Il faut l’admettre : Mohammed Ali savait encaisser les coups.
Contrairement à Donald Trump, Dick Cheney, George W. Bush et Bill Clinton, c’était un vrai héros de guerre. Il s’est tenu droit face à ses opposants du bureau de recrutement des armées, au lieu de tourner les talons.
Et lorsque les autorités lui ont administré un crochet du droit en le traînant en justice, Ali n’a pas jeté l’éponge pour demander grâce en gémissant.
Il a plutôt utilisé une technique bien à lui : il a laissé les autorités s’épuiser à lui administrer des coups jusqu’à ce qu’il soit prêt à combattre à nouveau.
Ali aurait pu s’engager dans l’armée américaine. Il serait devenu une célébrité en uniforme, comme Elvis, assurant les relations publiques du Pentagone.
Loin de la moiteur de Da Nang et du delta du Mékong, il aurait été un parfait porte-parole et ambassadeur de l’empire émergent… aidant l’armée US à trouver des partisans pour sa guerre mort-née en Asie du sud-est.
En refusant de suivre le mouvement, Ali, champion du monde de boxe, avait tout à perdre et rien à gagner. Ce n’était qu’une question de principe.
« Je n’ai rien contre les Viet Cong », a-t-il dit.
A domicile, la « bla-bla-gentsia » l’a accusé d’être anti-patriotique.
Mais apparaît peu à peu une image bien différente de ce qu’est vraiment l’héroïsme |
Les autorités ont dit qu’il violait la loi. Mais apparaît peu à peu une image bien différente de ce qu’est vraiment l’héroïsme.
Elle pose la question de savoir si le patriotisme et les bonnes oeuvres ne sont après tout qu’une forme de lâcheté.
Mais nous avons un sujet plus profond à traiter aujourd’hui — et puis nous n’avons pas le temps de lire tous les hurlements de protestations que ne manqueront pas de nous envoyer nos lecteurs.
Au lieu de ça, nous restons en terrain sûr…
La Fed : en pleine face
Comme vous vous en souviendrez, cher lecteur, nous sommes d’avis que la Fed ne « normalisera » jamais les taux d’intérêt. Nous avons eu un quart de point en décembre — puis plus rien.
La présidente de la Fed, Janet Yellen, avait fait savoir qu’une nouvelle hausse était peut-être prévue ce mois-ci.
Et puis, vendredi, le rapport sur l’emploi US a été publié. Selon le Financial Times : « la faiblesse de la croissance de l’emploi est ‘une claque en pleine face’ pour l’économie US et l’augmentation de taux de la Fed ».
Au lieu des 160 000 nouveaux emplois attendus en mai, les emplois (hors secteur agricole) ont grimpé de 38 000, sans ajustements saisonniers.
Par ailleurs, le Bureau des statistiques de l’emploi a révisé les chiffres de mars et d’avril, administrant un nouveau coup aux optimistes de la Fed.
Quand on ne veut pas faire quelque chose, on trouve plein de raisons pour le justifier. Dans le cas présent, la Fed ne veut pas normaliser les taux.
Dans le cadre d’un étalon-or classique, les taux grimpent et baissent en fonction de l’offre et de la demande.
Lorsque l’offre d’épargne augmente, toutes choses étant égales par ailleurs, les taux devraient baisser.
Ensuite, lorsque les taux en baisse font leur travail… et que l’économie se réchauffe… la demande de crédit augmente aussi. Là encore, en partant du principe que le reste ne change pas, le prix du crédit — les taux d’intérêt — devrait suivre.
L’offre et la demande évoluent par cycles. Les taux élevés encouragent l’épargne… ce qui augmente la quantité de crédit disponible… ce qui à son tour pèse sur les taux d’intérêt.
Ensuite, les taux plus bas découragent l’épargne… jusqu’à ce que le prix du crédit remonte. Hausse, baisse… en corrigeant constamment des deux côtés. C’est ainsi que c’est censé fonctionner.
Inutile de vous rappeler que ça fait bien longtemps que ça ne fonctionne plus ainsi.
La Fed et son système bancaire créent à présent du crédit (de l’argent) à partir de rien ; l’épargne n’a plus rien à y voir |
La Fed et son système bancaire créent à présent du crédit (de l’argent) à partir de rien ; l’épargne n’a plus rien à y voir.
Le cycle « correctif » que nous venons de décrire ne fonctionne plus. Non seulement les autorités peuvent manipuler le prix du crédit… mais elles peuvent le faire durablement, déformant gravement le système entier.
Ensuite, aveugle et boiteuse, l’économie se traîne… risquant de trébucher et tomber à chaque pas.
Mme Yellen n’a aucunement l’intention de lui faire un croche-pied.
Le retournement de Yellen
Voici ce que disait la présidente de la Fed, citée par l’agence Bloomberg :
« ‘Je continue de penser que les taux directeurs devront probablement augmenter progressivement pour assurer la stabilité des prix et l’emploi maximum à plus long terme’, a dit Yellen durant un discours à Philadelphie.
Ses commentaires étaient moins spécifiques que durant ses précédentes remarques concernant une date potentielle de hausse des taux de la Fed. Le 27 mai à l’Université de Harvard, elle avait déclaré qu’une augmentation serait probablement appropriée ‘dans les prochains mois’ — des mots qu’elle n’a pas répétés ce lundi ».
Mme Yellen et ses prédécesseurs ont conduit la plus grande expérience de l’histoire en termes de planification centrale monétaire.
Depuis 1998, les banques centrales ont augmenté leurs bilans (qui servent de base monétaire au monde) de 1 600%. Et la semaine dernière, le montant total de dette s’échangeant à des taux négatifs a dépassé les 10 000 milliards de dollars.
Nous sommes accroché à notre siège, à nous demander ce qui se passera ensuite.
La normalisation ?
Non…
Janet Yellen, Ben Bernanke, Alan Greenspan — on les a appelés les « héros » du système monétaire mondial.
Est-ce vraiment le cas ? Ont-ils affronté le problème de la dette ? Ou bien ont-ils esquivé ?
A suivre…
4 commentaires
j’aime ce ton qui n’est pas langue de bois, assis sur des informations up to date, de qualité et des analyses qui mettent en perspective l’immédiateté et des comparatifs historiques..
Merci
florence
Bonjour,
J’avais déjà lu l’attitude exemplaire de Mohamed Ali,droit ds ses bottes,répondant sans se défiler aux va-t-en guerre.
Et une Maxime de la Boétie s’applique parfaitement pour ce genre d’hommes:
« Obéir c’est trahir
Désobéir c’est servir »
Du discours de la servitude volontaire.Étienne de la Boétie.
Cette phrase à été reprise par les résistants en 40.
Bill Bonner nous doit un eclaircicement.
Il s’est tenu droit face à ses opposants du bureau de recrutement des armées, au lieu de tourner les talons.
Un bureau de recrutement ne recrute que ceux qui veulent devenir militaire.
Exemple: les civiles américains qui voulaient aller combattre pour la liberation de l’Europe occupée par les nazis s’engageaient pour la duree de la guerre et cette derniere finie ils n’allaient pas combattre dans le Pacifique.
Je n’ai jamais lu ou entendu que pour la guerre du Vietnam il y a eu conscription au U.S..
En France j’ai fini mon service militaire en 1953, on m’a demande (quand je portais l’uniforme d’appelé) de m’engager pour la durée de la guerre d’Indochine ayant refusé, j’ai été démobilisé au temps voulu par la suite.
La question: quels étaient ses opposants?
Petite question.
Ce « héros » disait qu’il « n’avait rien contre les vietcongs » qui envahissaient le Vietnam du Sud, pour ne pas y aller !
Imaginons que s’il avait été recruté en 1944, pour la libération de la France, il aurait dit pareillement qu’il n’avait rien contre les nazis, serait-il toujours un « héros » ?