▪ "Les Grecs s’alignent devant les banques ; les distributeurs à sec", disait la lettre Drudge Report. Des dizaines versions de ce même titre abondent dans les médias financiers.
Vous vous souvenez de notre prédiction ? Durant une crise, les banques agiront rapidement pour bloquer votre accès à votre propre argent. D’abord, elles limiteront les retraits. Ensuite, soit elles fermeront leurs portes soit elles se trouveront à court d’argent. C’est ce qui s’est passé en Grèce ces derniers jours.
Le face-à-face tendu qui se déroule en Europe depuis des mois a semblé atteindre un sommet lorsque la Grèce a annoncé qu’elle soumettrait les exigences des créditeurs à un référendum.
"Dites, que diriez-vous de rembourser notre dette nationale ?" vont-ils demander au peuple. Et que pensez-vous que le peuple va répondre ?
"Bof, non", sera probablement la réponse.
Ce qui laissera les banques incapables d’obtenir de nouveaux fonds… et à court d’anciens fonds.
Les déposants intelligents l’ont compris il y a longtemps. Ils ont sorti leur argent des banques grecques. Mais le reste commence à piger. Dans les faits, ils votent avec leur argent — en le retirant tant qu’ils le peuvent encore.
Naturellement, les banques ont tenté de protéger l’argent qui ne leur appartient pas. La Banque du Pirée et Alpha Bank ont toutes deux limité le montant des retraits.
Naturellement, ça n’a fait que renforcer la motivation des gens à mettre la main sur leur argent. Des files se sont formées devant les distributeurs dès samedi. Selon un banquier, 110 millions d’euros avaient quitté les banques grecques avant 11h30 du matin.
Et les banques resteront fermées toute la semaine.
▪ Pendant ce temps, en Chine…
En attendant, le sentiment de panique et de catastrophe imminente s’est encore aggravé lorsque le gouvernement chinois a pris des mesures visant à mettre fin à un plongeon des marchés. Ces deux dernières semaines, le Shanghai Composite Index a perdu 20% de sa valeur. Rapporté au Dow Jones, cela ferait une perte de 3 600 points. C’est le genre de chose qui rend les investisseurs nerveux. Voire désespérés.
Si un tel plongeon se produit ailleurs (Etats-Unis ou Europe) — ce qui ne manquera pas d’être le cas — vous pouvez être certain que les autorités interviendront. Les Chinois font la même chose. Ils viennent de réduire le taux directeur de leur banque centrale au plus bas niveau jamais enregistré. Est-ce que ça aidera ?
John Rubino, du site DollarCollapse, nous donne son avis :
"La Chine a passé les dernières décennies à diriger la construction d’infrastructures qui, rétrospectivement, étaient deux fois plus importantes qu’elles auraient dû l’être. A présent, elle bricole toutes sortes de leviers budgétaires et monétaires imparfaitement compris, tentant de maintenir un taux de croissance de 7% qui semble de plus en plus fictif. Là encore, la meilleure manière de gérer une bulle est de commencer par ne pas la laisser se former. La deuxième meilleure manière est de la laisser exploser et laisser le marché nettoyer les dégâts. La pire des manières de gérer une bulle, en revanche, est d’intervenir depuis le sommet de l’Etat pour qu’elle se poursuive. Regardez où cela a mené le Japon et les Etats-Unis".
Et ce n’est pas fini… Restez à l’écoute !
[NDLR : Et surtout, signez notre pétition NON à la société sans cash — le cas grec est un exemple qui pourrait se multiplier dans les années qui viennent, à mesure que notre système basé sur la dette s’effrite et que les crises s’accumulent. Cliquez ici pour agir dès maintenant]
2 commentaires
OUI à la société sans cash.
Provocant, moi?
Allez, un peu de sérieux. Je suis attaché tout comme vous à ma liberté individuelle, et à celle de mes enfants. Je tiens de tout mon coeur à préserver une société non totalitaire, etc etc etc
Le problème selon moi, est que ce sont les riches qui devront finir par payer, ne serait-ce pas logique? Comment justifier moralement des hausses d’impots sur les salariés, tandis que les riches sont de plus en plus riches, et qu’ils paient de moins en moins?
Et comment les forcer à payer si on ne contrôle pas leurs richesses?
Rappel historique: en 1789, les riches vivaient de mieux en mieux, les impots de plus en plus haut, et les ‘pauvres’ mourraient de faim. Ils ont fini par la leur couper. Quel a été le déclencheur, quel sera le déclencheur demain? Pourquoi deux situations somme toute comparables, ne donneraient-elles pas les mêmes conséquences? Faut-il à nouveau en passer par la guillotine, ou pouvons-nous nous contenter d’une loi, d’une taxe?
La situation grecque est absurde: « ils » ont patiemment attendu que les riches retirent leur argent pour bloquer les banques. Il ne reste plus au pays que « les pauvres » (disons plutot: « les non-riches »). Doivent-ils assumer la dette? Ne vaudrait-il pas mieux pour eux de faire défaut maintenant, et d’être déjà sur le chemin de la guérison lorsque tous les autres tomberont?
Allez, ca n’est qu’un mauvais moment à passer … 🙂
Bonjour,
Gaétan, en 1789 ce n’est absolument pas les pauvres qui ont organisé la révolution mais des bourgeois privilégiés par l’argent contre les nobles privilégiés par la naissance. Ces derniers n’avaient pas le droit au commerce, donc ils n’étaient pas forcément aisés : un titre ne rapporte rien, des terres oui. Si en plus il y a de mauvaises récoltes sur celles-ci, et ce fût le cas, cela n’arrange rien.
Si les riches payent moins c’est surtout qu’ils connaissent les meilleures stratégies pour garder leur argent. Ils peuvent payer des conseillers, des lobbyistes, des campagnes électorales… En Grèce ils n’ont pas « attendu que les riches retirent leur argent pour bloquer les banques » : ça fait bien longtemps que leur argent est déjà ailleurs ! Déjà le célèbre armateur grec Onasis (mort il y a 40 ans, c’est pas tout jeune) expliquait que pour qu’une fortune soit éternelle il fallait qu’elle soit internationale car elle devient alors insaisissable et indépendante des conflits. Au contraire, lui-même a même profité de blocus maritimes pour faire fructifier sa flotte.
En revanche je suis d’accord avec vous pour un monde sans cash et même sur le fond mais pas du tout de la même manière. Des monnaies alternatives aux monnaies officielles pourraient très bien mettre à l’abri les pauvres des manipulations étatiques et financières et remplacer ce cash officiel. Les pauvres étant bien plus nombreux que les riches ceux-ci pourraient se retrouver alors avec d’énormes stock de… monnaie de singe ! Et le plus fort est que cela ferait aussi atomiser les dettes libellés dans cette monnaie 🙂 Le jour où ce sera possible de s’échanger des Bitcoins (ou équivalent) en quelques clics sur son smartphone les monnaies officielles s’effondreront. Dans les médias il sera question de spéculation sur cette monnaie virtuelle, voire d’une bulle, alors qu’en réalité ce sera la monnaie de référence qui sera en cours d’abandon. Certes il sera question de lutte contre le travail au noir pour tenter de la limiter mais avec les techniques de chiffrement et la masse à traiter on aura la même efficacité qu’Hadopi avec la musique : pinuts !
Cordialement.
PS : pour l’instant ce cash est encore nécessaire !