Ça y est, la loi PACTE a été définitivement adoptée par le Parlement le 11 avril. Le temps est donc venu de faire le point sur ce qui change pour vos placements.
Avant de voir à quoi ressemblent les nouvelles règles, jetons un coup d’œil au terrain afin de mieux cerner les enjeux.
Recul de l’épargne financière et hausse de l’immobilier
Quand on se retrouve dans la situation suivante…
… on a trois solutions, comme l’explique Natixis :
- « Epargner moins (en épargne financière), parce que le rendement de l’épargne financière est nul, pour soutenir la consommation malgré la baisse des revenus financiers ;
- épargner davantage, pour stabiliser le revenu futur tiré de l’épargne malgré la baisse du rendement de l’épargne ;
- épargner en actifs immobiliers, avec le recul du rendement de l’épargne financière ».
Et la banque de conclure qu’« on observe dans la Zone euro le recul de l’épargne financière et la hausse des achats de logements, en volume et en prix ».
Je récapitule : nous sommes en 2019 après Jésus-Christ. Toute la Zone euro est envahie par les taux négatifs et l’épargne financière recule. Toute la zone ? Non ! Certains pays peuplés d’irréductibles épargnants résistent…
Le patrimoine financier des Français dépasse les 5 000 Mds €, dont 30% sont placés à court terme
Chaque année, l’Observatoire de l’épargne réglementée de la Banque de France publie son rapport sur le patrimoine financier des Français. La dernière mouture permet de constater que la barre symbolique des 5 000 Mds € a été franchie pour la première fois fin 2017.
En attendant la prochaine édition de ce rapport (qui devrait tomber au mois de juin), les dernières statistiques trimestrielles de la Banque de France nous apprennent qu’à la fin du troisième trimestre 2018, le patrimoine financier des Français se montait désormais à 5 116,7 Mds €.
En six ans, entre leur effort d’épargne et l’effet des valeurs de marché, les Gaulois auront vu leur butin de guerre augmenter d’environ 30%.
Voici la répartition de ce stock d’épargne.
Détail des placements financiers des Français (encours au T3 2018)
Si les placements en actions (pour faire simple) représentent 33% du total et les fonds euros 31%, les Français conservent prudemment 30% de leur épargne financière sous une forme liquide (dépôts bancaires rémunérés) voire très liquide (numéraires et dépôts à vue), d’où ce genre de titres qui se succèdent dans la presse financière.
Mais prenons un peu de recul.
Le taux d’épargne est équivalent à son niveau de 2008
L’INSEE distingue deux taux d’épargne : le taux d’épargne financière et le taux d’épargne global, lequel comprend épargne financière et épargne immobilière (remboursement de crédits immobiliers).
Au troisième trimestre 2018, le premier de ces deux taux (net des emprunts financiers) se montait à 4,6% du revenu disponible brut des Français, ce qui situe ces derniers dans le haut du classement des grands pays européens. Seuls les Allemands font mieux, à presque 8%.
Plus significatif est le taux d’épargne global. Celui-ci se montait au troisième trimestre 2018 à 14,1% du revenu disponible brut, ce qui nous plaçait – là encore –, dans le peloton de tête des grands pays européens, derrière les Allemands à quasiment 18%.
Selon les derniers chiffres publiés par l’INSEE, ce taux est même monté à 15,2% en France au quatrième trimestre 2018.
Les Anglo-Saxons sont en queue de peloton. Avec des taux d’épargne globaux respectivement autour de 4% et 5%, les Britanniques et les Américains sont bien en-dessous de leurs niveaux d’avant-crise.
La peur de la retraite pousse à épargner, en dépit des taux réels négatifs sur l’épargne réglementée
Au final, les Français se montrent donc prudents et se serrent la ceinture pour se prémunir d’un coup dur.
Et pour cause, comme l’a révélé le baromètre « Les Français, l’épargne et la retraite » publié par Le Cercle de l’épargne le 16 avril, nous étions 3% de plus en 2018 qu’en 2017 à juger que notre pension de retraite sera insuffisante pour vivre correctement. Cette opinion s’est même dégradée de 9% chez les retraités, qui connaissent assez bien le sujet.
Avec des retraites qui ont vocation à être toujours plus tardives, plus maigres et plus taxées, c’est compréhensible.
Malheureusement, préparer sa retraite avec des taux au ras des pâquerettes, n’est pas à la portée du premier venu.
Comme vous le savez, nos Etats, massivement endettés, ne sont pas près de tolérer une remontée des taux longs. Une conséquence malheureuse en est que votre épargne de précaution et votre épargne « sans risque » sont promises à une mort lente (baisse de la rémunération de l’épargne réglementée), à défaut d’une euthanasie disons plus violente (explosion de l’euro et retour au franc).
Bref, confronté à ce pactole de 5 116,7 Mds€ qui ne tarit pas en dépit d’impôts en constante augmentation et de taux de rémunération certes « stables » mais au ras des pâquerettes, il n’est pas étonnant que l’Etat continue de s’intéresser de très près à votre argent, et que les entreprises financières continuent d’innover.
La loi PACTE introduit des évolutions en matière d’assurance-vie que nous allons bientôt examiner.