** Hop ! Les marchés ont promptement repris le chemin de la baisse hier, après s’être offerts une trêve vendredi. Les financières sont revenues sur le devant de la scène — qu’elles n’ont d’ailleurs jamais quittée, ce sont juste les investisseurs qui ont regardé brièvement ailleurs –, les fondamentaux économiques se sont rappelés au bon souvenir des intervenants, bref, la tendance pessimiste reprend ses droits.
Le CAC 40 a ainsi perdu 1,01% sur la séance de lundi, repassant sous les 4 400 pour terminer à 4 355,87 points. A Londres, les marchés étaient en vacances et se sont donc épargnés une journée dans le rouge, mais à Francfort, le DAX était bel et bien là, avec une chute de 0,72%.
Côté américain, l’humeur était encore plus sombre : le Dow Jones a vu s’évaporer 2,08%, revenant à 11 386,33 points, tandis que le Nasdaq se mettait au diapason avec une dégringolade de 2,03% et 2 365,59 points en clôture. Le S&P faisait légèrement mieux en "limitant" les dégâts à une chute de 1,96%, soit 1 266,87 points.
** Les raisons de cette baisse, on peut les trouver dans l’enième épisode de la saga "Désamour, disgrâce et laideur", qui conte les déboires des valeurs bancaires. AIG était hier le "héros" du jour avec une chute de 5% de son cours, due à une annonce de Credit Suisse selon laquelle AIG enregistrerait des pertes probablement plus graves qu’on l’attendait au troisième trimestre.
Le FMI est venu rajouter de l’huile sur le feu avec ses dernières prévisions concernant la croissance mondiale cette année. "L’institution estime que le PIB mondial ne devrait plus progresser que de 3,9% cette année, contre 4,1% selon son estimation du mois dernier, d’après une source relayée par Reuters", lisait-on ce matin sur investir.fr. "L’an prochain, le rythme de la croissance mondiale devrait s’établir à 3,7% (-0,2 point). Si le FMI a maintenu son estimation concernant les Etats-Unis pour 2008 à +1,3%, l’institution a en revanche revu à la baisse celle concernant la zone euro de 0,3 point, à +1,4%. En 2009, le PIB des Etats-Unis devrait progresser de 0,7% (-0,1 point), et celui de la zone euro de 0,9% (-0,3 point)".
Evidemment, il n’y a pas de quoi pavoiser — surtout pour la zone euro : les sombres prédictions du FMI ont permis au dollar de se reprendre un peu par rapport à l’euro. Le billet vert a terminé la journée à 1,4750 pour un euro, contre 1,4781 la veille.
** L’Association américaine des agents immobiliers a pourtant essayé de rattraper les choses en publiant une bonne nouvelle : une hausse de 3,1% des ventes de logements anciens en juillet — soit cinq millions d’unités vendues en chiffre annualisé, contre 4,91 millions attendus.
Malheureusement, dans le même temps, les stocks de maisons attendant d’être vendues continuent d’enfler : +3,9% sur le mois de juillet…
Et ne vous faites pas d’illusions, cher lecteur — les fissures se multiplient aussi dans la belle façade de l’immobilier français : "la crise immobilière qui fait rage aux Etats-Unis rattrape l’Hexagone", déclarait La Tribune ce matin. "Selon les chiffres des services de l’Equipement du ministère de l’Ecologie publiés ce mardi, les ventes de logements neufs en France ont chuté de 33,9% au deuxième trimestre par rapport à la même période de 2007, pour s’établir à 21 500 unités. […] Autre mauvaise nouvelle, le délai moyen d’écoulement de logement s’est nettement allongé en un an, passant de sept mois et demi à 14 mois pour le collectif et de huit mois et demi à 15 mois pour l’individuel".
Et voilà comment les "répliques" du séisme immobilier américain (dont Bill nous parle d’ailleurs plus en détails ci-dessous) se font sentir jusque de l’autre côté de l’Atlantique… et même de l’autre côté de la Manche !
Françoise Garteiser,
Paris