Le solaire : rien que ce mot donne de l’urticaire à nombre d’investisseurs échaudés par le massacre des valeurs ces dernières années. Il faut dire que l’énergie solaire est un véritable serpent de mer… ou phénix, selon le point de vue adopté.
▪ Quand le roi est victime de la dette
En 2008, alors que les gouvernements décident d’investir massivement dans leurs économies pour tenter de compenser les effets de la crise des subprime, les énergies renouvelables bénéficient d’un vent favorable. Le pétrole s’est envolé à plus de 140 $, les préoccupations environnementales et écologiques ne sont plus le pré carré de quelques illuminés rendant un culte à mère Nature et le besoin d’énergies alternatives se fait cruellement ressentir si bien que la plupart des gouvernements décident de miser sur le virage énergétique.
C’est une période bénie pour les entreprises du solaire et de l’éolien. Les aides gouvernementales pleuvent, des politiques favorables sont adoptées… bref, c’est le grand beau temps pour tout le secteur.
Et puis fin 2009-début 2010, patatras, la crise de la dette souveraine éclate en Europe et les Etats-Unis prennent progressivement consciences de l’envolée de leur endettement public. La plupart des Etats passent à un régime de rigueur et coupent nombre de subventions. C’est le désenchantement, l’éclipse solaire !
Il faut dire que pendant les années fastes, les Etats n’avaient pas lésiné pour se donner une bonne conscience écologique. Pour inciter leurs concitoyens à recouvrir leur toiture de panneaux solaires, la plupart des Etats avaient mis en place non seulement des aides financières pour l’équipement mais aussi le rachat de l’énergie produite avec un prix garanti payé aux producteurs solaires supérieur au tarif du marché.
L’Allemagne annonce ainsi en 2013 qu’elle arrêtera ses subventions à son secteur solaire d’ici 2018 au plus tard. Et pourtant le pays s’est fixé comme objectif de produire 80% de son énergie à partir du renouvelable. L’année dernière, l’Allemagne avait déjà consacré 216 milliards d’euros au soutien de ce secteur et le gouvernement semble aujourd’hui vouloir alléger la facture.
En France, si le gouvernement oblige toujours les fournisseurs d’électricité à racheter l’électricité produite par les particuliers à un prix supérieur à celui du marchés, les différentes aides et crédits d’impôts destinés à encourager la transition vers une énergie plus propre ont été fortement réduits. En janvier 2014, le crédit d’impôt pour une installation solaire photovoltaïque a même été supprimé.
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Le désenchantement du solaire est d’autant plus profond que les producteurs de panneaux solaires se livrent dans le même temps à une véritable guerre des prix. L’arrivée massive de constructeurs chinois, encouragés par Pékin, a provoqué un raz-de-marée sur le secteur solaire avec des produits qui cassaient les prix. En quelques années, le prix des panneaux s’est effondré de plus de 80% et nombre de sociétés ne s’en sont pas relevées.
Personnellement, je vous dirais que nous sommes confrontés au cycle de vie d’une technologie qui se cherche |
▪ De quoi faire fuir capitaux et investisseurs…
… mais, personnellement, je vous dirais que nous sommes confrontés au cycle de vie d’une technologie qui se cherche. Rares sont les avancées techniques ou technologiques qui parviennent à s’imposer immédiatement. J’imagine assez facilement la perplexité de nos très très lointains ancêtres devant le feu. Ou encore des copistes de la fin du Moyen Age devant les premières presses à imprimer.
Nous allons pendant encore longtemps entendre parler des énergies alternatives… et c’est une excellente nouvelle pour les investisseurs que nous sommes.
▪ 2013, le retour en grâce du solaire
Un certain frémissement se fait d’ailleurs jour. 2013 a ainsi été une année record pour le solaire dans le monde.
Selon une étude publiée début juin par l’Association européenne de l’industrie photovoltaïque (EPIA), ce sont 38,3 gigawatts (GW) d’énergie solaire supplémentaires qui ont été installés l’année dernière, soit une belle progression par rapport aux 30 GW de 2012. Une tendance qui va se poursuivre dans les années qui viennent. Selon l’EPIA, les nouvelles installations devraient atteindre les 55 GW en 2018.
Seulement voilà, si je vous dis que le solaire se porte bien, il y a de grandes chances que vous ne me croyiez pas. Et vous avez raison… du moins en partie. Car le secteur solaire européen est effectivement en recul, contrairement à ce qui se passe dans le reste du monde.
En 2011, l’Europe représentait à elle seule plus de 70% des installations dans le monde. Depuis, les Etats ont remis en cause leurs subventions, et les nouvelles installations se sont effondrées si bien que le Vieux Continent ne représente plus que 28% de ces nouvelles installations en 2013 !
Et comme d’habitude, c’est l’Asie qui a pris le relais, avec 57% des nouvelles installations. La Chine (+237%) et le Japon se sont montrés particulièrement friands d’énergie solaire pour des raisons que vous devinez aisément. Le Japon tente en effet de réduire sa facture énergétique en limitant les importations de GNL et de pétrole tandis que la Chine évolue lentement (trop lentement d’ailleurs) vers une production d’énergie moins polluante alors que la qualité de l’air dans les villes devient un sujet de préoccupation majeur pour les Chinois.
Après la Chine et le Japon, ce sont les Etats-Unis (+40%) qui ont le plus accru leurs capacités solaires l’année dernière. Aussi étonnant que cela puisse paraître au pays du gaz et du pétrole de schiste, le solaire gagne du terrain.
Pour s’imposer, les énergies renouvelables vont cependant devoir affronter ou dépasser plusieurs obstacles. Rentabilité, stockage, mix énergétique… voilà quels ont été les principaux freins à leur développement ces dernières années. Mais les choses sont en train de changer.