Powell a avoué que sa navigation astronomique était pour le moins confuse. Nous touchons probablement à la fin du cycle de resserrement.
Ca y est, le symposium des grands timoniers monétaires est fini.
Jerome Powell, qui en tant que président de la Fed préside aux destinées de la monnaie mondiale et de la croissance infinie du crédit quasi-gratuit, a parlé.
Voici les citations des pages financières de vos journaux :
Le Figaro :
« L’économie est forte. L’inflation est proche de notre objectif de 2% et la plupart des gens qui cherchent un emploi en ont un. Si la croissance forte des revenus et de l’emploi continue, de nouvelles hausses graduelles de taux des Fed funds seront probablement appropriées. »
Les Echos :
« La croissance des taux est appropriée si la croissance économique continue d’être forte […] », il y a de « bonnes raisons de penser que l’économie va continuer à être forte« , la Fed « ferait tout ce qui est en son pouvoir » pour lutter contre l’inflation.
La bonne parole constructiviste est donc bien relayée par nos journalistes consciencieux : Powell sait où il va, le grand timonier monétaire tient la barre d’une main ferme. Les marchés actions y sont allés de leur petite hausse de satisfaction.
Pourtant, en creusant ce premier discours (*), on pouvait relever des mentions plus originales, voire inquiétantes.
« Les salaires réels, surtout pour les travailleurs à salaire moyen ou faible, ont augmenté assez faiblement dans les dernières décennies.
[…]
Dans les modèles économiques conventionnels, les principales données économiques telles que l’inflation, le chômage et le taux de croissance du PIB fluctuent autour de valeurs qui sont considérées comme ‘normales’, ‘naturelles’ ou ‘souhaitables’. Le FOMC a choisi 2% d’objectif d’inflation comme une valeur souhaitable. Les autres valeurs ne peuvent pas être observées directement, ni choisies par quiconque. En fait, ces valeurs résultent d’une myriade d’interactions au travers de l’économie.
[…]
Naviguer d’après la position des étoiles peut sembler simple. Toutefois, guider la politique d’après les étoiles, en pratique, a récemment été un défi car nos meilleures estimations de la position des étoiles ont significativement changé. »
Houla ! Le grand timonier monétaire est complètement perdu, dirait-on.
Pas étonnant. Comme vous le savez, cher lecteur, nous considérons tout ce discours constructiviste comme de la foutaise.
L’économie ne se pilote pas profitablement par quelque grand planificateur. Les économies dirigistes ont toujours lamentablement échoué. Prétendre piloter l’économie en dosant la quantité de crédit est risible, prétentieux et nuisible.
Désastre monétaire assuré avec Powell
La navigation astronomique est une technique. Les étoiles ne dérivent pas et répondent à des lois physiques connues depuis Copernic et Newton ; la physique est une science véritable. Les positions des étoiles ne varient pas à l’échelle de temps humaine et une étoile a autant de psychologie qu’un bloc de granit.
Les « étoiles » par lesquelles Powell prétend se repérer dans la jungle de l’activité économique ne sont que des statistiques grossières, des « tailles uniques » censées aller à chacun et qui en réalité ne vont à personne.
Explosion d’une étoile capturée par le télescope spatial Kepler
« Le constructivisme repose sur un formidable orgueil intellectuel : pour vouloir modeler la société à sa guise, il faut évidemment supposer à la fois que l’on connaît les objectifs de ses membres – comme si l’infinie diversité de ces objectifs individuels pouvait faire l’objet d’un processus réducteur de synthèse globale – mais aussi que l’on connaît les meilleurs moyens d’y arriver, c’est-à-dire que l’on a une connaissance parfaite des processus d’interactions complexes qui composent une société. […]
Tous ces constructivistes veulent plier la réalité à leurs désirs, par des moyens nécessairement illusoires, puisqu’ils n’ont pas la connaissance, mais seulement la prétention de la connaissance.«
Pascal Salin, professeur à l’université de Paris IX Dauphine et spécialiste de la finance publique
Hélas, il nous faut subir les mauvaises décisions de Powell, Draghi et autres nuisibles.
Voici quelques étoiles d’une autre galaxie que celle des constructivistes pour vous orienter utilement.
La masse monétaire (de crédit, de dettes, c’est la même chose) sous le contrôle de la Fed a presque triplé en 20 ans. Le rythme de croissance s’est encore accéléré depuis 2008.
En neuf ans, une augmentation de la masse monétaire américaine de 75% a produit une croissance moyenne de 2%.
On sait depuis Crésus, soit six siècles avant J.-C., que l’inflation (hausse des prix généralisée) est toujours et partout causée par la monnaie. L’inflation des prix suit l’inflation monétaire avec un délai variable, parfois des décennies, mais elle finit toujours par survenir.
La hausse des prix provoque de la méfiance envers le pouvoir en place et s’emballe en hyperinflation.
L’inflation monétaire trouve elle-même son origine dans des dépenses publiques trop élevées. Les gouvernements créent de la monnaie pour faire croire qu’ils sont riches, souvent après avoir trop emprunté.
Trois mille années d’histoire monétaire montrent que l’ordre peut être rétabli en annulant les dettes souveraines et en revenant à une monnaie saine.
Cette fois, ce ne sera pas différent.
* Intégrale en anglais ici
2 commentaires
» En neuf ans, une augmentation de la masse monétaire américaine de 75% a produit une croissance moyenne de 2%. »
Le seul effet de l’augmentation de la masse monétaire c’est de maintenir les taux à un niveau artificiellement bas, par là elle est responsable d’une situation de sous épargne et donc de sous investissement en terme réel (c’est à dire en terme de nouvelles capacités productives constituées et non en terme nominal faussé par l’inflation résultant du crédit financé par la nouvelle monnaie).
Par conséquent, l’augmentation n’a généré aucune croissance et sans cette création monétaire, avec par conséquent des taux déterminés par le marché, la croissance aurait même été plus élevée.
@Sébastien :
Je suis désolé, je ne comprends pas votre remarque. La masse monétaire a permis des rachats d’actifs qui ont soutenu artificiellement l’endettement public et privé, ce qui a généré une croissance artificielle, notamment via l’économie financière.
Les taux sont par ailleurs fixé à court terme par les Banques centrales, sans lien avec la création de monnaie.
Ce qui est bizarre, c’est que vous donnez tous les arguments permettant de conclure le contraire de ce que vous concluez…