Inflation « séculaire », voitures inabordables et explosion du nombre de sans-abri.
« […] et aux yeux du peuple, il y a l’échec ; et aux yeux des affamés, il y a une colère grandissante. Dans l’âme des gens, les raisins de la colère se remplissent et s’alourdissent, s’alourdissent pour le millésime. »
~ John Steinbeck, Les Raisins de la colère
Le contenu informatif des actualités de la semaine dernière était faible. Nous avons appris que l’inflation poursuit son très modeste déclin. Mais l’inflation « de base », c’est-à-dire à laquelle on retire l’énergie, et les denrées alimentaires, est toujours supérieure à 5%… et l’inflation « persistante » – qui comprend le prix des éléments qui n’évoluent pas très vite, comme les loyers, les assurances et les soins médicaux – continue à persister. Elle n’a pas beaucoup baissé.
Mais l’« inflation » n’est pas un accident. Il s’agit d’une politique gouvernementale. Elle a un but. Et voilà que la colère gronde.
Voici comment les choses se sont passées.
L’inflation « séculaire »
Si l’indice des prix à la consommation a baissé, la nature de l’inflation a changé. Le premier choc inflationniste, qui a eu lieu à la fin de l’année 2021, est probablement le résultat des échecs de 2020. Les hommes politiques, tant au niveau fédéral qu’au niveau des Etats, et notamment Donald Trump, ont profité de la panique provoquée par le Covid pour injecter des milliers de milliards de dollars dans l’économie. Chèques en bois, prêts jamais remboursés, primes de chômage (vous receviez plus d’argent que lorsque vous étiez au travail), suspension des remboursements des prêts hypothécaires et des prêts étudiants, etc., etc. – les poches des consommateurs étaient remplies d’argent.
Le problème, c’est que les autorités ont également fermé les théâtres, les restaurants, les croisières, les parcs d’attractions, les plages publiques et tous les endroits où les gens allaient pour dépenser de l’argent et s’amuser. Leurs options étant limitées, les gens ont commandé des « choses » sur Amazon. Et, tout d’un coup, il n’y a plus eu assez de produits pour satisfaire les commandes. Les prix ont augmenté.
Mais cette première vague d’inflation a touché la promenade littorale il y a plusieurs mois. Ce que l’on voit maintenant, ce sont des vagues d’inflation « séculaire », plus petites, mais plus persistantes. Nous supposons que le mot « séculaire » a été choisi parce que les économistes ne savaient pas comment appeler ce phénomène autrement. Appliqué à l’inflation, il signifie que les sources d’augmentation des prix sont difficiles à identifier et semblent provenir de nombreuses directions différentes.
Voici un exemple de ces vagues, présenté par le Washington Post :
« Les voitures neuves, qui faisaient autrefois partie intégrante du rêve américain, sont désormais hors de portée pour une majorité de personnes.
Alors même que l’inflation s’atténue et que les pénuries mondiales de puces commencent à se résorber, de plus en plus d’Américains sont exclus du marché des voitures neuves, d’après les données du secteur et du gouvernement. Les dépenses consacrées aux voitures neuves par les 20% de personnes les moins bien rémunérées sont tombées à leur niveau le plus bas depuis 11 ans. Dans le même temps, les dépenses pour les voitures neuves des 20% de personnes les mieux rémunérées ont atteint le niveau le plus élevé jamais enregistré depuis 1984, selon les données les plus récentes de l’enquête sur les dépenses de consommation de 2021, non corrigées de l’inflation. »
Que s’est-il passé ? Le prix de l’acier a-t-il augmenté ? Celui des puces de silicium ? Du caoutchouc ?
Les constructeurs automobiles sont-ils devenus soudainement trop gourmands ? Ou bien les coûts de financement font-ils que les nouvelles voitures sont désormais hors de portée des personnes qui en ont besoin ?
Et il n’y a pas que les voitures qui deviennent inabordables.
Explosion des « Bidenvilles »
La maison moyenne se vend à 450 000 $. Un prêt hypothécaire moyen, à un taux d’intérêt de 6,5 %, coûterait environ 30 000 $ par an, rien qu’en intérêts. Or, le revenu moyen d’un ménage n’est que d’environ 75 000 $. Une famille moyenne peut-elle s’offrir une maison moyenne ?
Selon le site Economic Collapse :
« Les campements de sans-abri se multiplient partout aux Etats-Unis, à mesure que les loyers augmentent et que les expulsions se multiplient.
Partout aux Etats-Unis, des communautés sont envahies par de gigantesques campements de sans-abri, mais nous sommes censés croire que c’est tout à fait normal. L’administration Biden s’efforce de nous convaincre que l’économie se porte bien, même si de nombreuses entreprises parmi les plus importantes procèdent actuellement à des licenciements massifs et même si, selon la société Challenger, Gray & Christmas, le nombre de suppressions d’emplois au cours des trois premiers mois de cette année a augmenté de 396% par rapport à la même période de l’année dernière.
Comme en 2008 et 2009, un grand nombre de personnes qui ont perdu leur emploi ou leur entreprise se retrouvent à la rue et, par conséquent, les campements de sans-abri explosent d’un bout à l’autre du pays. »
Les économistes peuvent étudier ce qu’ils veulent. Ils peuvent retracer les augmentations de prix tout au long de la chaîne d’approvisionnement et expliquer pourquoi acheter une Chevrolet n’est plus aussi bon marché qu’avant. Mais ils feraient mieux de s’intéresser à la chaîne de la demande, et plus précisément aux maillons sur lesquels les politiciens ont apposé leurs empreintes digitales.
Nous y reviendrons… ainsi que sur la façon dont l’inflation détruit les familles américaines qui travaillent dur, pour lesquelles les politiciens prétendent travailler.