Les excès de production – une forme de surcoût et de gâchis pour le secteur de l’énergie – font partie des raisons de la hausse des prix de l’électricité en cours.
Des plongeons de prix de l’électricité tirent le prix du MWh jusqu’à 0 euros, voire moins.
La cause provient de la hausse de la quantité de production des renouvelables au fil du temps (le graphique ci-dessous montre la part de production par source d’énergie, dans l’UE).
L’éolien dépasse à présent le charbon et le gaz. Le solaire approche du niveau du charbon. La part du nucléaire baisse au fil des années.
En principe, une baisse des prix, en réponse à une hausse de production pour un bien, comme l’électricité, fournit plus de pouvoir d’achat au particulier.
Par contre, dans le cas de l’électricité, les prix chutent lors de périodes de manque de demande, lors des jours de congés pour les employés d’usines, par exemple. Ensuite, les prix reviennent à la normale lors de la reprise de la demande.
Ainsi, peu de gens tirent profit des périodes de chute. Les usines tournent au rythme de la journée de travail – pas les aléas des prix du courant. Par contre, les baisses de prix d’électricité créent des pertes de revenus pour les producteurs. De plus, lors des baisses de prix en dessous de 0 euros, les producteurs paient des frais au réseau sur l’excès de production !
Des prix négatifs créent plus de coûts pour le secteur de l’électricité et le réseau de distribution. En principe, les baisses de prix réduisent la production. Par contre, la baisse de production de courant, et la remise en marche des centrales, entraînent aussi des coûts.
Un économiste explique à La Croix :
« [Il] est parfois plus coûteux, voire compliqué, d’arrêter une installation pour la redémarrer ensuite. Dans certains cas, il est plus rentable de payer pour continuer à produire. »
Le graphique ci-dessous montre le prix de l’électricité en France, sur un an, selon l’indice Epex.
Comme vous le voyez, les prix plongent dans le négatif, lors de périodes de baisse de demande ou de hausse de la production. Par exemple, vous pouvez voir aussi un effondrement des prix en janvier, en raison de la production des éoliennes. Les chutes de prix ont aussi lieu durant les mois d’été, en raison de la production du solaire en journée.
Le graphique ci-dessous montre l’évolution du prix du courant (pour le marché du gros) sur un mois.
Les prix chutent à 0 euros, au cours des fins de semaines. Ils plongent en particulier la journée du 12 mai (le dimanche après l’Ascension, jour de congés à travers le continent). Le plongeon a lieu en raison d’une chute de la demande du courant, partout dans la zone.
Les prix en dessous de 0 euros – des excès de production par rapport aux capacités de distribution et de consommation du réseau – arrivent de plus en plus fréquemment. Ils représentent une surproduction par rapport à la demande et des coûts pour le réseau (le courant a une valeur négative sur le marché).
La Croix rapporte :
« Avec la montée en puissance des énergies renouvelables intermittentes, il y a de plus en plus de périodes où les prix de l’électricité passent en dessous de zéro euro. En avril, le phénomène a ainsi été observé tous les week-ends, en France comme chez nos voisins. La situation inquiète les grands acteurs du marché. »
Le problème prend plus d’ampleur avec la hausse des capacités des renouvelables. Le journal continue :
« Rien qu’entre le 1er janvier et le 30 avril 2024, la France a totalisé 167 heures de prix négatifs de l’électricité, sur le marché spot, qui représente environ 30% des échanges dans l’Hexagone, contre 190 heures en 2023. Chez nos voisins, en Allemagne, en Belgique ou en Suisse, la tendance est la même. Sur les quatre premiers mois de l’année 2024, l’Espagne est déjà à 400 heures de prix négatifs, quasiment quatre fois plus que sur l’ensemble de l’année dernière. »
Signal d’échec des renouvelables
Le directeur du réseau de distribution, le groupe RTE, voit un problème chez les producteurs. Pour lui, les variations de prix requièrent une réponse chez les producteurs d’électricité.
Le directeur, Mathieu Pierzo, explique à Ouest-France :
« Le fait que les épisodes de prix négatif soient plus nombreux en France, comme c’est le cas dans toute l’Europe, n’est pas un problème en soi. Le prix négatif est un signal que donne le marché pour que les producteurs qui le peuvent cessent de produire. »
En effet, le signal de prix indique un problème d’excès de production, lors des périodes de manque de demande ou de hausse de la production des renouvelables.
Or l’excès de production a lieu en conséquence de garanties et subventions aux renouvelables.
Les prix en-dessous de 0 euros indiquent ainsi un problème avec l’usage de plus de renouvelables. Par contre, les programmes des gouvernements empêchent la réparation de la situation – la réduction de la part des renouvelables dans la production d’électricité.
Au contraire, le gouvernement et la presse y voient un signe de réussite – un argument pour plus de subventions aux renouvelables !
Les renouvelables ont encore beaucoup de croissance en vue, selon les projets des dirigeants.
Le graphique ci-dessous montre la part de renouvelables dans la production du continent, à 2022, et les projections pour le secteur, à 2030.
Ils visent un doublement de la production de renouvelables à la fin de la décennie, par rapport à 2022 : ils ont pour objectif une part de marché de 45% pour les renouvelables.
Les surcoûts, en raison des périodes d’excès de production, font partie des problèmes des renouvelables.
Un rapport de chercheurs en Allemagne, à l’université de Nuremberg, prévoit donc des hausses du prix du courant, en raison des aléas de production par les renouvelables. Clean Energy Wire rapporte :
« Les prix de l’électricité en Allemagne ne devraient pas baisser dans l’avenir proche, en dépit des prévisions selon lesquelles la mise en place des renouvelables pourrait mener à une électricité moins chère, explique le conseiller au gouvernement, Veronika Grimm, de l’université de Nuremberg. Tandis que le coût moyen de la production de l’éolien, du solaire photovoltaïque, et d’autres renouvelables (en coûts équivalents estimés), sont en baisse au fil des années, des facteurs tels que l’intermittence de la production, et la production d’appoint lors du manque d’éolien et de solaire, signifient qu’un réseau fiable d’électricité va coûter au moins aussi cher qu’actuellement. »
Les excès de production – une forme de surcoût et de gâchis pour le secteur de l’énergie – font partie des raisons de la hausse des prix de l’électricité en cours.
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15 commentaires
Je sais que cela va faire bondir, mais ceci prouve surtout que l’énergie est bien un secteur qui ne devrait pas être traité comme les autres. Le problème ne vient pas de l’échec des renouvelables, il y a réussite puisqu’augmentation de la production et baisse des couts de production. L’échec est sur le modèle financier qui sous-tend cette « réussite ». Il faudra bien trouver une solution (si possible autre autre la nationalisation) pour que la production de ce bien « commun » et essentiel qu’est l’énergie ne soit pas soumis à la seule loi de la rentabilité à tout prix (c’est le cas de le dire). Vœu pieu… L’autre piste de solution est et reste le stockage, mais cela n’intéresse pas vraiment grand monde, pourtant avec l’intermittence du renouvelable il faut (faudra) absolument avancer sur le sujet. Surtout quand la populace, qui n’écoutera pas les arguments techniques et financiers, descendra de nouveau dans la rue pour tout saccager, mécontente de payer pour la non réflexion/préparation des têtes pensantes politiques et financières.
pourquoi ne pas faire l’électrolyse de l’eau pour récupérer l’hydrogène avec la production excédentaire et avec les procédé Mc phy , faire des station à hydrogène alimentant des véhicules motorisés à Hydrogène, ou des turbines à hydrogène pour les période creuses,
tout vient à mon avis de la concurrence exacerbée des fournisseurs de factures
un problème d’organisation qui réclame un véritable service public au niveau européen tel qu’il a existé pour EDF au moment du programme d’électrification nucléaire .
Une solution évidemment interessante. Reste à connaitre le mode de stockage de cette h2. Pour le reste, le rendement des électrolyseurs et des piles à combustible ne fait pas encore rêver .
Tout à fait d’accord pour pousser l’hydrogène au lieu de l’esbrouffe de la voiture électrique. Mais je ne vois pas ce que la nécessité d’un service public vient faire là-dedans, voir la réussite éclatante de l’EPR de Flamanville par notre opérateur national! Laissez plutôt faire l’Air Liquide ou autres sociétés privées bien gérées!
Il faut croire que vous n’avez pas bien lu la note ainsi commentée et que vous n’avez pas regarder la trop faible efficacité de la production d’hydrogène vert ou le surcoût avec les technos actuelles du stockage de l’électricité.
On ne peut que bondir au vu des commentaires ci-dessus : l’hydrogène en tant que vecteur de stockage est une absurdité énergétique abondamment démontrée : cela ressort des lois fondamentales et incontournables de la thermodynamique,. Il en va de même pour toute utilisation de l’hydrogène comme vecteur d’énergie. L’hydrogène est un (énorme) problème et pas du tout une solution ; la seule utilisation logique de l’hydrogène « vert » (si tant est qu’on arrive à en faire un jour, ce qui est peu probable vu le total manque d’économie de ce type de production) est de remplacer l’hydrogène « gris » dans les utilisations où les vertus chimiques de la molécule d’hydrogène sont précieuses : fabrication d’ammoniaque pour les engrais, désulfuration, fabrication d’acier …
Ceci étant des moyens de stockage de l’énergie existent (batteries bien sûr, hydro pompage, …) mais en quantité probablement appelée à rester bien trop faibles par rapport aux besoins générés par la croissance des énergies dites renouvelables (qui ne le sont d’ailleurs pas puisque les éoliennes et panneaux solaires ont une durée de vie limitée) ; aussi l’utilisation des énergies fossiles (centrales à gaz en particulier, dont la réactivité est élevée) va-t-elle en pratique de pair avec la croissance des ENR ; celles-ci imposent donc un investissement double, payé par le consommateur sur sa note d’électricité et non par le producteur d’ENR, ce qui est une hérésie.
C’est cela le problème qui est créé par la tarification absurde de l’électricité au prix du marché instantané. Si l’on pouvait imposer aux producteurs d’ENR de fournir de l’électriocoté 24/24 qu’il y ait ou non du vent ou du soleil, c’est à dire de faire face à la demande et non se contenter d’une offre aléatoire et décorrélée des besoins, on ferait un grand pas en avant
Un moteur thermique à hydrogène aurait un rendement similaire à celui d’un diesel et une turbine celui d’une turbine à vapeur fonctionnant au charbon donc environ 40% , ce qui fait 60% de pertes . Il y a aussi des pertes quand on pratique l’électrolyse car l’eau pure n’est pas un bon conducteur. Donc 2 pertes successives pour le cycle électricité-hydrogène-électricité, qui s’ajoutent à celles du transport/transformation entre les éoliennes et l’usine d’électrolyse …
Il faut utiliser l’énergie exédentaire pour miner du Bitcoin.
https://www.youtube.com/watch?v=Q3XYPoI1WMs
= preuve à l’appui sur l’utilité du minage de bitcoin pour « résoudre » le problème de gestion du réseau électrique
Article intéressant, JP. Le commentaire de VERPEAUX mériterait approfondissement.
Le commentaire de VERPEAUX mérite approfondissement.
Commentaire de VERPEAUX à approfondir
Le commentaire de VERPEAUX est très intéressant. Dans son exposé, il suggère de remplacer le gris par du vert et d’utiliser les excédents pour la mobilité. C’est évidemment ainsi qu’il nous faudra agir, mais sachant que le gris représente 80 millions de tonnes par an, nous ne sommes donc pas prêts de rouler à l’H2. Parallèlement au vert, il existe de grosses réserves d’hydrogène blanc dans le monde dont l’un des premiers gisements est en Alsace. Le problème, c’est que nous n’avons pas encore défini la méthode pour l’extraire. C’est dommage, on parle de 280 millions de tonnes.
Pour le reste, ne désespérons pas… Des chercheurs travaillent sur de nouveaux processus. Après l’H2 noir, gris, vert, jaune, rose, bleu, et turquoise, on parle désormais de l’hydrogène orange. On ne le produit qu’en laboratoire (en France) de façon expérimentale, mais cela reste prometteur.
La surproduction à écréter qui fait tant hurler les naïfs….c’est 60% de la production permanente du nucléaire comme celui de toutes les machines thermiques…. mais quand on y est habitué depuis toujours on l’oubli et là, ce n’est pas scandaleux !
Par ailleurs, ce n’est pas parce que les PPV et les éoliennes ont une dutrée de vie limitée qu’ils ne sont pas renouvelables. Il n’existe aucun dispositif qui soit éternel et n’ayant pas besoin d’être remplacé. En revanche, les matériaux dont ils sont fait sont toujours recyclables pour en faire de nouveaus. Nous sommes dans une période où les métaux de récupérations que l’on pourrait en tirer pour en faire de nouveaux coûtent plus chers que les mêmes issus du secteur minier car pour ces derniers les filieres de production, et raffinage sont bien établies et efficaces alors que les circuits de récupérations et de recyclages des anciens matériels obsoletes ne sont pas encore bien établis mais cela changera quand les ressources minieres seront proches de l’épuisement alors que les matériels réformés seront réciproquement importants en nombres.
Renouvelable veut dire que la source exploité est intarissable ce qui est bien le cas du rayonnement solaire et du vent, contrairement au charbon, pétrole, gaz, uranium qui sont ransformés en chaleur et ne se régénere pas à la vitesse où on les consomme. D’ailleurs, l’uranium est même le seul qui ne soit pas renouvelable quelque soit le temps qu’on lui accorde pour se régénérer, car c’est un héritage de la création de la planète qui ne se referra pas.