Donald Trump promet que les droits de douane ramèneront les emplois industriels aux Etats-Unis. Mais derrière cette promesse, les coûts pour les consommateurs, les entreprises et l’économie dans son ensemble sont souvent ignorés.
Donald Trump affirme que les droits de douane sont bénéfiques pour les travailleurs américains.
Selon lui, en augmentant le coût des produits fabriqués à l’étranger, ils incitent les entreprises américaines à produire ces biens sur le territoire national. Les économistes opposés aux droits de douane soutiennent que le libre-échange est plus « efficient » que le protectionnisme, mais ils oublient que cette soi-disant efficience se fait au détriment des travailleurs américains.
En tant qu’Américains, nous devons placer les intérêts des Etats-Unis au-dessus de tout. Dans cet article, j’examine les arguments de Trump à la lumière des analyses des économistes autrichiens Ludwig von Mises et Murray Rothbard.
Le commerce : un acte volontaire
Dans un contexte marqué par la controverse sur les droits de douane, il est important de garder à l’esprit que le commerce est un acte volontaire. Personne n’est forcé d’échanger : chacun ne le fait que s’il pense en tirer un avantage.
Ce principe vaut aussi bien à l’échelle internationale que nationale : nul n’échange quoi que ce soit s’il ne s’attend pas à gagner quelque chose en retour. Murray Rothbard l’explique en ces termes :
« Avant d’analyser les termes de l’échange, rappelons la raison de l’échange : chaque individu accorde plus de valeur au bien qu’il reçoit qu’à celui qu’il cède. Ce simple constat met à mal l’idée fallacieuse selon laquelle, si Robinson et Jackson échangent 5 000 baies contre une vache, il existerait une ‘égalité de valeur’ entre la vache et les baies. La valeur réside dans l’esprit de celui qui évalue, et l’échange a lieu précisément parce qu’il existe pour les deux contreparties une inégalité de valeur entre la vache et les baies. […] Il n’existe, en réalité, aucune ‘valeur égale’ que l’on puisse mesurer de quelque manière que ce soit. »
Les droits de douane, en entravant les échanges volontaires, faussent le marché et renchérissent les coûts pour les consommateurs américains, contraints de payer plus cher ce qu’ils désirent. Ils achètent des produits américains plutôt que des produits étrangers, mais à un prix supérieur à celui qu’ils auraient payé sans droits de douane. Rothbard explique :
« Les droits de douane et les quotas à l’importation interdisent, partiellement ou totalement, la concurrence géographique pour certains produits. Les entreprises locales obtiennent un quasi-monopole, qui s’accompagne souvent d’un prix de monopole. […] Entraver le commerce entre régions revient à détourner ces ressources vers des activités moins rentables. »
L’argument de l’emploi : une illusion
Les partisans de Donald Trump rétorquent que, même si les consommateurs paient plus cher, les producteurs américains y gagnent puisque de nombreux emplois devraient revenir aux Etats-Unis. Mais ceux qui avancent cet argument oublient que de nombreux producteurs, eux, y perdent.
Rothbard démolit cette idée en montrant que, si les barrières commerciales sauvent des emplois dans certains secteurs protégés, elles en détruisent ailleurs en faisant grimper artificiellement le coût du travail.
Les entreprises les plus productives subissent une hausse artificielle des coûts de main-d’œuvre, tandis que la hausse des prix réduit le pouvoir d’achat des ménages. Les industries utilisant des matières premières importées voient leurs coûts exploser. Par exemple, si un droit de douane augmente le prix de l’acier, toutes les entreprises qui l’utilisent verront leurs coûts s’alourdir ; elles embaucheront moins et certains Américains perdront leur emploi.
Le commerce, à l’inverse, oriente les ressources vers leurs usages les plus productifs.
Les partisans de Trump affirment que les droits de douane créent des emplois industriels. Or, pendant son premier mandat, les droits de douane imposés sur de nombreux produits (composants électroniques chinois, acier canadien) ont eu des conséquences prévisibles : hausse des prix, perturbations des chaînes d’approvisionnement, représailles commerciales, subventions publiques aux secteurs protégés.
Certes, quelques emplois ont été créés, mais à un coût exorbitant. Selon une étude publiée en 2024 par le National Bureau of Economic Research (NBER), les politiques « Buy American » ont certes créé plus de 50 000 emplois, mais chacun d’eux coûte plus de 100 000 dollars à l’économie. L’étude conclut que la suppression de ces dispositions entraînerait la disparition de 100 000 emplois industriels, mais que chaque emploi préservé coûte environ 130 000 dollars.
Même si l’étude ne portait pas directement sur les droits de douane, il ne fait aucun doute que le résultat aurait été similaire.
Les droits de douane : un outil capturé par les groupes de pression
Il faut aussi garder à l’esprit que certaines taxes à l’importation sont défendues par des groupes de pression représentant des intérêts particuliers, qui prétendent agir au nom du bien commun. Dans son livre Libéralisme, Mises dévoile cette stratégie :
« Les partis d’intérêts particuliers doivent faire preuve de la plus grande prudence. […] Les protectionnistes donnent l’image d’un parti uni autour d’un programme commun. Cette unité de façade n’est possible qu’en entretenant la confusion et en masquant la réalité. »
Trump affirme que les droits de douane sont nécessaires à la sécurité nationale. En réalité, le libre-échange favorise la paix. Mises résume ainsi le problème :
« La pensée libérale doit pénétrer toutes les nations si l’on veut créer les conditions de la paix. Tant que les nations s’accrocheront aux droits de douane, à l’interventionnisme et à l’étatisme, de nouveaux conflits surgiront sans cesse. »
Faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour abolir les droits de douane et promouvoir le libre-échange.
Article traduit avec l’autorisation du Mises Institute. Original en anglais disponible ici.
