La dette explose partout dans le monde… et les pays émergents ne sont pas épargnés : un signal de plus à surveiller.
Après les économies développées hier, nous poursuivons notre plongée dans les chiffres du dernier Global Debt Monitor de l’Institute of International Finance (IIF), publié le 15 juin.
L’explosion de la dette en Chine hisse les émergents à un nouveau record
Les pays émergents ne sont pas en reste vis-à-vis des pays de l’OCDE, puisque leur dette globale a atteint un record à 69 000 Mds$, ce qui représente 216% de leur PIB combiné (contre 212% un an plus tôt). Voici le détail de l’évolution sur un an glissant de l’endettement des 30 économies émergentes retenues dans le rapport.
Pour ce qui est des poids lourds de cette catégorie, on constate que tous les groupes d’agents économiques chinois (à l’exception des entreprises non-financières) ont mis du cœur à l’ouvrage en accentuant leur endettement global de près de 10%, ce qui a grandement contribué à la performance remarquable du groupe des émergents.
« Avec une dette totale proche des 310% du PIB, la Chine reste confrontée à de graves problèmes de désendettement », commentent les auteurs du rapport. L’Empire du Milieu a donc fait bien du chemin dans le creusement de sa dette depuis ce graphique produit par l’IIF début avril et qui représente la situation chinoise à février 2019.
La bonne nouvelle est que les émergents sont globalement parvenus à réduire quelque peu leur dépendance à la dette libellée en dollars US, ce qui diminue d’autant les conséquences d’une éventuelle crise de change.
Il s’agit bien sûr d’une moyenne. Quand on rentre dans les détails, on s’aperçoit de la chose suivante, précise l’IIF :
« Dans certains cas, la dépréciation de la devise par rapport au dollar américain a entraîné une hausse du ratio de la dette en devises, comme c’est par exemple le cas de l’Argentine, l’Afrique du Sud, la Turquie et le Chili. »
La vulnérabilité de certains pays émergents à une crise de change s’est donc accentuée depuis le trimestre précédent.
Une tendance similaire partout dans le monde : les taux bas sont un virus qui permet à la dette de se répandre tous azimuts
Plus généralement, l’IIF déplore au niveau mondial :
« Des conditions financières plus faciles qui favoriseront une nouvelle accumulation de dette, exacerbant ainsi les préoccupations relatives au fardeau du service de la dette et de la viabilité de la dette souveraine.
[…] Les préoccupations croissantes concernant les perspectives de résultats soulignent les risques pour les entreprises fortement endettées. »
Il s’agit bien sûr d’une moyenne. Quand on rentre dans les détails, on s’aperçoit de la chose suivante, précise l’IIF :
« Dans certains cas, la dépréciation de la devise par rapport au dollar américain a entraîné une hausse du ratio de la dette en devises, comme c’est par exemple le cas de l’Argentine, l’Afrique du Sud, la Turquie et le Chili. »
La vulnérabilité de certains pays émergents à une crise de change s’est donc accentuée depuis le trimestre précédent.
Une tendance similaire partout dans le monde : les taux bas sont un virus qui permet à la dette de se répandre tous azimuts
Plus généralement, l’IIF déplore au niveau mondial :
« Des conditions financières plus faciles qui favoriseront une nouvelle accumulation de dette, exacerbant ainsi les préoccupations relatives au fardeau du service de la dette et de la viabilité de la dette souveraine.
[…] Les préoccupations croissantes concernant les perspectives de résultats soulignent les risques pour les entreprises fortement endettées. »
Au final, à l’exception des ménages, on se retrouve avec « des zombies partout », pour reprendre l’expression de Natixis.
Voici ce qu’écrivait la banque le 5 juillet au sujet des économies de l’OCDE :
« Les taux d’intérêt très bas dans les pays de l’OCDE conduisent à l’apparition généralisée de zombies :
– entreprises zombies, qui sont des entreprises inefficaces, peu productives, que les taux d’intérêt bas empêchent de disparaître ;
– banques zombies (particulièrement en Europe et au Japon), dont la rentabilité a chuté avec le bas niveau des taux d’intérêt ;
– Etats zombies, dont la solvabilité budgétaire n’est assurée que par la faiblesse des intérêts payés sur les dettes publiques et que la faiblesse des taux d’intérêt a conduit à s’endetter excessivement.
La généralisation des zombies montre l’affaiblissement de l’économie des pays de l’OCDE. »
Une seule chose à ajouter : une hausse des taux ne profiterait qu’à seul de ces agents économiques. Natixis précise :
« Il s’agit de situations de zombies (faiblesse de la rentabilité, de la solvabilité) différentes. En effet, une hausse des taux d’intérêt ferait disparaître les entreprises zombies, mettrait en crise les Etats zombies, mais sortirait les banques européennes et japonaises de l’état de zombie. »
Notez cependant que nous sommes ici dans un monde théorique où les banques sus-citées ne seraient pas elles-mêmes balayées par les vagues de défauts d’entreprises zombies…
Fear the Walking Dead!
Bref, quand on voit à quel point l’épée de Damoclès qui tombera sur les économies en cas de récession ou d’« événement de marché » sur le crédit ou sur les dettes publiques est tranchante, on comprend que les autorités publiques ne se risquent guère à tenter de « normaliser » la situation plus avant.
Comme le rappelait en effet Natixis le 3 juillet : « Pas de récession si tout le monde est solvable ! »
La banque résume :
« Les récessions du passé ont toujours été déclenchées par la perte de solvabilité d’un groupe d’agents économiques [Etats, entreprises et ménages] qui doit alors réduire sa demande de biens et services, […] hausse des défauts des entreprises en 2000, […] hausse des défauts des ménages en 2006-2007-2008, […] perte de la solvabilité budgétaire dans les pays périphériques de la Zone euro de 2010 à 2013. »
Je vous propose donc de nous retrouver prochainement afin de voir ce qu’il en est de la solvabilité de l’Etat fédéral américain, avant de nous tourner vers les Etats de la Zone euro et de nous pencher enfin sur ce que l’IIF identifie comme la menace la plus aigüe, à savoir celle qui plane sur les marchés de crédit, en particulier sur la dette corporate des émergents.