▪ Pauvre Fabulous Fab.
Le jeune Fabrice Tourre a fréquenté toutes les bonnes écoles parisiennes. Il devait être bon en maths, parce qu’il a été admis à Stanford. Ensuite, il est allé de l’avant, et vers le haut… Il a un décroché un emploi chez Goldman Sachs. Il gagnait des millions. Sa petite amie lui écrivait pour lui dire combien elle aimait se blottir dans ses bras.
Puis, au tendre âge de 31 ans, pan dans les dents !
Ses jolis produits dérivés ont perdu 85% de leur valeur en cinq mois seulement, ses clients l’ont mal pris, et voilà qu’il se retrouve avec une meute de sénateurs à ses trousses.
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La baisse boursière pourrait reprendre du jour au lendemain… Réagissez !
Une forme d’investissement bien particulière a permis à une poignée d’investisseurs d’engranger des gains de l’ordre de 67,76%, 67,05%, 71,88%, 43,33%, 71,21% et 49,02%… alors même que les marchés connaissaient des difficultés extrêmes.
Pour découvrir comment réagir face à la débâcle qui menace en profitant des baisses, continuez votre lecture… mais agissez dès maintenant : les marchés, eux, n’attendront pas.
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Les tortionnaires du Sénat US n’avaient pas la moindre idée de ce que Fabulous Fab manigançait. Ils ne sauraient pas distinguer un produit financier dérivé d’une boîte à fusibles. Mais ils savent que quelque chose a mal tourné. Ils savent que le public veut voir rouler des têtes. Et ils savent que les projecteurs sont allumés et que les caméras tournent.
Le moment est bien choisi pour impressionner les rustauds de leur circonscription. Qu’on mette une pointure de Wall Street au pilori, et qu’on la passe à la moulinette. En plus, c’est un Français ! Quel coup de chance.
I-N-D-I-G-N-A-T-I-O-N ! Les sénateurs ont été choqués — choqués ! — de découvrir que Fab… et Goldman… cherchaient à gagner de l’argent. Peut-être pensaient-ils que Goldman était un service public, comme le chemin de fer ou la poste. Les services gouvernementaux ne fonctionnent pas très bien, se sont-ils peut-être dit, mais au moins ils ne gagnent pas d’argent !
Oui, les sénateurs peuvent feindre l’indignation lorsqu’elle est requise. Mais de quoi s’offusquent-ils tant ? C’est une autre question. Qui sait et qui s’en soucie ! L’essentiel, c’est que les électeurs veulent les voir crucifier ce petit Français… et ils vont en faire un beau spectacle.
Si l’on en juge par les médias, tout le monde a joué le jeu mardi. Les sénateurs étaient indignés. Le gars de Goldman a nié toute mauvaise action… mais a regretté avoir envoyé des e-mails. Alors que les sénateurs faisaient semblant d’être scandalisés, les regrets du Français étaient certainement sincères. De même pour ses dénégations. Parce qu’il est en fait difficile de savoir ce dont il est coupable. Oui, il a pris ses clients pour des pigeons, et alors ? C’est tout l’objectif de la Fab Finance — gagner de l’argent… puis refiler le risque à quelqu’un de trop bête pour savoir ce qu’il fait. Ensuite, lorsqu’il craque… et que tout le système craque… les sénateurs arrivent pour renflouer tout le monde.
Du point de vue de Fab — et du nôtre — si vous trouvez des banquiers et des hedge funds assez bêtes pour prendre vos contrats dérivés sans se demander ce qu’ils contiennent, vous rendez service à la nation en les séparant de leur argent. Mieux vaut que le cash finisse entre les mains de quelqu’un qui sait quoi en faire — comme Fabulous Fab en personne.
▪ Maintenant, imaginons que Fabulous Fab mette la main sur une grosse somme. Et imaginons qu’il ne soit pas d’humeur à parier sur ses propres dérivés crétins… ou à trouver un pigeon à qui les vendre.
Que ferait-il avec l’argent ?
Ah… Là, il devrait fermer son journal, éteindre sa télévision et réfléchir profondément à ce qui se passe vraiment dans le monde. Oubliez le cirque qui entoure Goldman. Oubliez les actualités. Oubliez même "l’information" provenant des marchés.
A présent, il est temps de penser. On parle de véritable argent… pas de jetons de casino.
Fab n’est pas un idiot. Il observerait probablement ce qui se passe avec la dette grecque… et il se méfierait de toutes les obligations gouvernementales. Après tout, les finances grecques ne sont pas si différentes de celles d’une demi-douzaine d’autres pays — dont les Etats-Unis d’Amérique. Il est vrai que les problèmes de la Grèce poussent les investisseurs vers la sécurité relative des Etats-Unis… ce qui réduit les coûts de l’emprunt pour les Etats-Unis et facilite la tâche des autorités cherchant à financer leurs dettes.
Mais on ne peut résoudre le problème d’une dette publique excessive par des taux d’intérêt bas et plus de dettes. Les Etats-Unis finiront par se retrouver confrontés au même problème que les Grecs. Sauf que le problème américain est encore plus énorme… et il n’y a pas de pays plus gros et plus riche pour les renflouer.
Fab réfléchit à tout ça… Il en déduit que les taux de prêt US pourraient baisser à court terme, mais à long terme, les autorités américaines sont dans la même impasse — elles doivent emprunter de plus en plus d’argent simplement pour rester à flot. Et les prêteurs finiront par vouloir des taux d’intérêt plus élevés. Il ne se passera pas beaucoup de temps avant que Moody’s ou Standard & Poor’s passent au peigne fin le bilan comptable américain à son tour.
On a appris cette semaine que les agences de notation pourraient dégrader une nouvelle fois l’Espagne, le Portugal et l’Irlande. Et Reuters a rapporté que la dette grecque à elle seule coûterait aux investisseurs obligataires 265 millions de dollars si la Grèce faisait défaut sur le paiement de ses prêts.
La Grèce aujourd’hui. Puis l’Espagne. Puis l’Irlande. Puis la Grande-Bretagne. Puis les Etats-Unis.