Droits de douane, inflation, endettement… Derrière le théâtre politique, une même réalité : ce sont les citoyens qui paient l’addition.
« Toutes les dépenses publiques sont des impôts. » – Elon Musk
Elon a raison sur ce point. Chaque centime dépensé par les autorités fédérales doit provenir du « peuple » par le biais d’une forme d’imposition. L’une d’entre elles fait la une de l’actualité aujourd’hui : les tarifs douaniers.
Cette semaine, l’équipe Trump a mis en place de nouveaux tarifs douaniers contre la Chine, le Mexique et le Canada. Et Trump a promis un barrage encore plus agressif : des tarifs douaniers réciproques. D’autres nations punissent leurs propres citoyens en leur refusant des importations de qualité à des prix compétitifs ; maintenant, les Etats-Unis le feront aussi !
Voici ce que nous dit Warren Buffett, tel qu’interprété par Investment Insider :
« Les droits de douane sont ‘un acte de guerre, dans une certaine mesure’, a déclaré Warren Buffett. Le président-directeur général de Berkshire Hathaway a déclaré à CBS : ‘Avec le temps, ils constituent une taxe sur les marchandises.’ »
Et la guerre commerciale a bel et bien commencé. Newsweek rapporte :
« Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, a déclaré lundi qu’il bloquerait les exportations d’énergie vers les Etats-Unis ‘avec plaisir’ si le président américain Donald Trump allait de l’avant avec ses projets de droits de douane de 25% sur les produits canadiens.
Les Etats-Unis ont imposé des droits de douane de 25% sur les produits canadiens, à l’exception des produits énergétiques, qui sont soumis à des droits de douane de 10%. Ils ont également imposé des droits de douane de 25% sur les importations en provenance du Mexique et de 10% supplémentaires sur les produits chinois. »
Selon les chiffres de l’Administration américaine d’information sur l’énergie, le Canada est de loin la plus grande source d’importation d’énergie américaine, avec 59% de tout le pétrole brut importé aux Etats-Unis en 2019 en provenance du pays.
Associated Press :
« La présidente du Mexique, Claudia Sheinbaum, a déclaré mardi que son pays riposterait aux tarifs douaniers de 25% imposés par les Etats-Unis en instaurant ses propres mesures de rétorsion sur les produits américains. Elle a précisé qu’elle dévoilerait dimanche, lors d’un événement public sur la place centrale de Mexico, la liste des produits visés, laissant peut-être entendre que le Mexique espère encore apaiser la guerre commerciale initiée par le président américain Donald Trump. »
Et les premières victimes ne se font pas attendre :
« Lundi, la Banque fédérale de réserve d’Atlanta a publié une estimation de la performance du PIB au premier trimestre 2025, qui a montré une contraction économique de 2,8%… la même projection basée sur un modèle estimait une croissance de près de 3% au début du mois de février. »
Wow. Une chute de 5,8% des estimations de croissance du PIB. Nous n’avons pas vu cela depuis la Grande Dépression… ou depuis le premier mandat de Donald Trump, suite à la panique COVID.
Si ce type de contraction se produit et se poursuit, les autorités fédérales devront dépenser plus d’argent pour les indemnités de chômage, etc. Et le Grand Timonier sera tenté d’adopter de nouvelles mesures de relance. Mais où trouvera-t-il l’argent ?
Les autorités fédérales n’organisent pas de ventes de pâtisseries. Ils ne vendent pas de biscuits, ne font pas de porte-à-porte et ne participent pas à des collectes de fonds caritatives. Ils produisent peu de biens et offrent peu de services pour lesquels les gens seraient prêts à payer. Lorsqu’ils veulent de l’argent, ils le prennent.
C’est ainsi que l’année dernière, ils ont perçu 4,9 mille milliards de dollars de recettes fiscales, ont dépensé 6 700 milliards de dollars. D’où vient la différence ? D’autres formes d’imposition – l’inflation, principalement – et les droits de douane.
C’est la raison pour laquelle la réduction d’impôts de Donald Trump en 2017 et la proposition de la prolonger sont de telles fraudes. Elles ne réduisent pas réellement les impôts : elles les transfèrent simplement des impôts directs sur le revenu aux impôts indirects provenant de l’inflation ou des droits de douane.
L’inflation a été qualifiée « d’impôt le plus cruel ». Elle frappe de manière disproportionnée les pauvres. Si vous gagnez un million et ne dépensez que 100 000 dollars par an, l’inflation ne prélève qu’un dixième de votre revenu. Si vous gagnez 40 000 dollars, et que vous les dépensez en totalité, l’inflation vous mange tout.
Charlie Bilello explique :
« Les 10% les plus fortunés, qui détiennent l’essentiel des actifs (87% des actions et une large part du marché immobilier), ont vu leur patrimoine s’apprécier bien au-delà de l’inflation ces dernières années. En conséquence, ils pèsent désormais pour la moitié des dépenses de consommation du pays, contre 36% il y a trente ans.
A l’autre extrémité, ceux qui vivent au jour le jour n’ont pas d’épargne sur laquelle compter et doivent recourir au crédit pour boucler leurs fins de mois. Résultat : la dette des cartes de crédit a atteint un niveau record de 1 200 milliards de dollars au quatrième trimestre, en hausse de 7% sur un an. Et avec un taux d’intérêt moyen proche de 21,5%, les impayés explosent : plus de 11% des soldes de cartes de crédit sont en souffrance depuis plus de 90 jours, un niveau inédit depuis 2011.
Ce double phénomène – concentration extrême de la richesse et endettement croissant des classes moyennes et populaires – accentue la polarisation économique et fragilise encore davantage une partie de la population face à la hausse des coûts de la vie. »
L’inflation est simplement une taxe sur les biens. Comme l’explique Buffett, il en va de même pour les droits de douane. Et comme pour l’inflation, ce sont les plus pauvres qui en supporteront la plus lourde part.
Contrairement à l’inflation, les droits de douane se prêtent particulièrement bien à la politique des « grands hommes ». Ils peuvent être utilisés comme des carottes ou des bâtons. Trump peut punir ses opposants ou récompenser ses alliés. Une industrie dotée de bons lobbyistes a plus de chances d’être protégée contre la concurrence étrangère, tandis qu’une industrie du mauvais côté sur le plan politique risque de ne pas l’être.
Les droits de douane sont donc un excellent outil de théâtre politique, mais ils sont néfastes sur le plan économique.
1 commentaire
Oui, mais peut être ne faudrait-il pas opposer le théâtre économique et celui politique. Ils œuvrent ensemble, même si c’est dialectiquement. C’est la cause de l’effondrement communiste: privilégier le politique sur l’économique. Et peut être que le risque actuel pour l’Occident, après son triomphe, est à l’inverse : méconnaître que le politique doit contrôler l’économique et pas l’inverse. Trump paraît bien le comprendre : quand son théâtre ne fonctionne pas, il en change !