▪ La fin de semaine a été bien mauvaise pour les indices boursiers occidentaux qui s’avèrent incapables de matérialiser le moindre rebond technique se prolongeant au-delà d’une demi-séance.
Le CAC 40 qui avait culminé vendredi matin vers 3 860 points (2,1%) s’est retrouvé au contact des 3 800 points dès 14h15 (le score annuel redevenant négatif) avant de finir complètement déprimé à 3 785 points.
L’Euro-Stoxx 50 (-0,55%) a d’ailleurs inscrit sa plus mauvaise clôture de l’année à 2 715 points (contre 2 721 points le 16 mars dernier).
Des optimistes invétérés s’empresseraient d’affirmer que nous n’avons jamais été aussi proches d’assister à un rebond en double creux à 3 mois d’intervalle. Mais l’état d’esprit sur les marchés a clairement changé depuis le début du mois de juin.
La séance de vendredi a démontré que les bonnes nouvelles n’ont plus d’impact sur la tendance. Les opérateurs ont à peine salué l’amélioration du climat des affaires en Allemagne au mois de juin.
▪ L’IFO remonte de 114,2 à 114,5 alors même que les économistes tablaient en moyenne sur un repli à 113,7 ; mais personne n’avait oublié la chute de l’indice ZEW la veille, laquelle trahissait une forte dégradation de la confiance des chefs d’entreprise allemands.
Il est d’ailleurs assez curieux que deux enquêtes mesurant le sentiment conjoncturel réalisées auprès des mêmes acteurs économiques, au cours de la même période, donnent des résultats aussi diamétralement opposés.
Ou alors, il existe une tradition non écrite qui veut que l’on exprime initialement sa mauvaise humeur et son pessimisme auprès des statisticiens de ZEW ; et une fois que l’on a vidé sa bile, on fait étalage de tout son optimisme après de des enquêteurs de l’IFO.
▪ En France, c’est l’INSEE qui mesure la confiance des ménages. Elle reste stable à 83 ce mois-ci alors que les banques observent symétriquement une désaffection des particuliers pour la Bourse et une baisse sensible de la confiance des gérants institutionnels.
Pour synthétiser ces enquêtes, plus les ménages seraient confiants dans l’avenir, moins ils investiraient en Bourse et plus les milieux financiers verraient émerger un sentiment de malaise sur les marchés.
Un malaise alimenté vendredi dernier par deux facteurs bien concrets. Il s’agit de l’échec d’une levée de fond (un milliards d’euros) d’une banque italienne — alors que Moody’s menace de dégrader la note des 18 plus grands établissements de crédit du pays — survenue alors qu’enflait la rumeur selon laquelle les banques américaines ne souhaiteraient plus prendre le moindre risque avec leurs homologues européennes exposées au risque grec.
Des banques et assureurs français se son engagés à souscrire volontairement aux futures émissions obligataires d’Athènes. Mais il subsiste un risque de voir le roll-over qualifié de défaut de paiement par les agences de notation.
▪ C’est pourquoi Bercy élaborait ce week-end un nouveau plan susceptible de désamorcer ce risque en plaçant les agences devant une situation ambiguë. Non seulement le roll over serait volontaire (ce qui faisait sourire beaucoup d’économistes) mais il serait également partiel (exit la règle du 1 pour 1).
Les banques rachèteraient seulement 70% de nouvelles émissions, dont 50% d’emprunts ayant une durée de 30 ans « collatéralisés » et 20% de dette sécurisée remboursables in fine (sans versement de coupon jusqu’à l’échéance).
Autrement dit, la solution française débouche sur un allongement considérable des maturités et une forte réduction du service de la dette. Un véritable rêve de polytechnicien et un cauchemar pour les censeurs des agences de notation.
Allez démontrer qu’il s’agit d’une restructuration déguisée et que la Grèce n’aura pas les moyens de rembourser : tout le monde le pressent. Mais allez le prouver avec de simples formules mathématiques classiquement appliqués aux calculs prudentiels.
Si les agences décidaient de s’en prendre à l’Amérique, elles pourraient prendre prétexte des dernières déclarations du secrétaire au Trésor qui voit les Etats-Unis aller droit dans le mur.
▪ Timothy Geithner pose ouvertement la question, partant du constat que les Etats-Unis n’ont plus les moyens de relancer leur économie par la dette.
Il ajoute que les effets des plans de relance mis en place en 2009 s’estompent de façon radicale. Preuve que le climat boursier a radicalement changé en huit semaines de repli, même de bons chiffres américains ne parviennent même plus à remotiver les acheteurs.
Les commandes de biens durables ont augmenté plus que prévus en mai (+1,9% après -2,7% en avril) mais les commandes aéronautiques représentent l’essentiel de cette embellie.
La croissance au premier trimestre 2011 a été légèrement révisée (+0,1%) à la hausse en seconde estimation, soit +1,9% en rythme annuel.
La séance de vendredi a prouvé la vulnérabilité des marchés américains à des facteurs qui étaient totalement négligés en début d’année. La crise immobilière qui s’éternise, la situation grecque, les besoins en capitaux des banques européennes. Les stress test quant à eux ne tiennent même pas compte d’un défaut de la Grèce et ils ne s’annoncent déjà pas brillants.
▪ Les indices américains ont replongé vendredi sous leurs récents planchers du mois de juin. Le Nasdaq (-1,25%) et le Nasdaq 100 (-1,7%) ont effacé la totalité de leurs gains annuels ; S&P 500 (-1,17%) aligne une septième semaine de repli sur une série de huit et le Dow Jones (-0,65%) chute de 0,6% après un modeste +0,45% la précédente.
Soit un rebond s’enclenche, soit la capitulation de Wall-Street n’est plus très loin.
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