Inflation ou déflation ? La question reste importante même quand l’une des deux forces semble l’emporter et, si la Fed continue d’ignorer la moitié du problème, elle ne risque pas de prendre les bonnes décisions…
La tendance à la déflation reste prédominante parce que les conditions fondamentales de l’économie mondiales pointent vers une baisse continue de la valeur de la production, parce qu’elles contiennent de moins en moins de temps de travail.
Mais il est possible dans un monde de monnaie fiduciaire de tenter de compenser la tendance déflationniste de la valeur des productions par de la création monétaire accélérée et par la production de plus en plus de dettes.
C’est l’inflation monétaire, c’est l’avilissement de l’instrument de mesure qui s’oppose à la valeur des choses.
Inflation et déflation ne sont que les deux faces de la même pièce, dans le monde moderne. On fabrique de l’inflation monétaire afin de s’opposer à la déflation continue de la valeur des biens et des services, déflation de long terme engendrée par les progrès des savoir-faire qui rendent plus efficaces les heures de travail humain.
Le rapport entre inflation et déflation évolue
L’inflation de la monnaie est contenue en germe dans la déflation spontanée des valeurs, et c’est la dialectique entre ces deux forces qui produit la résultante que l’on constate dans le monde réel.
Mais tout est évolutif, et en particulier le rapport des forces entre déflation des valeurs et inflation des prix monétaires évolue en fonction de la période historique dans laquelle on se trouve.
Ici, il y a eu un bouleversement de ces forces relatives.
D’un côté, les forces de déflation sont le progrès des savoir-faire, la hausse de la composition organique du capital productif et la suraccumulation de capital monétaire fictif. Par ailleurs, la déflation peut se transmettre du fait de la concurrence internationale, la recherche de la compétitivité et du profit.
De l’autre, il y a la Fed, avec ses taux à zéro et sa création monétaire.
Cependant, comme l’affirmait récemment l’analyste Lance Roberts dans un article publié sur le site Seeking Alpha, notamment en réaction à l’annonce par Jerome Powell qu’il pourrait finalement changer de politique monétaire très vite en 2022 :
« Le problème pour la Fed est qu’elle pourrait bien commettre une autre erreur de politique en augmentant les taux d’intérêt précisément au mauvais moment.
Les trois D (dette, démographie et déflation) continuent de suggérer que l’inflation cédera la place à la déflation, que la force économique s’affaiblira et que les investisseurs trop zélés se retrouveront à nouveau avec de lourdes pertes. »
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]