** Le trading actif de court terme est le domaine — et souvent le piège fatal — des gestionnaires de fonds de couverture. Les investisseurs de long terme, qui profitent des avantages jumeaux de la durée et de l’anonymat peuvent se permettre d’ignorer les baisses de court terme… ou, mieux encore, d’en profiter pour se positionner.
– Ces dernières semaines, de nombreux gestionnaires de hedge funds paniqués se sont débarrassés d’actions qu’ils auraient dû acheter. Ils se sont débarrassés des valeurs de raffineries pétrolières se vendant six fois les bénéfices, ou celles d’entreprises parapétrolières dont les bénéfices vont doubler dans les deux prochaines années.
– Au milieu de ces ventes, votre correspondant avait conseillé de faire le contraire. "Les fonds de couverture, nerveux, vendent les actions pétrolières ; les investisseurs individuels, plus intrépides, devraient les acheter", affirmions-nous le 21 juin dernier. "Les grandes actions pétrolières semblent carrément bon marché — tant par rapport aux prix du brut et de l’essence qu’au reste du marché boursier. L’indice S&P Supercomposite Integrated Oil and Gas s’échange à huit fois les bénéfices annuels seulement — soit moins de la moitié du PER du S&P 500".
– Le secteur pétrolier a rebondi avec obligeance juste après que nous ayons écrit ces lignes. Chevron et Tesoro, deux des actions "bon marché" que vous avions identifiées le 21 juin, ont rebondi de plus de 17% depuis. Rien n’est plus agréable qu’une gratification immédiate… mais que va-t-il se passer maintenant ? Les investisseurs devraient-ils prendre leurs gains instantanés ou les laisser aller jusqu’au bout ?
– La réponse, c’est "les deux". Un trader de court terme devrait prendre ses profits et ne rien regretter. Un investisseur de long terme devrait leur laisser la bride sur le cou… et ne rien regretter. Même après la récente hausse, la plupart des grandes entreprises pétrolières restent joliment bon marché. En fait, certaines valeurs sont même devenues moins chères ces dernières semaines, même si leurs cours ont grimpé. ConocoPhillips (COP) nous en donne un exemple frappant.
** Au début de l’année, COP s’échangeait 58,18 $, soit 6,7 fois ses revenus sur 12 mois glissants, se montant à 8,69 $. Aujourd’hui, le prix de l’action COP est 17% plus élevé qu’il n’était en janvier, mais son PER est plus BAS, grâce à une série de bénéfices spectaculaires. Après avoir déclaré 3,09 $ par action au second trimestre, les revenus sur 12 mois glissants de COP sont passés à 10,79 $… ce qui veut dire que la valeur se vend seulement six fois les revenus sur 12 mois glissants. Pour des raisons qui échappent à votre correspondant, les grandes valeurs pétrolières comme COP ne semblent pas réussir à atteindre les PER à deux chiffres qu’elles devraient pourtant mériter.
– Six fois les revenus, c’est une valorisation basse… très très basse. C’est le genre de valorisation qu’on ne trouve en général que parmi les rebuts des marchés. Mais Conoco montre tous les signes vitaux habituels. En fait, l’entreprise semble même être un spécimen financier exemplaire.
– L’entreprise a annoncé une hausse des 65% de ses profits au cours du second trimestre grâce aux prix élevés du pétrole et à de coquettes marges de raffinement. Conoco recevait en moyenne 64,34 $ le baril durant le trimestre, tout en gagnant plus de 16 $ par baril de pétrole qu’elle raffinait. Le prix du brut est plus élevé encore aujourd’hui, et les marges de raffinement, plus larges. Pourtant, le prix de l’action COP ne grimpe que modestement.
– "Pour l’instant, la plupart des investisseurs sont en proie à une crainte extrême et irrationnelle à l’égard du pétrole et des actions pétrolières", observions-nous le 21 juin. "Ils ont peur de Chevron, de Murphy Oil, de Tesoro et de toutes les autres compagnies pétrolières dont la valorisation est faible. Ils craignent que ces valeurs, même si elles ne se vendent que huit fois les bénéfices, et même si elles profitent de la hausse des prix de l’énergie, continuent à baisser. Les investisseurs ont simplement peur de croire ce qu’ils ont sous les yeux".
– Une partie de cette crainte s’est dissipée… mais une bonne part de méfiance résiduelle persiste. Les cours des valeurs pétrolières grimpent à contrecoeur, en dépit d’une robuste croissance des bénéfices. Même si l’indice S&P du gaz et du pétrole grimpe régulièrement depuis plus de trois ans, son PER chute. C’est parce que les bénéfices grimpent plus vite encore que le prix de l’indice lui-même.
– COP ne sera pas la seule société pétrolière à annoncer un second trimestre "étonnamment" solide. Dans un monde où le pétrole est à 75 $ et la marge de raffinement à 16 $, la profitabilité explosive de Conoco n’est pas vraiment une surprise. La seule chose d’étonnant chez COP, c’est qu’elle se vende encore à six fois les bénéfices.