▪ C’était le vendredi du 13ème gain consécutif du Nasdaq 100.
Le scénario est bien rôdé depuis maintenant plus de quatre ans. Lorsque les indices américains semblent hésiter à franchir des seuils clé à une demi-heure de la clôture, les sherpas de Wall Street mettent en marche le « bulldozer algorithmique » qui arrache tout sur son passage.
Les « gros bras » y ont été de bon coeur vendredi soir, avec une ascension verticale des indices US au cours des 20 dernières minutes. Le Dow Jones est ressorti opportunément du rouge à la… dernière minute (+0,02% à 15 464 points, malgré le plongeon de 5% du titre Boeing) tandis que le Nasdaq Composite (+0,61%) en terminait très exactement à 3 600 points.
Et voilà un nouveau triomphe de la programmation algorithmique!
La fête n’aurait pas été complète si cette séance de vendredi n’avait permis au Nasdaq 100 d’aligner une série record de 13 séances de hausse consécutive.
▪ Record sur record
Pour le S&P 500, le score est de « seulement » 11 séances sur 13. Il aligne tout de même sept séances positives d’affilée — et un splendide 5 sur 5 dont les dernières 20 minutes font la différence puisque la semaine s’achève par un nouveau record historique de clôture.
Bien entendu, ceux qui ont payé avec obstination le marché durant les 11 séances qui ont précédé le discours de Ben Bernanke n’avaient aucune idée de la teneur de son intervention à Harvard en l’honneur du centenaire de la Fed !
Ben Bernanke n’est certainement pas fâché d’avoir contribué à une hausse non-stop de 10% Wall Street qui va « renforcer le sentiment de richesse » des Américains (enfin… surtout celui des 5% les plus fortuné qui détiennent 85% des actions cotées).
Le plus sensationnel, c’est que le Nasdaq 100 se retrouve 50 points au-delà de ses sommets de la mi-mai. Cela avec des taux longs qui ont pris 70 points de base (+25%) dans l’intervalle, tandis que les entreprises américaines s’attendent à un repli des résultats au deuxième trimestre.
Cela peut sembler absurde… mais c’est sûrement cela la Grande rotation : les actions grimpent quand les profits reculent, tandis que les rendements obligataires s’envolent.
▪ Boeing a des ratés… le AAA français aussi
Seules petites ombres au tableau idyllique de vendredi dernier : UPS a chuté de 5,8% suite à l’abaissement de sa prévision de bénéfice annuel, due au ralentissement de l’industrie américaine. Dans le même temps, Boeing a décroché de 5% alors que deux Dreamliners ont connu des incidents quasiment simultanés au Royaume-Uni.
Un appareil a pris feu au sol à Heathrow — il était heureusement vide et stationné à l’écart des satellites d’embarquement. Un autre, en partance pour la Floride, a subi une avarie technique entraînant un retour d’urgence sur Manchester.
La soirée de vendredi a également été marquée par une dégradation de la dette française par Fitch, la seconde agence à priver notre pays de son AAA. Une décision « terrible » (nous plaisantons) qui n’a suscité… aucune réaction sur les futures du CAC 40, lequel finissait stable vendredi vers minuit.
Rien ne saurait troubler la bonne humeur estivale des marchés… ou alors la morphine monétaire promise par Ben Bernanke a complètement déconnecté leur système nerveux central. Ils ne sentent plus ni la brûlure des taux longs, ni celle du pétrole, ni le vent glacial de la récession au sud de l’Europe ou le gel du rythme de la croissance en Chine, en Inde et au Brésil.