La Fed a parlé, mais il est presque inutile de s’intéresser à ce qu’elle dit : c’est connu d’avance, et surtout… elle se trompe toujours, depuis des décennies maintenant. La question, c’est ce que les marchés vont en penser…
Mercredi était donc jour de Fed.
Il n’est même pas besoin de suivre la Fed ce jour-là, en réalité : on sait d’avance ce que Powell va dire et ce qu’il ne va pas dire. Une fois qu’on a compris la politique de base et qu’on connaît Powell, on peut tout dire à sa place.
En fait, la seule question que je me pose avant chaque intervention est celle-ci : sur quoi, dans ses élucubrations, la Fed va-t-elle se tromper cette fois ?
En tout cas, la Fed s’est réunie. Elle envisage de réduire éventuellement les achats d’obligations plus tard cette année, ou peut-être l’année prochaine… ou, au moins, elle pense que cela se fera un jour.
Jerome Powell nous a dit que les marchés n’ont rien à craindre car même si les autorités réduisent le QE, les taux d’intérêt n’augmenteront pas avant très, très longtemps.
La Fed réinvente toutes les lois économiques – même les plus fondamentales, comme celle de l’offre et de la demande : on peut réduire la demande d’actifs financiers longs sans que cela ait la moindre influence sur leurs prix !
Cette déclaration aurait peut-être plus de crédibilité si la Fed avait eu raison sur à peu près n’importe quoi au cours de la dernière décennie.
Hélas, cela n’a pas été le cas, puisque la Fed s’est trompée sur tout depuis 2011 et depuis les célèbres green shoots, les « jeunes pousses » de Ben Bernanke qui n’ont jamais grandi.
Des questions, des questions…
La seule question, ai-je dit en liminaire, est de savoir comment exactement Jérôme Powell se trompera cette fois.
L’économie ralentira-t-elle si rapidement qu’il ne pourra même pas commencer à diminuer de manière crédible la taille du bilan de la Fed ?
Ou l’économie va-t-elle réaccélérer à un point tel qu’il n’aura d’autre choix que de freiner ?
Je ne suis sûr de rien, mais je suis persuadé qu’il y a des raisons de penser d’une part que Powell n’a rien compris à la situation fondamentale de l’économie mondiale…
… D’autre part qu’il est incapable d’apprécier l’incidence du fait nouveau que constitue l’éclatement quasi volontaire de la bulle chinoise de l’immobilier…
… Et enfin, il ne peut apprécier les conséquences à venir de l’épisode spéculatif redoublé qu’il a déclenché en mars 2020.
Une expérience audacieuse
Powell à la Fed et Yellen au Trésor US sont sur le point de mener une expérience économique audacieuse sur le marché du travail américain.
Les allocations de chômage élargies ont maintenant expiré ; nous allons bientôt savoir quelles conséquences cela a eu sur le marché du travail.
Certes, il y a beaucoup d’emplois disponibles si le rapport JOLTS (sur les offres d’emploi disponibles et le roulement de la main d’œuvre) est proche de l’exactitude. Cependant, la question est de savoir s’il y a vraiment beaucoup de personnes au chômage qui auraient autrement accepté les emplois offerts en l’absence d’allocations exceptionnelles.
Je suppose que oui, mais nous ne le saurons avec certitude qu’au cours des prochains mois.
J’ai vu des recherches indiquant que la fin des prestations élargies pourrait signifier jusqu’à 300 000 emplois supplémentaires/mois au cours du reste de l’année. La moyenne jusqu’à présent cette année est d’environ 600 000/mois. Si cela est vrai, nous pourrions envisager près d’un million de nouveaux emplois/mois pour les quatre prochains mois aux Etats-Unis.
Le taux de chômage tomberait probablement bien en dessous de 5% si cela se produisait.
Comment pensez-vous que les marchés d’actions et d’obligations réagiraient à cette nouvelle ? Comment pensez-vous que Powell et compagnie réagiraient ?
A suivre…
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]