La Chronique Agora

L’euro, une fausse bonne idée (2/2)

Si les tensions se multiplient en interne autour de l’euro, peut-être que la monnaie unique nous sert efficacement de bouclier en externe ? Pas franchement…

Comme nous l’avons vu l’euro est, pour les pays qui y ont adhéré, souvent contre l’avis des peuples, de la même nature que le franc CFA pour les pays africains – soit un outil de domination par la France dans le cas du CFA, et par l’Allemagne et surtout par Bruxelles et une autoproclamée élite européiste dans le cas de l’euro.

L’euro avait aussi été annoncé comme un concurrent au dollar. Là encore, le fantasme n’est pas devenu réalité. Alors qu’il a représenté jusqu’à 28% des réserves de banques centrales, il ne représente plus aujourd’hui que 21% environ contre près de 70% pour le dollar américain.

D’après un think tank allemand, le Centre de politique européen (CEP), la France serait, avec l’Italie, le pays qui aurait le plus pâti de l’adoption de l’euro faute de réformes. La France aurait perdu 3 591 Mds€, l’Italie, 4 325 Mds€, soit 56 000 € par Français et 73 600 € par Italien entre 1999 et 2017. A contrario, les Allemands auraient gagné 23 000 €.

Si l’on ramène ces montants qui ne doivent pas vous évoquer grand-chose au niveau individuel, cela représente une perte de pouvoir d’achat de 200 € par mois sur 20 ans pour chaque Français.

Honnêtement, je ne sais pas ce que l’on peut accorder comme crédit à ce genre de calculs mais tout un chacun se rend compte que l’inflation annoncée officiellement ne correspond en rien à l’inflation du coût de la vie, et que donc nous avons perdu depuis 20 ans du pouvoir d’achat. 200 € par mois, cela représente 11% du salaire médian de 1 800 €. C’est probablement un des éléments déclencheurs du mouvement des gilets jaunes.

Une piètre protection

On entend souvent que l’euro nous a protégé, notamment de la crise de 2008 et des vilains spéculateurs. J’en déduis que les pauvres pays qui n’avaient pas l’euro pour monnaie sont économiquement à l’article de la mort.

La Pologne, la Suisse, la Norvège, la Suède, le Danemark, le Royaume-Uni sont donc à l’agonie et personne ne nous en a parlé. Plus loin, la Corée du Sud, elle aussi, a dû faire faillite et personne n’est au courant.

Au passage, tous ces pays ont plus de croissance que la Zone euro depuis 2008. Encore raté ! L’euro empêche-t-il les spéculateurs de spéculer ? Sans commentaire !

Quand on ne peut plus spéculer sur la lire, le franc, la drachme ou la peseta, on spécule sur les taux d’intérêts, c’est tout aussi drôle !

Résistance… ou pas

Il paraît aussi que l’on est plus fort à plusieurs que tout seul. Cela est vrai lorsque tout le monde a le même objectif et que l’on pousse tous dans le même sens ! Ce n’est pas un ancien joueur de rugby qui vous dira le contraire.

De nombreux économistes, ceux qui ont un cerveau, dont de nombreux prix Nobel, sont aujourd’hui d’accord pour dire que les jours de l’euro sont comptés.

Seuls les politiques continuent d’ignorer cette évidence qui évidemment interfère quelque peu avec leurs projets de carrière. Il faut savoir que les instances européennes servent à reclasser les plus incompétents d’entre eux à des salaires indécents (26 000 € bruts par mois plus diverses indemnités qui le portent à plus de 30 000 € en ce qui concerne le champion Moscovici) sans aucun risque de sanction puisqu’ils ne sont pas élus.

Il est évident que rien n’est plus dangereux qu’une explosion non contrôlée de la Zone euro, mais il est malheureusement peu probable que cela se passe autrement.

Personnellement, je pense que le gouvernement italien, qui a soufflé le chaud et le froid depuis les élections, est en fait en train de préparer sa sortie tout en faisant en sorte que ce soit la Commission européenne qui en porte la responsabilité.

C’est le pays, après la Grèce, qui est dans les meilleures dispositions, quoique très différentes, pour sortir de l’euro. L’Italie est en excédent commercial, en excédent budgétaire primaire (avant paiement des intérêts de la dette) et sa dette est en grande partie détenue par les instances européennes.

Ce qui précède ne veut pas dire que la sortie n’aura pas de conséquences négatives sur les Italiens, mais que toutes les conditions sont réunies pour que les inconvénients soient minimes.

Quoi qu’il arrive, il vaut mieux être le premier à sortir et s’y être préparé.

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