▪ Nous tous… la génération du baby-boom… quel héritage laissons-nous à nos enfants ?
Nous lisons dans les journaux qu’au cours des 20 dernières années, seuls nous — et les personnes plus âgées et plus riches que nous — avons fait des progrès financiers. En 1984, la valeur nette médiane des ménages américains de 35 ans et moins était de 11 500 $. Les ménages de personnes de 65 ans et plus avaient 10 fois plus, à 120 000 $.
En 2009, la valeur nette du ménage médian sous les 35 ans avait été divisée par trois. Elle n’était plus que de 3 600 $. Mais la valeur nette des ménages moyens de 65 ans et plus a grimpé — jusqu’à 170 000 $, soit près de 50 fois plus.
Selon un graphique de l’Economic Policy Institute, on dirait que les ménages âgés entre 35 et 55 ans ont aussi perdu du terrain, les cinquantenaires passant d’une valeur nette de 150 000 $ environ en 1989 à 110 000 $ aujourd’hui.
Hmmm… 20 ans, c’est long. Nous ne savons pas si les âges s’appliquent aux personnes aujourd’hui ou il y a 20 ans. Mais vous voyez l’idée.
Les économistes expliquent que les jeunes ont été piégés par deux grands mouvements de baisse. D’abord, le krach des dot.com a mis à mal leurs maigres investissements. Nous, personnes plus âgées, l’avons évité. Probablement parce que nous ne comprenions pas de quoi il s’agissait.
Puis est venue la bulle de l’immobilier. Les personnes plus jeunes n’ont pas eu de chance. Elles tombaient au mauvais moment, alors qu’elles n’avaient que peu de valeur dans leurs maisons. Nous, en revanche, possédions déjà nos maisons, souvent avec de grosses plus-values latentes et peu ou pas de prêt à rembourser.
Nombre de personnes plus jeunes sont encore — cinq ans après l’effondrement des subprime — sous l’eau. Certains disent qu’ils se noient.
▪ Sur les salaires aussi, l’inégalité règne
Alors que leurs actifs ont subi deux volées de bois vert, les revenus des jeunes et des plus-si-jeunes ont été mis à mal aussi. Juste après la Deuxième Guerre mondiale, les salaires ont grimpé en flèche. L’année de naissance de votre correspondant (1948), les gens gagnaient environ 80% plus — en termes réels — que 10 ans auparavant. Une fois arrivées les années 70, ces gains de salaire avaient sévèrement décliné. Mais durant les années Carter, nos parents gagnaient encore 50% de plus que durant l’ère Kennedy/Johnson. Dans les années 80, les augmentations de salaire ont chuté. Elles ont un peu rebondi entre 1995 et 2005, mais elles sont désormais proches de zéro.
Pire, les jeunes ne trouvent souvent pas d’emploi. Nous avons récemment vu un article sur des avocats jeunes diplômés restant au chômage. Certes, ces groupes professionnels ont une triste tendance au zombyisme. Tout de même, c’est mauvais signe quand certains des jeunes les mieux éduqués du pays ont du mal à trouver un emploi correct.
Et quand ils trouvent, il y a plus de chance qu’il s’agisse d’emplois à bas salaire. Depuis 2001, le nombre d’emplois à salaire moyen a chuté de plus de 7%. Les emplois à bas salaire ont grimpé de plus de 8%.
Quant aux revenus, ils sont en baisse pour tout le monde ou presque. Globalement, les revenus médians réels des ménages américains ont chuté de 8%, passant de près de 56 000 $ à tout juste 51 000 $.
Vous vous rappelez les années 50 ? Un homme pouvait gagner correctement sa vie en faisant un métier ordinaire. Pas besoin d’être un génie. Pas besoin de travailler 80 heures par semaine. Il pouvait gérer une boutique. Ou il pouvait être charpentier. Ou ouvrier. Rien qu’avec son salaire, il pouvait se permettre une petite maison, une voiture normale… et des vacances annuelles. Les soins de santé ? Il les payait à mesure qu’ils arrivaient. L’éducation ? Les universités d’état étaient encore bon marché. En 1969/1970, nous avons pu aller à l’université du Maryland pendant un an grâce à l’argent que nous avions gagné durant les vacances d’été.
Faire garder les enfants ? Une femme de ménage ? La maîtresse de maison s’en chargeait.
Nous ne sommes pas en train de dire que c’était le zénith de la civilisation. Les gens étaient des brutes aussi à l’époque. Les maisons étaient petites. La réception télé était limitée. Les automobiles consommaient trop (mais à 25 cents le gallon… qui s’en souciait ?). Les menus étaient sinistres dans les restaurants. Et le vin arrivait dans des bouteilles entourées de paille.
Nous nous rappelons une publicité pour National Bohemian, une bière « brassée sur les rives de la Chesapeake Bay ». Elle affirmait venir « du pays de la vie agréable ».
Economiquement, c’était effectivement agréable. Les salaires grimpaient. Les emplois étaient abondants. La dette était basse. Le carburant et le logement étaient bon marché.
Depuis, il semble que les jeunes doivent travailler plus dur pour se lancer dans la vie… puis travailler plus dur pour suivre le rythme. Le ménage moyen a deux emplois — s’il peut les trouver — et court du travail à la crèche. Quant aux soins de santé, qui étaient autrefois occasionnels et raisonnables, ils sont devenus un fardeau majeur. Le coût annuel de l’assurance maladie pour une famille dépasse les 15 000 $. La garde d’enfants était elle aussi une dépense négligeable autrefois. A présent, c’est majeur.
Tout cela était-il une question de chance ? De la chance pour nous ? De la malchance pour eux ? Pas exactement. Les jeunes se sont fait arnaquer. Nous vous en dirons plus demain.
2 commentaires
Bonjour Bill,
Je me permets de vous appeler Bill car j’ai bien compris que vous n’aviez pas le temps de me lire.
Et puis je suis beaucoup plus jeune que vous donc plus impertinent.
Néanmoins, Bill, l’essentiel est que vous sachiez que vous avez , encore, parfaitement raison.
Vous avez un sacré bon sens et une acuité rare.
Merci de nous écrire des textes comme ça et continuez encore longtemps.
Bonne année 2013 !
Eric
Bonjour Monsieur,
Je dis Monsieur car pour moi, vous êtes un Monsieur et un grand.
Vos articles sont merveilleux, se lisent sans fin, nous instruisent et nous font comprendre des mécanismes parfois complexes de la façon la plus simple.
En plus, vous avez beaucoup d’humour ! Malheureusement, tout cela serait vraiment hilarant si ce n’était pas tragique…
Pour cela merci mille fois et continuez.
J’aurais (j’aimerai) tant adoré pouvoir rencontrer quelqu’un comme vous, et évidemment encore plus travailler pour quelqu’un comme vous…
Avec toute mon admiration et respect.