▪ Votre correspondante est dans les cartons. Jusqu’au cou.
Elle a les doigts pleins de coupures (le tranchage de gros ruban adhésif brun au cutter, c’est tout un art…), les vertèbres en marmelade et les biceps en compote.
« Trop de livres ! », marmonne-t-elle à chaque nouvelle caisse de bouquins qui vient prendre sa place sur la pile qui grandit et grandit dans son couloir.
« Trop de chaussures ! » gémit-elle derechef devant les boîtes qui s’accumulent au pied de son lit sans qu’on puisse en voir la fin.
« Trop de cuillers ! » se lamente-t-elle enfin, parce qu’à par les livres et les chaussures, elle a tout le reste en quantité raisonnable… mais il fallait bien trouver quelque chose : une énumération se limitant à deux éléments, ce n’est guère élégant dans un texte écrit.
Un déménagement, ce n’est pas une partie de plaisir.
▪ Tout de même, il y a des compensations : on fait le tri, on jette des vieilleries d’un côté, d’un autre on redécouvre des trésors oubliés, il y a cette sensation de repartir de zéro (ou presque)…
Si seulement on pouvait faire la même chose avec l’économie !
Imaginez ! On met toutes les dettes, les déficits, les bad banks, les investissements boiteux et le reste dans des cartons, on se débarrasse de tout ça… pour aller s’installer dans un système tout beau tout propre, avec uniquement les entreprises saines, les fonctions d’Etat utiles, les devises solides…
… Je vais m’arrêter sur cette vision idyllique, cher lecteur, elle suffira à cette jolie journée de mai.
Car chacun sait ce qui arrive au bout de quelques années dans le même logement : les bonnes résolution du début s’affaiblissent, on recommence à accumuler les objets superflus, on se lasse de la couleur des murs et, petit à petit, on se prend à rêver d’ailleurs !
▪ Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une bonne fin de week-end — et à vous recommander de jeter un oeil à la dernière recommandation d’Eric Lewin, si ce n’est déjà fait.
Je vous en ai déjà parlé plusieurs fois cette semaine : c’est vraiment une très belle occasion, pour laquelle les choses bougent rapidement, alors… ne manquez pas le coche !
Meilleures salutations,
Françoise Garteiser
La Chronique Agora