▪ La semaine qui s’est achevée vendredi avait été tout entière placée sous le signe de l’audition de Janet Yellen par des parlementaires du Congrès US mercredi et jeudi.
Si l’on veut bien oublier le délit d’initié de mercredi qui avait contraint la Fed à dévoiler avec 24 heures d’avance le contenu de la prestation de Mme Yellen — dont la primeur était en principe réservée aux élus du peuple américain –, la semaine écoulée n’éclaire pas le marché sur l’état de la conjoncture économique.
Les chiffres publiés en début de semaine étaient encourageants, cela s’est nettement dégradé jeudi et vendredi aux Etats-Unis.
Le bilan conjoncturel est clairement décevant en France et en Italie ; l’activité ralentit un peu en Allemagne ; les déficits se creusent globalement en Europe — sauf outre-Rhin puisque Berlin accumule les excédents –, notamment en Espagne. Cette dernière va pourtant sortir du plan d’aide de Bruxelles, ainsi que l’Irlande, avec l’assentiment de la BCE.
La séance des « Trois sorcières » qui concluait le terme de novembre devait fournir aux marchés un bon prétexte technique pour doper les cours de bourse… Cependant, les opérateurs sont demeurés hésitants comme le démontre la stagnation de l’EuroStoxx 50 (+0,03%).
▪ Canaux étroits
A Paris, nous n’avons observé ni volatilité (0,5% d’écart entre les extrêmes du jour), ni volume (3,08 milliards d’euros). Le CAC 40 affiche un gain de 0,15% depuis le 18 octobre dernier.
Grâce à un gain de 0,2% à Paris vendredi, la performance hebdomadaire atteint +0,75%, ce qui équivaut au terrain gagné depuis le 15 octobre dernier (soit un mois jour pour jour). Cela fait maintenant cinq semaines — à une séance près, celle-là même qui inaugure aujourd’hui le terme de décembre — que le CAC 40 oscille entre 4 240 et 4 300 points.
Wall Street oscille également depuis cinq semaines au sein d’un étroit corridor. Il s’avère toutefois légèrement ascendant et garantit l’inscription d’un maximum de records absolus sans jamais donner l’impression d’une fuite en avant éperdue.
Nouvelle illustration de ce principe vendredi dernier : sans être flamboyante, la séance précédant le week-end a permis aux indices américains (+0,4% en moyenne) de pulvériser une nouvelle série de records. Les objectifs « ronds » des 16 000 (Dow Jones), 4 000 (Nasdaq) et 1 800 (S&P 500) vont cependant devoir attendre une bonne entame d’échéance décembre ce lundi pour être validés.
Cela ne devrait constituer qu’une formalité, sauf nouvelle désastreuse venant perturber la programmation algorithmique.
Nous ajouterons que les options sur le VIX expireront mardi. Il n’y a donc plus que 48 heures à tenir pour assurer le maintien de la volatilité au plancher (c’est-à-dire entre 12 et 12,4, le plus bas historique étant de 11) et encaisser toutes les primes d’assurance souscrites par qui souhaite protéger ses gains ou son portefeuille face à une déconnexion de plus en plus flagrante de la bourse par rapport à la conjoncture, présente ou future.
▪ Merci Janet !
De tels niveaux de confiance apparente traduisent un sentiment d’invulnérabilité des investisseurs. Cela bien que tous les indices soient au zénith, avec des PER voisins de 20, comme en automne 2007.
La confiance est donc redevenue hégémonique à Wall Street à la lumière de la justification du recours massif à la planche à billets par Janet Yellen. Le Dow Jones a pris 0,55% à 15 962, le S&P 500 0,4% à 1 798 et le Nasdaq 0,33% à 3 986 points.
La future présidente de la Fed, fidèle à elle-même (c’est-à-dire incapable d’identifier ou de dénoncer la moindre bulle d’actifs en 37 ans de carrière à la Fed), ne juge pas que Wall Street soit déjà entré en territoire de « bulle »… malgré des PER moyens de 20 sur le S&P et au-delà des 25 sur le Dow Transport.
Les opérateurs se réjouissaient de surcroît vendredi de plusieurs mauvais chiffres américains qui renforcent la probabilité d’une poursuite des injections « à pleine vapeur » jusqu’en mars prochain — et même au-delà.
▪ Les chiffres sont les seuls à être moroses…
La production industrielle pour octobre a diminué de 0,1% par rapport au mois précédent, selon la Réserve fédérale, alors que les économistes anticipaient une hausse. Cette baisse intervient après une progression de 0,7% en septembre, un chiffre révisé par rapport à une estimation initiale qui était de 0,6%.
L’indice d’activité manufacturière « Empire State » de la Réserve fédérale de New York a rechuté de 3,7 points en novembre pour s’établir à -2,2. Ce niveau est très inférieur aux attentes du marché : il n’était plus repassé sous la barre de zéro depuis mai dernier.
Les prix à l’importation pour octobre ont pour leur part fléchi de 0,7% d’un mois sur l’autre, d’après le département du Travail, alors que le consensus visait un recul limité à -0,5%.
En septembre, les prix à l’importation ont finalement progressé de 0,1%, après avoir été annoncés initialement en hausse de 0,2%. Or tout ce qui réduit l’inflation augmente la durée potentielle du QE3… et alimente l’espoir d’un LTRO 3 en Europe.
Tous ces chiffres ont pesé sur le dollar. Il cédait 0,2% à 1,3490/euro (il affichait encore cette parité en fin de week-end sur les places du Proche-Orient)… Cependant, le repli du billet vert ne fait pas pour autant grimper le baril de pétrole qui demeure très sage autour de 93,7 $.
Voilà l’occasion de rappeler que les vagues de repli du baril ont constamment précédé des épisodes de correction majeure sur les indices en 2000, 2008, 2011 et 2012, avec une marge de 10 semaines au minimum et 12 semaines au maximum… et la 12ème s’achevait justement ce vendredi 15 novembre.