Tandis que les secteurs de pointe continuent de produire toujours plus de « contenus », les choses réelles comme les matières premières commencent à manquer, tout comme les travailleurs qui veulent travailler.
Nous avons commencé à parler hier de ce qu’apportent vraiment les entreprises de Wall Street et de la Silicon Valley à l’économie américaine. Dans le cas de Google ou Facebook, par exemple, le modèle économique repose sur l’idée que, tant que vous pouvez capter le regard de quelqu’un avec un service, vous pourrez lui vendre d’autres trucs.
Cela a très bien fonctionné, pour ces sociétés. Elles ont enregistré des ventes records, année après année. Et leurs cours de Bourse se sont envolés.
Leur modèle avait un gros avantage. Contrairement à leurs adversaires de la presse écrite, ces nouvelles entreprises n’avaient pas à supporter les coûts d’impression et de livraison des contenus diffusés.
Elles n’étaient pas non plus obligées de payer pour obtenir ces « contenus » : les utilisateurs leur fournissaient eux-mêmes des vidéos de chat et des commentaires idiots.
Et, finalement, elles pouvaient cibler leurs publicités de manière bien plus précise, en permettant aux clients de choisir seulement ce qu’ils voulaient voir et en leur permettant de créer des publicités adaptées aux intérêts personnels des lecteurs. Voilà pourquoi les publicités semblent « vous suivre partout », lorsque vous parcourez le Worldwide Web.
Un TikTok dans la tête
Mais ce modèle intégrait aussi des limites.
Si la révolution industrielle a fait augmenter les revenus, en donnant aux consommateurs davantage d’argent pour acheter cette nouvelle production, la révolution d’internet n’a rien fait de tel, quant à elle.
Les revenus des consommateurs ont stagné, essentiellement… et à présent, après l’inflation, ils déclinent. Le temps, lui, reste constant.
Par conséquent, les nouvelles entreprises n’ont jamais créé réellement de nouvelles richesses : elles ont juste « piqué » des regards et des revenus publicitaires aux médias traditionnels.
Ensuite, lorsqu’elles sont arrivées au bout de tout ce qu’elles pouvaient obtenir facilement, elles se sont bagarrées entre elles pour récupérer des parts de marché. Voilà pourquoi TikTok est une telle menace pour Facebook… et pourquoi le cours de ce dernier a chuté si violemment lorsqu’on a appris qu’il était en train de perdre la bataille.
Avec le recul, nous identifions d’autres points à relier, et un tableau plus effrayant : alors que les investissements dans les technologies flambaient, les capitaux se sont détournés des « vieux secteurs ».
Des pièges à clics
A présent, il y a de plus en plus de pièges à clics (les fameux liens « clickbait » qui nous sont par ailleurs bien utiles) sur internet, mais nous commençons à manquer de choses réelles.
Selon Bloomberg :
« Jeff Currie, responsable mondial de la recherche sur les matières premières chez Goldman Sachs Group Inc., a déclaré qu’il n’avait jamais vu les marchés des matières premières intégrer les pénuries dans les cours comme ils le font en ce moment.
‘Je fais ce métier depuis 30 ans, et je n’ai jamais vu les marchés comme ça’, a déclaré Currie lors d’une interview accordée à Bloomberg TV. ‘C’est une crise des molécules. Il nous manque de tout, que ce soit du pétrole, du gaz, du charbon, du cuivre, de l’aluminium, et j’en passe, on n’en a plus’ ».
Les choses réelles ont besoin d’être sorties de terre… chauffées et martelées… distillées et distribuées…par des gens réels.
Quoi ? Les gens sont si occupés sur leurs smartphones qu’ils n’ont plus le temps de faire du vrai travail.
Selon l’émission de TV 60 Minutes :
« Les chiffres de l’emploi publiés par le gouvernement [début janvier] nous révèlent ce qui s’est passé : plus de 20 millions de personnes ont démissionné au second semestre 2021. Certains qualifient cela de ‘grande démission’. »
Hein ? Les matières premières disparaissent. Les gens démissionnent. Selon d’autres articles, le « taux de participation à la main-d’œuvre » est revenu là où il était dans les années 1970, avant que les femmes ne partent travailler en masse. Et aujourd’hui, un homme sur huit en âge de travailler est au chômage.
Vivant… Mais pas très actif
Les chiffres de l’emploi pour l’année 2021 ont également révélé que ceux qui travaillent encore ne le font pas autant qu’auparavant. Le chiffre correspondant au total des heures travaillées est toujours inférieur au niveau de 2019.
Ensuite, il y a ce graphique provenant de la Réserve fédérale de San Francisco, qui fait ressortir la part des retraités au sein des personnes inactives (c’est-à-dire ne participant pas à la main-d’œuvre).
Que faut-il en penser ?
Il y a des points partout. Dans un premier temps, ils ne semblent pas être reliés, telles des billes éparpillées sur le sol.
Mais, plus on regarde de près… plus le schéma se précise…
Des prix qui grimpent… des travailleurs oisifs… une élite parasitaire… des prestations sociales qui augmentent…
Un spectacle horrible.
A suivre…