Par John Mauldin
▪ On me demande souvent : « comment se fait-il que personne ne voie les problèmes que pose la croissance de la dette aux Etats-Unis ? Pourquoi ne pouvons-nous trouver un consensus pour changer cela ? »
Une partie du problème est que ceux qui gouvernent le pays ne voient tout simplement pas la crise imminente que vous et moi nous voyons arriver — ou alors ils ne voient pas le besoin d’agir maintenant. C’est en train de changer… ou du moins c’est ce que je croyais jusqu’à ce que je lise une déclaration quasi-inconcevable du chef d’entreprise milliardaire et maire de la ville de New York, Michael Bloomberg.
C’est le genre de choses qui me font désespérer. Voilà un homme politique soi-disant (relativement) conservateur sur le plan financier, un homme qui connaît bien les cercles financiers et qui, interrogé pour savoir si les coupes budgétaires de l’Etat affecteront le budget de la ville de New York répond ceci :
« Cela dépend de combien de temps », a déclaré M. Bloomberg. « Si cela ne dure que quelques semaines, non. Si cela dure plus longtemps, oui. Entre 10% et 12% de notre budget provient du gouvernement fédéral. Nous n’allons bien évidemment pas être amputés de ce pourcentage mais il y aura des effets — et pas des meilleurs. Quant à savoir si quelque chose va changer demain ou si nous allons manquer d’argent, je suis certain qu’on me posera ces questions à la [prochaine] conférence de presse. Non ».
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En outre, tout en affirmant que le déficit fédéral doit en effet être réduit, M. Bloomberg a expliqué que les Etats-Unis pouvaient être débiteurs « d’une quantité infinie d’argent » et qu’il n’existe pas de montant spécifique qui provoquerait le défaut du pays.
« Nous dépensons de l’argent que nous n’avons pas », a expliqué M. Bloomberg. « Ce n’est pas comme pour un ménage. Dans un ménage, les gens disent, ‘Oh, tu ne peux pas dépenser l’argent que tu n’as pas.’ Cela est vrai pour un ménage parce que personne ne va lui prêter une quantité infinie d’argent. Mais s’agissant du gouvernement fédéral des Etats-Unis, les gens semblent bien vouloir nous prêter une quantité infinie d’argent… Notre dette est si immense et tant de gens la possèdent qu’il est ridicule de croire qu’ils cesseront de nous vendre plus. C’est toujours la même histoire : si vous devez à la banque 50 000 $, vous avez un problème. Si vous devez à la banque 50 millions de dollars, c’est elle qui a un problème. Et c’est un problème pour ceux qui prêtent. Ils ne peuvent arrêter de nous prêter plus d’argent ». (Observer.com)
▪ « Les déficits importent peu ». Vraiment ?
Je ne suis pas certain de ce qu’il entend par le mot infini mais ce dont je suis sûr, c’est qu’il n’utilise pas ce mot pour signifier « sans limite ou sans fin par rapport à l’espace, l’étendue ou la taille ; impossible à mesurer ou à calculer ». Les rares fois où je l’ai rencontré, il m’avait semblé être un homme sensé et maîtrisant bien le langage. A mon avis, il parlait métaphoriquement, dans le sens où il y a (dans son esprit) pas de limite concrète. Du moins, je l’espère.
Cela me rappelle le commentaire du vice-président Dick Cheney : « les déficits importent peu ». Il a raison si le déficit ne dépasse jamais le taux de croissance du pays (PIB nominal). Il ne serait pas raisonnable de s’approcher de cette limite mais ce ne serait peut-être pas nécessairement une catastrophe. Et, pour être indulgent avec Cheney, je suis certain qu’il ne lui est jamais venu à l’esprit que les Etats-Unis pourraient enregistrer un déficit proche de 10% du PIB. Une telle idée lui aurait semblé ridicule, inimaginable. Le gouvernement américain ferait vigoureusement marche arrière de tout ce qui pourrait s’approcher un tant soit peu de ce chiffre. Cela est resté vrai — jusqu’à ce que cela arrive et que nous ne nous réagissions pas.
C’est là qu’est le problème. Trop de dirigeants ne comprennent même pas encore que nous nous sommes approchés de la limite — il est vrai que nous ne sommes pas encore arrivés à l’infini ! Les répercussions politiques et économiques à s’auto-restreindre seraient tout simplement trop difficiles pour certains en regard à la tentation de repousser les limites un peu plus loin. Trop de responsables dans l’administration actuelle semblent réellement croire que même des réductions mineures de dépenses (je veux dire de simples réductions à l’augmentation des dépenses, pas de vraies réductions !) seront une terrible calamité.
Il y a encore bien des choses à dire sur le sujet, comme nous le verrons lundi…