Quels actifs affichent les meilleures performances dans la durée ? L’immobilier, les actions, les obligations ? Des décennies plus tard, vous constaterez que tout dépend de votre point d’entrée.
Hier, j’ai commencé à rendre compte de l’étude annuelle de l’Institut de l’Epargne Immobilière et Foncière (IEIF) « 40 ans de performances comparées (1975-2015) : Les placements sur longue période : immobilier, placements monétaires, assurance-vie, obligations, actions, or ».
Les résultats de ce rapport privé, que l’IEIF m’a aimablement autorisé à partager avec vous, sont les suivants. Sur les graphes qui suivent, TRI signifie « taux de rentabilité interne ». Le TRI prend en compte les frais.
(source : IEIF, « 40 ans de performances comparées (1975-2015) : Les placements sur longue période : immobilier, placements monétaires, assurance-vie, obligations, actions, or », mai 2016)
Hier, nous avons vu l’immobilier. Voici maintenant ce que conclue l’étude pour les actifs financiers et l’or.
Et en premier lieu les actions : « Sur cinq ans, il s’agit à nouveau d’un placement gagnant, en seconde position derrière les foncières ». Les actions finissent en tête de la course sur 30 ans, et à la deuxième place du podium sur 40 ans, à 0,1% derrière les foncières. Elles se distinguent donc en particulier sur les périodes longues.
Certes, mais comme nous le répétons à propos du CAC 40 : « Il ne fallait pas investir en 2000 ! ». Il ne fallait d’ailleurs pas plus acheter le marché français en 1999, ni en 2006-2007, sinon, vous avez fait moins bien que le Livret A.
Pour ceux à qui on a promis qu’ils allaient revoir les 6 600 points de juillet 2000, cela fait 16 ans qu’ils attendent, ce qui commence à faire long. « Pas vendu, pas perdu ? » Une autre blague de banquier, donc.
(source : fr.finance.yahoo.com)
John Hussman, un gestionnaire américain célèbre et talentueux, résume la différence entre investissement et spéculation :
« Si je devais choisir ce que les investisseurs devraient retenir — qui puisse leur servir sur toute une vie d’investissement — ce serait les deux principes suivant : 1) Les valorisations contrôlent les rendements à long terme. Plus élevé est le prix que vous payez aujourd’hui pour chaque dollar que vous espérez recevoir plus tard, plus bas sera le rendement long terme de votre investissement. Ne prenez pas les bénéfices courants à la valeur nominale, car les marges bénéficiaires ne sont pas permanentes. Historiquement, les indicateurs les plus fiables de la valeur boursière sont liés aux revenus, pas aux bénéfices. 2) La recherche du risque et l’aversion au risque commandent les rendements sur les périodes plus courtes du cycle de marché. La différence entre un marché surévalué qui devient plus surévalué, et un marché surévalué qui s’effondre, a peu de rapport avec le niveau de valorisation et tout à voir avec l’attitude des investisseurs vis-à-vis du risque. Lorsque les investisseurs sont en recherche de risque, ils sont rarement sélectifs. Historiquement, le moyen le plus fiable pour mesurer les attitudes de risque est l’uniformité ou la divergence des mouvements de prix dans un large éventail de titres. Je les ai appelés la Loi d’airain de la valorisation, et la Loi de fer de la spéculation. Je les ai répétés souvent. Ils méritent d’être répétés. »
Pour ce qui est de l’assurance-vie en fonds euros, dont nous évoquons régulièrement la chute du rendement, Charles-Henri de Marignan confirme que : « les TRI baissent en même temps que les durées de détention : autour de 6,5% sur 30 et 40 ans, entre 4 et 4,5% sur 15 et 20 ans, entre 3 et 4% sur cinq et 10 ans ». Pour rappel, la situation n’a pas vocation à s’améliorer.
Pour ce qui est du PEL, dont nous avons récemment parlé, il n’est pas abordé dans le rapport mais la conclusion serait la même que pour « Le livret A et les Sicav monétaires, directement liés à l’inflation, [qui] connaissent les mêmes évolutions que l’assurance-vie : des performances qui se réduisent au fur et à mesure que leur durée de détention est courte ».
Enfin, pour ce qui est de l’or, le rédacteur de l’étude de l’IEIF écrit : « L’or enfin a des performances très irrégulières selon les périodes. Sur longue période néanmoins, il reste peu attractif », constat que je partage totalement.
L’or en tant que monnaie conserve son pouvoir d’achat sur le très long terme (Jastram parle de « golden constant »). Mais en 1971 la nature de la monnaie a changé. La monnaie est devenue crédit et tout lien avec l’or a été coupé.
A la différence d’un titre financier dont la valeur ne s’apprécierait pas mais qui permet la perception d’intérêts ou de dividendes, l’or ne distribue aucun revenu.
Désormais, comme le Dr Jekyll, l’or a deux visages et il arbore l’un ou l’autre en fonction de la conjoncture. Lorsque tout va bien, son prix est faible car il est considéré par les investisseurs comme une matière première. Quand la conjoncture est très mauvaise ou particulièrement incertaine, il endosse ses habits de valeur refuge et sert de devise de substitution.
Comme je l’ai écrit dans mon ouvrage,l’or n’a pas vocation à être transmis de génération en génération mais à être vendu quand le brouillard se lève. La conjoncture est cependant loin d’être au beau fixe.
A la fin du mois de septembre une décision du FMI pourrait surprendre le marché de l’or. Pour savoir comment vous placer pour pouvoir profiter du début d’une réforme monétaire majeure, cliquez ici.
Ces différents constats se retrouvent dans la volatilité des différentes classes d’actifs, c’est-à-dire l’ampleur des variations de leur cours.
(source : IEIF)
Or, dans son bilan de l’année 2015, la Fédération Française des Sociétés d’Assurances (FFSA) déclarait queles versements sur les supports unités de compte avaient augmenté de +32% par rapport à 2014 pour représenter 20% des cotisations, tendance confirmée au premier semestre 2016. Les épargnants ont encore changé de stratégie lors d’un plus haut. Espérons pour eux qu’en cas de sévère correction, leur conseiller sera assez réactif pour les empêcher de se faire à nouveau rincer.
Quelle que soit la classe d’actifs considérée, il y a un temps pour acheter et un temps pour vendre. Vous connaissez sans doute ce propos de Warren Buffett : « La plupart des gens s’intéressent aux actions quand tout le monde s’y intéresse. Le moment d’acheter est quand personne ne veut acheter. Vous ne pouvez acheter ce qui est populaire« .
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1 commentaire
Concernant le CAC 40, j’évoque un point dont on ne parle jamais.
L’avoir fiscal a été supprimé un peu avant la crise financière, ce qui a eu pour effet
de faire baisser les dividendes de 33%.
Le CAC 40 aurait peut-être pu rejoindre les 6000 points ( plus haut autour de 5200 )
si tel n’avait pas été le cas.
L’instabilité de la politique fiscale française compte pour beaucoup !