** Morne plaine sur les marchés hier — et surtout les marchés européens : les places américaines et anglaises étaient fermées pour cause de Memorial Day (dont Bill Bonner nous parle plus en détails ci-dessous)… si bien que les investisseurs français en ont été réduits à jouer tout seuls.
C’est ainsi que le CAC 40 a clôturé sur une hausse de 0,08% pour la forme — sans toutefois parvenir à refranchir la barre des 5 000 — à 4 937 points ; les volumes étaient extrêmement bas, à 2,39 milliards d’euros. A Francfort, le DAX a lui aussi terminé dans le vert, à +0,18%.
** Aujourd’hui, par contre, les marchés ont pas mal de choses à se mettre sous la dent, à commencer par les déclarations d’Alan Greenspan au Financial Times. Maintenant qu’il est à la retraite, l’ancien patron de la Fed ne mâche plus ses mots : "il y a plus de 50% de probabilité de récession [aux Etats-Unis]", affirme-t-il — même s’il admet dans le même temps que "cette probabilité a toutefois un peu reculé et je pense que la probabilité d’une récession sévère a reculé d’une façon marquée".
Les derniers chiffres de l’immobilier US viennent lui donner raison : l’Association américaine des agents immobiliers a annoncé vendredi une baisse de 1% dans les ventes de l’ancien en avril, après un recul de 1,8% en mars. Le stock de maisons à vendre est quant à lui en augmentation, avec 434 000 unités de plus — soit 11,2 mois d’offre au rythme actuel des ventes. Enfin, le prix moyen des maisons US a chuté de 8% en glissement annuel ; c’est la deuxième plus forte baisse enregistrée à ce jour.
Selon Greenspan, cité dans La Tribune, il est trop tôt pour dire si le pire de la crise financière est passé. L’ex-président de la Fed a expliqué que "cela dépendra de la tenue du marché immobilier. Selon lui, les prix des logements vont perdre encore 10% par rapport à leurs niveaux de février, soit un déclin de 25% depuis que le recul s’est amorcé sur fond de crise des crédits à risque, les fameux subprime".
Une fois n’est pas coutume, nous sommes d’accord avec Alan "Bulles" Greenspan… Les mois qui viennent risquent d’être plus difficiles que l’attendent bien des investisseurs — et il sera plus que jamais utile d’être bien équipé pour résister aux turbulences qui s’annoncent.
** Un autre indice montrant que la crise des subprime a laissé plus de traces qu’on le pensait, à différents niveaux, nous est arrivé ce matin : les grandes agences de notation sont sous les feux de la Securities & Exchange Commission (l’équivalent américain de l’AMF). Moody’s est la première concernée, après qu’une "erreur de codage informatique" — bien pratique… — ait attribuée la note AAA (la plus haute) à des produits dérivés de crédit aussi incompréhensibles que risqués.
Une "erreur" qui a de quoi faire trembler tout l’univers de l’investissement, car si l’erreur s’est produite sur certains titres… elle peut en affecter d’autres. La SEC va donc mener l’enquête sur Moody’s, mais également sur les agences Fitch et Standard & Poor’s. Qui sait ce qu’elle mettra au jour…
** Devant une telle situation, ma collègue Simone Wapler — à l’instar du grand Warren Buffett — vous conseillerait probablement de vous en tenir à "des choses que vous comprenez", comme l’or, par exemple, qui retrouve le chemin de la hausse : aux dernières nouvelles, il avait dépassé les 925 $ l’once à Londres.
Enfin, cette Chronique ne serait pas complète sans une mention au pétrole, qui flambe, flambe et reflambe : le baril de WTI New York affichait 133,09 $ le baril ce matin — mais je ne serais pas surprise de voir un repli se produire dans les temps qui viennent. On est montés rapidement… et l’or noir doit reprendre son souffle.
Françoise Garteiser,
Pour La Chronique Agora