▪ L’or a dépassé les 1 600 $ : est-il temps de vendre ? Non, de loin pas. Il devrait atteindre 2 500 $ rien que pour toucher le sommet — ajusté à l’inflation — fixé il y a 30 ans.
Mais beaucoup d’eau a coulé sous les ponts, ces trois dernières décennies. Et quasiment chacune vaguelette nous susurre : « l’or va grimper ».
Il y a bien plus de dettes qu’il n’y en avait il y a 30 ans… et bien plus d’argent bidon. De plus, Paul Volcker n’est plus à la Fed. Cette fois-ci, la Banque centrale américaine est gérée par Ben Bernanke… qui a fait savoir très clairement quelle serait sa réponse à la crise : imprimer plus de monnaie !
Oui, cher lecteur, l’or va grimper. Beaucoup grimper. Mais pas nécessairement tout de suite.
Harry Dent nous a envoyé le manuscrit de son nouveau livre. Il affirme que l’or va grimper… mais pas avant d’avoir coulé d’abord. La dette est déflationniste, dit-il. Tout le monde doit des dollars. A mesure que la dette sera détruite durant la Grande Correction, le cours du dollar va grimper, tandis que l’or chutera. Nous aurons de la déflation avant que nous puissions passer à un super-boom, pense-t-il.
Il se pourrait qu’il ait raison. Les marchés trouvent toujours un moyen de nous surprendre, vous pouvez compter là-dessus. Mais d’une manière ou d’une autre, l’or atteindra deux fois son cours actuel — au moins.
▪ Alors revenons-en au déroulement de la Grande Correction :
« L’économie subira des secousses à mesure que les chèques d’allocations s’épuisent », titrait le New York Times la semaine dernière.
Le marché de la dette européen est en pleine débâcle, lui aussi. Avec toute cette excitation, nous avions manqué cet article du New York Times. Mais il est important, pour deux raisons. D’abord, il montre dans quelle mesure l’économie américaine s’est zombifiée. Ensuite, il montre ce qui arrive lorsqu’on laisse les zombies prendre le contrôle.
Une grande partie des revenus des Américains provient désormais ni de la sueur de leur front ni du labeur de leurs économies. C’est de l’argent qui leur est donné par le gouvernement.
Une grande partie de la population américaine s’est détournée du travail permettant de faire des profits et d’augmenter la croissance pour se consacrer au « zombie-isme ». Et plus on a de gens vivant aux dépens des autres, moins les autres ont de motivation à s’échiner. Le PIB réel — la vraie richesse d’une nation — baisse.
Puis les zombies sont sous pression à leur tour. Si vous voulez vivre aux crochets de quelqu’un, mieux vaut que ce quelqu’un gagne bien sa vie. Mais à mesure que la Grande Correction continue et s’intensifie, les avantages des zombies s’épuisent…
Voici ce qu’en dit le New York Times :
« Une part extraordinaire des revenus personnels provient directement du gouvernement. Près de 2 $ sur 10 entrant dans les poches des Américains l’an dernier étaient constitués de paiements comme les allocations chômage, les bons d’alimentation ou la Sécurité sociale, selon une analyse de Moody’s Analytics. Dans les états durement touchés par la récession, comme l’Arizona, la Floride, le Michigan et l’Ohio, cette part du revenu versée par le gouvernement est encore plus considérable ».
« Cependant, à la fin de cette année, bon nombre de ces dollars vont disparaître, avec l’expiration des allocations destinées à aider les gens à supporter les effets de la récession. Moody’s Analytics estime que 37 milliards de dollars disparaîtront ainsi des comptes personnels américains cette année ».
« En termes d’impact économique, c’est légèrement moins que les baisses de dépenses mises en place par le Congrès US pour maintenir le financement du gouvernement d’ici septembre ».
« A moins que les embauches n’accélèrent radicalement pour compenser, les économistes craignent que les revenus ainsi perdus pèsent encore un peu plus sur les dépenses de consommation, ralentissant une reprise qui reste fragile.
« […] Dans une étude réalisée pour le département du Travail US, Wayne Vroman, économiste à l’Urban Institute, estime que chaque dollar versé en allocations chômage génère jusqu’à 2 $ dans l’économie ».
Si ce dernier élément est correct, est-ce que l’inverse est vrai ? Est-ce que retirer un dollar d’allocations supprimera 2 $ de l’économie ?
Nous n’allons pas tarder à le savoir.
1 commentaire
C’est toujours un plaisir de lire des gens intelligents et cultivés ainsi que la Chronique Agora.
On y apprends de cette façon beaucoup de choses.
Parfois un peu en opposition avec d’autres lectures comme celle de Shadowstats qui mettrait le maximum de l’or atteint dans les années 80 à 7 000 $ , valeur corrigée d’une inflation plus réelle qu’officielle.
C’est à dire en prenant les mêmes critères de calcul de l’inflation qu’il y a 30 ans et sans en changer les règles de modernité qui consiste à éliminer les produits qui augmentent un peu trop et de rajouter des produits que l’on ne consomme jamais.
Que doit-on en penser ?
Le thermomètre de l’inflation utilisé était -il toujours aussi valable ou fallait-il en prendre un plus moderne pour pouvoir comparer utilement ?