▪ La semaine dernière, S&P a abaissé la note de neuf pays européens. L’Italie et l’Espagne ont toutes deux été dégradées d’un cran, ce qui met l’Italie à BBB+ et l’Espagne à A.
Les gros titres se sont cependant concentrés sur la France, dont la notation AAA a été rétrogradée à AA+. La France avait le Triple A depuis 36 ans.
Les Français ont dit adieu à leur statut Triple A… Ils ont dit qu’ils s’en fichaient, qu’ils l’avaient prévu et qu’ils n’y croyaient pas de toute façon. Mais c’était un coup — pas seulement pour les Français, mais pour toute l’expérience européenne. La France, avec l’Allemagne, était l’une des grandes économies fortes au centre de l’Europe. C’était l’une des économies dont les autres dépendaient pour un renflouage. Désormais, il semblerait que la France aura besoin d’être elle-même renflouée.
Le Wall Street Journal a prévenu hier matin que les marchés devaient « se préparer aux retombées européennes ».
Peut-être n’y aura-t-il pas tant de retombées que ça. Les Etats-Unis ont perdu leur statut AAA l’an dernier. Ils n’en ont pas été autrement contrariés. Les rendements sur la dette US ont même baissé… c’est-à-dire que les obligations américaines étaient plus désirables qu’avant. Les investisseurs savaient qu’ils récupéreraient leur argent ; ils ne semblaient pas se soucier de ce que cet argent vaudrait.
M. le Marché joue souvent des tours aux investisseurs. Il fait en sorte que la chose la plus risquée semble la plus sûre. L’actif le plus sûr, en revanche, semble la chose la plus risquée à acheter.
C’est ce que les investisseurs pensaient des bons du Trésor US il y a 30 ans. L’inflation dépassait les 13%. La note US à 10 ans rapportait 15% (de mémoire). Les investisseurs avaient commencé à les appeler des « certificats de confiscation garantie ».
Mais au lieu de confisquer l’argent des investisseurs, les obligations l’ont en fait multiplié. Les rendements n’ont pas tardé à commencer à dégringoler. Et depuis, plus ou moins, ils baissent. Ce qui signifie que les gens qui ont acheté des obligations au début des années 80 ont gagné beaucoup d’argent. Les obligations se sont révélé être un investissement très sûr.
Parallèlement, l’or était considéré comme la chose la plus sûre à acheter, au début des années 80. Il grimpait depuis une décennie. Les investisseurs ne voyaient aucune raison que la tendance prenne fin.
Mais les années 80 avaient à peine commencé que l’or freinait brutalement. Il se mit ensuite à reculer. Le prix chuta de plus de 800 $ à moins de 300 $ au cours des 18 années qui suivirent. Les investisseurs auraient été plus en sécurité dans un bateau de croisière italien !
▪ L’investissement le plus sûr ne l’est pas tant que ça…
Et maintenant ? L’argent se précipite vers la sécurité des obligations américaines. Les rendements n’ont jamais été si bas en 100 ans. Mais sont-ils sûrs ?
Non. C’est probablement l’investissement le plus risqué que vous puissiez faire.
La France a à peu près le même profil financier que les Etats-Unis. A cet égard, tous deux sont au centre du monde développé — avec une dette gouvernementale d’environ 100% du PIB. Aucun ne peut s’attendre à se sortir de la dette à moins de maintenir les déficits sous le taux de croissance… ce qui sera quasiment impossible.
L’Europe semble être en train d’entrer en récession (croissance du PIB négative)… et les Etats-Unis ne sont pas loin derrière. En dépit du renouveau des discussions sur une « reprise » aux Etats-Unis, le pays se traîne, avec un déficit budgétaire de près de 10% du PIB… et il rebasculera probablement dans la récession plus tard cette année. En tout cas, les gigantesques déficits américains ne donnent pas signe de prendre fin. Et il n’y a aucune chance que la croissance augmente assez pour les compenser.
Tout ça va mal finir, cher lecteur…