Janet Yellen vient de dévoiler les premiers éléments de la nouvelle politique économique aux USA. En France, les esprits s’échauffent sur les mêmes sujets : comment rembourser la dette ? Qui doit payer ? Peu à peu, un consensus pour mettre les épargnants en coupe réglée se dégage.
Il faut absolument lire dans le New York Times l’interview de Janet Yellen (en anglais). La nouvelle secrétaire au Trésor US explique comment elle compte s’y prendre pour rétablir l’économie de son pays, et ses idées sont d’autant plus précieuses qu’elles devraient également prendre le pouvoir en Europe.
On retrouve ici une sorte de mondialisme keynésien qui trouve des points d’accroche autour d’un New Deal et de ses bienfaits.
Les vertus de la dette publique
Premier point, que ne renierait pas notre majorité présidentielle actuelle (pas plus que le Premier Président de la Cour des Comptes, Pierre Moscovici, qui s’est exprimé dans des termes proches à son arrivée rue Cambon) : Janet Yellen ne semble pas perturbée par l’envolée de la dette publique américaine. Sur ce point, elle définit une doctrine édifiante : ce qui compte, ce n’est pas le niveau de la dette, mais son coût.
Ainsi, avec des intérêts qui représentent moins de 2% du PIB, la secrétaire d’Etat considère que la dette publique américaine est soutenable. L’équipe Macron a grosso modo le même raisonnement.
On comprend ce que tout cela signifie en creux…
… A savoir : le niveau d’endettement actuel n’est pas du tout excessif, et il existe encore des marges pour creuser ! Il faut donc s’attendre à un grand concert occidental en faveur d’un endettement supplémentaire… comme si les taux d’intérêt bas devaient durer éternellement.
Des hausses d’impôts en perspective
Côté fiscal, Janet Yellen a par avance dit le mal qu’elle pensait d’une taxe sur les transactions financières ou d’un impôt sur la fortune. En revanche, elle se déclare plutôt favorable à un durcissement de l’impôt sur les revenus financiers, et à un durcissement de la fiscalité sur les successions.
On comprend bien la manœuvre : on ne fera pas payer pas les investisseurs, ni les fonds spéculatifs, on fera payer les détenteurs d’un patrimoine, qu’il soit financier ou immobilier.
Cette doctrine mérite d’être bien mesurée et comprise, car elle inspire aussi les « sociaux-démocrates » européens (dans lesquels nous incluons Emmanuel Macron), pour qui l’argent doit être pris « là où il se trouve », c’est-à-dire chez les fourmis, et non chez les cigales qui dépensent sans compter.
Concrètement, ces premières tendances soulignent la profondeur de la curée qui attend les épargnants un peu partout dans le monde et tout particulièrement aux Etats-Unis. Si même outre-Atlantique l’Etat se met à tailler des croupières aux épargnants, on imagine ce que sera la politique de Bercy sur notre sol, si traditionnellement méfiant vis-à-vis des propriétaires.
Premières menaces sur l’assurance-vie en France
Le hasard du calendrier a fait que, dans le même temps, le Sénat en France a déclenché la polémique en organisant une table ronde sur le remboursement de la dette.
Ce petit événement a permis à un certain nombre de sénateurs d’exposer leurs idées sur le remboursement de la dette. Ils ont posé des bases en réalité bien connues, qui ciblent notamment l’assurance-vie.
Tout y est passé, comme d’habitude : suppression des avantages en matière de succession, impôt spécial pour les « gros contrats » et autres dispositions qui devraient attaquer ce produit phare de l’épargne française. Parallèlement le directeur général du Trésor a fait remarquer que le livret A était très bien rémunéré, ce qui signifie « trop bien » en langage bercyen.
Le moment vient donc de réfléchir à votre stratégie en matière d’assurance-vie. Pour vous aider, je vous ai dressé un tableau qui vous permet de vous repérer par rapport à la moyenne des épargnants.
Ce tableau complète les « exercices » que je vous ai proposés les semaines précédentes, avec un outil pour comparer l’allocation de votre mix patrimonial avec les choix moyens des Français disposant d’un patrimoine d’un montant identique, et un rappel du montant moyen de patrimoine par niveau de revenus dans la France d’aujourd’hui.
Ces photographies de l’existant peuvent vous aider à modifier progressivement votre stratégie patrimoniale. Il est par exemple évident que Bercy va décourager autant qu’il le peut l’assurance-vie en euros, et pousser à l’achat de contrats en unités de compte.
Quelle sera la part de la fiscalité dans cet « encouragement » ? On l’ignore encore, mais nous nous proposons de la suivre de près avec vous.