▪ L’ère du dégonflement de la bulle est arrivée. Mauvaise nouvelle pour l’économie américaine ; bonne nouvelle pour l’or.
Pendant les soixante dernières années, la dette collective a augmenté plus vite que l’économie : de +4,1% annuels pour la dette, contre seulement 2,7% pour l’économie. En résumé, une dette de plus en plus importante a servi à produire chaque dollar de la croissance du PIB.
Et que se passera-t-il si cette tendance s’inverse ?
Pour tout vous dire, je pense que c’est le scénario le plus probable. Le dégonflement des liquidités va prendre un certain temps… et ce ne sera pas drôle.
"Les actifs sur-valorisés d’aujourd’hui vont devenir les actifs sous valorisés de demain, et vice versa," a récemment expliqué QB Partners, un fonds de couverture, dans une lettre à ses actionnaires.
▪ A quoi ce nouveau monde va-t-il ressembler ? Eh bien plus de gens vont épargner plus d’argent. Et ils vont se concentrer sur la préservation de cette richesse plutôt que se laisser appâter par des promesses de gain. Nous avons déjà vécu cela. Michael Farrell, le PDG d’Annaly, a affirmé, lorsqu’il s’est exprimé à la conférence de premier trimestre de son entreprise, que l’état d’esprit des gens aller changer comme ce fut le cas dans les années 30 (…).
En tant qu’investisseur, vous gagnerez plus en vous cantonnant à des actifs qui n’affrontent pas la tempête du dégonflement des liquidités. Après tout, il n’y a pas de délai donné pour vendre un actif qui n’est pas survalorisé ; pas de pression. Vous vous demandez donc : "quels sont les actifs les moins bien valorisés ?". QB Partners vous donne la réponse : les actifs concrets et les ressources naturelles.
L’actif tangible le plus sous-endetté pourrait bien être notre bon vieil or.
▪ En réalité, il se passe quelque chose d’important dans les marchés de l’or en ce moment. Pendant les années 90 et jusqu’à aujourd’hui, les banques centrales du monde entier étaient des vendeuses net d’or. Les banques centrales des pays européens, par exemple, ont vendu 3 800 tonnes d’or au cours des 10 dernières années. Selon le Financial Times, ces ventes leur ont coûté 40 milliards de dollars, alors que l’or ne valait que 900 $ l’once.
Et bien, dommage pour elles. Mais brusquement, cette habitude récente de vendre son or a changé. L’année dernière, les banques centrales ont vendu seulement 46 tonnes, la quantité la plus faible de ces 10 dernières années.
Comme le rapporte le Financial Times : "Les ventes en Europe ont beaucoup ralenti, la demande vient d’ailleurs désormais, et la crise financière a permis de souligner la valeur de l’or dans des périodes de turbulences." En fait, nous pourrions bientôt voir les banques centrales devenir des acheteurs net d’or.
La Chine a doublé ses détentions d’or cette année, et se retrouve maintenant cinquième dans la liste des plus gros détenteurs d’or du monde. La Chine pourrait être un acheteur d’or pendant plusieurs années, puisque ses détentions sont encore très petites comparées à la taille de ses réserves totales. L’or représente seulement 1,6% des réserves de la Chine, contre une moyenne mondiale de presque 11%. Pour diversifier davantage ses réserves – ne serait-ce que pour atteindre la moyenne – il lui faudrait des quantités importantes d’or.
▪ Dans un monde post-2008, en plein dégonflement des liquidités, ce sont les actifs peu valorisés qui vont surperformer face aux autres. C’est une nouvelle page pour l’or, qui semble se fortifier un peu plus chaque mois. "Un nouveau chapitre a commencé dans le marché de l’or," affirme le Financial Times. En effet.
Le FMI, qui n’a jamais été connu pour savoir manipuler l’argent de façon raisonnable, vend une grosse quantité d’or. L’Inde en a acheté la moitié. Un certain nombre de banques centrales des marchés émergents augmentent elles aussi leurs détentions d’or. Peut-être que ces banques centrales sont sur une piste intéressante.
Les détentions d’or de la Russie représentent désormais 4% de ses réserves de change, comparé à seulement 2,2% au début de l’année. Les banques centrales plus petites sont rusées elles aussi. Les détentions d’or de l’Equateur ont plus que doublé depuis le début de l’année – 54,7 tonnes, par rapport à 26,3 tonnes l’année dernière. L’or représente maintenant 32% des réserves de ce pays. Même le Venezuela achète de l’or. L’or représente aujourd’hui 36% de ses réserves, comparé à seulement 23% début 2009.
Alors, qui est l’idiot dans cette affaire ?
Peut-être que les banques centrales voient plus clairement que les autres l’effet que toute cette création de monnaie papier va avoir. Ces derniers mois, nous avons assisté à un boom sans précédent dans les réserves des banques. Les réserves des banques sont à l’origine de la création de monnaie papier. Plus de monnaie papier signifie que la monnaie perd de sa valeur – le prix de l’or devrait donc monter.
▪ Puis il y a ce graphique sur le prix implicite de l’or. A l’époque de l’accord Bretton Woods, les pays devaient avoir un certain ratio d’or adossé à leur devise. Le prix implicite de l’or vise vous montrer combien couterait une once si les devises étaient indexées sur l’or.
Donc, pour les Etats-Unis, le prix implicite de l’or correspond aux titres de la Fed (les réserves de banques) plus l’argent en circulation, divisé par les détentions d’or des Etats-Unis. Sur le graphique, vous pouvez aussi voir le prix de l’or au comptant.
Ce qui compte ici, c’est que vous voyez que les quantités massives de monnaie papier créées n’ont presque pas eu d’impact sur le prix de l’or – jusqu’à maintenant. L’or est fondamentalement bon marché par rapport à toute la monnaie papier ajoutée au système ces derniers mois.
▪ Comme l’écrivent Paul Brodsky et Lee Quaintance du fonds de couverture QB Partners :
"Si l’on tient compte ne serait-ce que d’une minuscule probabilité d’un système monétaire futur qui serait basé sur de l’argent plus honnête, plus concret, alors un rapide coup d’oeil au graphique ci-dessus vous permet facilement de conclure que l’or au comptant est fondamentalement bon marché. Même si c’est encore trop loin pour les intervenants, sceptiques à l’idée un changement si radical dans la politique monétaire, il est raisonnable de conclure que le prix de l’or au comptant et le prix implicite de l’or devraient se retrouver au même niveau d’une façon ou d’une autre dans le futur."
Ils remarquent que le prix de l’or au comptant n’a jamais été si bas comparé au prix implicite de l’or. Pour que l’équilibre soit respecté, l’or devrait se vendre à 16 000$ l’once. Personne ne prédit l’or à 16 000$ l’once. Quoi qu’il en soit, cela vous montre le risque qui existe à détenir de la monnaie papier – et des obligations – à l’aube d’une dévaluation massive du dollar. Peut-être que les banques centrales de Russie, du Venezuela et d’Equateur comprennent tout ça mieux qu’ils veulent bien l’avouer, et c’est pour ça qu’ils achètent de l’or.
Il me semble plutôt évident que si vous créez beaucoup de monnaie papier, vous allez détruire la valeur de la devise. Et dans ce cas, il vaut mieux posséder autre chose que des billets.