses et prétend nous prendre en main de la crèche à la tombe, faisant toujours les meilleurs choix à notre place.
Le ridicule chèque carburant évoqué verra-t-il le jour ? Suffira-t-il à duper et à acheter la paix sociale cette fois encore ? Nous verrons bien…
En attendant, ceux qui ont des revenus fixes (salariés en fin de carrière, retraités) sont les premières victimes de ce dernier racket pseudo-écologique.
La leçon à tirer est claire : vous devez absolument multiplier vos sources de revenus et vous assurer que ceux-ci soient largement au dessus de vos dépenses contraintes. Car avant que l’Etat arrive vraiment au bout de l’argent des autres et qu’un gouvernement doive s’atteler au vrai problème – réduire les dépenses publiques – il va encore couler un peu d’eau sous les ponts.
En attendant, sans réduction des dépenses publiques, les allègements d’impôts qu’on vous promet ne sont que des leurres.
8 commentaires
Au départ la volonté d’aligner les taxes entre le diésel (apparemment plus dangereux pour la santé humaine) et l’essence était louable, d’un point de vue libéral il n’y a pas de raison que la fiscalité favorise certains produits par rapport à d’autre.
Le gouvernement aurait pu augmenter le diésel et utiliser le produit pour réduire la taxe sur l’essence, jusqu’à égalisation. Mais ne rêvons pas, alors augmenter uniquement le diésel pour égaliser, on aurait pu comprendre.
Mais là ce qui est fou c’est qu’ils augmentent également la taxe sur l’essence (moins fortement que celle sur le diésel…). Macron ose dire qu’il vaut mieux faire cela que de taxer le travail, mais de toute évidence le mec qui prend sa voiture tous les jours pour aller bosser est d’avantage impacté que celui qui reste inactif.
De plus c’est un incitatif à se concentrer d’avantage dans les villes (en ville les gens comme moi vive très bien sans voiture), augmentant encore d’avantage la pression sur le marché immobilier des zones les plus tendues.
» Macron ose dire qu’il vaut mieux faire cela que de taxer le travail » -> en sachant également qu’aucune réduction de l’IRPP ou des cotisations sociales n’a été annoncée en échange (en plus de la réduction financée par la hausse de la csg-crds).
« Autrement dit, 10% des dépenses courantes de l’État ne sont pas couvertes par des recettes fiscales. C’est un peu plus que le 3% de Maastricht »
Alors par contre pour un énarque c’est surprenant que Mr Eric Verhaeghe ne sache pas que le seuil de 3% n’est pas calculé par rapport aux dépenses courantes de l’Etat mais par rapport au PIB.
» En attendant, sans réduction des dépenses publiques, les allègements d’impôts qu’on vous promet ne sont que des leurres. »
L’éternel débat 🙂 A mon avis certains impôts ont un impact négatif tel sur l’emploi et l’attractivité du pays vis-à-vis des capitaux (qui traversent aujourd’hui les frontières en un clique de souris) et des individus les plus talentueux (qui peuvent s’expatrier également relativement facilement) que leur suppression pourrait s’autofinancer rapidement.
Ils impactent la croissance structurelle du secteur privé et finissent donc à moyen-long terme par avoir un impact négatif sur les équilibres budgétaires (via la hausse des dépenses sociales et une croissance déprimée du secteur privé, donc de la base taxable en termes de TVA, cotisations sociales etc…).
Certaines réductions d’impôt portant sur des facteurs non mobiles et peu réactifs à la fiscalité ne peut effectivement au contraire n’être financées que par une réduction des dépenses.
* ne peuvent
» l’augmentation des carburants coûterait un mois de salaire à un smicard parcourant 50 km par jour pour travailler »
Par contre il faut rappeler que le pétrole a explosé cette année et que l’essentiel de la hausse des prix du carburant au cours des derniers mois n’est pas du au changement sur les taxes.
Concernant le diésel, la taxe a augmenté de 6,5 centimes. Admettons que notre smicard consomme 5 litres pour parcourir ces 50Km (ce qui me semble plutôt pessimiste, mais je n’en suis pas sur je n’ai pas de voiture), cela représente 32,5 centimes par jour, soit 1,6 euros par semaine, donc moins de 80 euros par an…
Concernant la taxe sur l’essence, l’augmentation de la taxe n’est que de la moitié de ce montant.
C’est un ENORME mensonge : le diesel n’est pas plus toxique que l’essence. Il suffit d’aller sur GOOGLE et chercher particules fines sur les véhicules. Il y est démontré que les particules fines sont en majorité émises par les freins des voitures et par l’usure des pneus. Ceci est identiques pour tous les véhicules : diesels, essences, et même des véhicule électriques. On ne trouve rien qui prouve que les moteur à essences sont moins toxique que les véhicules diesel. Personne ne nous parle jamais d’études scientifiques qui prouveraient que l’un est plus toxique que l’autre.
* Ce matin sur France-Info je lis que la hausse de l’essence , à contrrario de motif écologique relaté par ces médias, servirait en fait à financer la taxe d’habitation ?! du petit bricolage fiscal qui frise l’amateurisme….. https://www.francetvinfo.fr/economie/transports/prix-des-carburants/la-clcv-affirme-que-le-gouvernement-a-besoin-d-augmenter-le-prix-des-carburants-pour-supprimer-la-taxe-d-habitation_3025641.html