Par Jean-Claude Périvier (*)
L’exploitation militaire des satellites est la raison pour laquelle les grandes puissances sont si attentives à l’évolution technologique des autres pays et aux efforts qu’ils consentent pour devenir puissance spatiale.
Actuellement, on considère que sont des puissances spatiales : les Etats-Unis, la Russie, l’Europe (avec l’Agence spatiale européenne ou l’ESA), la Chine, le Japon, et l’Inde, les trois premiers dominant largement l’industrie à l’heure actuelle.
Pour les pays émergents, posséder une industrie spatiale est un moyen de se hisser au rang des grandes puissances : c’est signifier à celles-ci que l’espace ne leur est pas un domaine réservé. C’est un élément à prendre au sérieux à l’heure de la défense antimissile américaine et du risque de militarisation offensive de l’espace.
La Chine, même si elle a un retard important, est une puissance spatiale à part entière. Songez que jusqu’en 1986, l’activité spatiale chinoise était marginale. Et pourtant, à ce jour, il y a eu pas moins de 112 lancements, six astronautes ont été envoyés en orbite, dont trois sont sortis dans l’espace. Comme les Américains, les Chinois ont appris des techniques au cours de ces programmes, et les ont appliquées dans l’industrie : 80% des nouveaux matériaux développés par les scientifiques chinois ont d’abord été utilisés pour le spatial, participant ainsi à l’accélération de l’économie chinoise.
L’industrie spatiale chinoise concurrence maintenant directement les Américains, les Russes et les Européens sur ce créneau de très haute technologie, puisque 35 satellites appartenant à 13 nations différentes ont été mis sur orbite par les Chinois. Et on ne sait pas exactement où ils en sont au point de vue recherche… notamment militaire.
L’Inde a effectué son premier lancement de satellite en 1975, et réussissait en 2008 le lancement de sa première mission lunaire. Le programme indien prévoit de réaliser 60 missions dans l’espace d’ici à 2013, pour des besoins de communication et d’observation. La Lune constitue toujours un enjeu stratégique pour les Etats souhaitant y disposer d’une base pour des missions plus lointaines.
Par la réussite de son programme spatial, l’Inde est entrée progressivement dans le club des puissances spatiales, capables de lancer leurs propres satellites, et demain ceux des autres pays. Pour l’Inde, c’est aussi une possibilité de réponse militaire vis-à-vis de la Chine et de ses missiles balistiques car, pour des raisons d’équilibre régional, l’Inde ne peut se passer d’un programme spatial dès lors que la Chine en possède un. Mais elle a pris du retard : elle enverra un homme dans l’espace en 2015 seulement.
Le Brésil a pour ambition de se doter d’une technologie spatiale nationale. Il dispose d’une base de lancement à Alcântara, au nord-est du pays. Depuis 1997, le Brésil a connu plusieurs échecs, dont un ayant provoqué la mort de 21 techniciens en août 2003. Le programme spatial a été soutenu par les différents présidents sur cette période. Le 23 octobre 2004, une première fusée fut lancée avec succès.
Mais les programmes spatiaux coûtent très cher, et la concurrence entre nations pousse les gouvernements à dépenser sans cesse plus d’argent, pour des raisons à la fois idéologiques et stratégiques. N’oublions pas que ce sont la "guerre des étoiles" de Ronald Reagan et la course à l’armement qui ont, en grande partie, terrassé le régime soviétique.
Meilleures salutations,
Jean-Claude Périvier
Pour la Chronique Agora
(*) Parallèlement à sa carrière dans le conseil aux entreprises et l’intelligence économique, Jean-Claude Périvier s’intéresse à la Bourse et à l’investissement depuis 1986. Analyste de talent, il excelle à détecter et anticiper les tendances futures… pour en déduire les meilleures opportunités de gain dans sa toute nouvelle lettre d’information, Défis & Profits.