▪ Qui peut décrypter les tractations qui se déroulent en Grèce depuis une semaine entre le Premier ministre, l’opposition, la présidence, le FMI, le tandem Merkel-Sarkozy ?
Apparemment personne — pas même les plus fin connaisseurs de la vie politique grecque !
Les marchés y voient-ils plus clair ? La conclusion implicite, c’est qu’on n’est pas plus avancé depuis la mi-octobre. Il suffit pour cela d’observer le CAC 40 qui continue de stagner entre 3 100 et 3 200 points et 3 125 points vendredi, un niveau proche du 18 octobre dernier.
Toute la presse économique nous rappelle que nous assistons à une tragédie grecque en cinq actes : cette image devient un véritable poncif mais impossible d’y échapper. Cependant, il est difficile, vu le nombre de coups de théâtre survenus en trois semaines, de déterminer si nous sommes à fin du troisième ou du quatrième acte.
Le public a ri, le public a tremblé, il a applaudi tout autant que sifflé et le rideau est retombé le vendredi 4 novembre sur un suspense qui demeurait entier.
C’est l’entracte et tout le monde se retrouve au bar du premier étage pour commander un rafraîchissement. Qu’est-ce que les scénaristes athéniens nous ont concocté pour nous tenir en haleine jusqu’à fin 2011 ?
Tout l’enjeu du psychodrame grec — si nous en croyons Georges Papandréou qui a remis sa démission hier soir — est de faire adopter l’intégralité (et rien que l’intégralité !) des accords de Bruxelles, ce qui inclut des mesures d’austérité et une braderie des actifs privatisables.
Une fois que les concessions de services publics les plus juteuses auront été vendues à des acquéreurs étrangers, qu’est-ce qui restera aux Grecs pour se refaire ?
▪ Depuis jeudi, tous les partis politiques grecs semblent parvenus à la conclusion qu’il ne fallait surtout pas demander son avis au peuple qui ne sait manifestement pas ce qu’il veut !
Pourtant, la démission de M. Papandréou va déboucher sur des élections anticipées dont les résultats sont bien difficiles à anticiper, tant les propositions des diverses formations politiques apparaissent contradictoires.
D’après un sondage publié ce week-end, 80% des Grecs veulent garder l’euro comme monnaie mais 80% d’entre eux refusent les mesures d’austérité qui les privent de 20% de leurs revenus et de 30% de leur pouvoir d’achat — une fois comptés les hausses de taxes et l’alourdissement tous azimuts de la fiscalité.
Qui ne serait pas d’accord pour conserver la pension complète — avec accès libre aux équipements de loisir — et se voir exempté de corvée de ménage et de vaisselle ?
Vu de l’extérieur, le débat porte désormais sur la possibilité de voir la Grèce faire faillite (qui doute encore que tel sera son destin d’ici trois ou six mois ?) tout en maintenant son appartenance à la Zone euro.
Pour être tout à fait cynique, c’est-à-dire adopter le même « réalisme » que les marchés financiers, il existe au moins une catégorie de Grecs qui a tout intérêt à ce que le pays sorte de la Zone euro. Il s’agit de tous ceux qui ont délocalisé leur fortune, et l’argent fraudé au fisc, vers la Suisse (ou d’autres paradis fiscaux), soit au bas mot 340 milliards d’euros.
Au risque de nous répéter, tout cet argent — qui est loin de représenter de la petite monnaie puisque c’est à peu près l’équivalent de la dette du pays — a déserté le territoire grec au cours de la décennie écoulée. C’est-à-dire depuis une date postérieure à l’adhésion du pays à la Zone euro, preuve que cela n’a pas changé les mauvaises habitudes des contribuables les plus aisés.
Imaginez que la Grèce renoue avec le drachme : les fortunes délocalisées vers l’étranger verraient leur pouvoir d’achat immédiatement multiplié par deux et bientôt par trois si elles revenaient s’investir au pays.
Et si certains exilés fiscaux avaient eu la bonne inspiration d’acheter des CDS contre la dette grecque, leur patience pourrait être bientôt récompensée.
Peu importe en effet que le Parlement et le futur gouvernement d’union nationale entérine les sacrifices demandés au peuple grec pour rassurer l’opinion publique allemande ou le FMI ; nul n’est en mesurer de nous expliquer comment les mesures d’austérité seront rendues applicables ni quelles seront les conséquences sur le climat social (explosif).
▪ Ces interrogations apparaîtront toutefois bien futiles si les tensions entre Israël et l’Iran s’exacerbent au cours des prochaines heures. Jérusalem n’attendrait qu’un feu vert de la Maison Blanche pour s’attaquer aux installations nucléaires du régime de Téhéran.
L’entourage du Premier ministre laisse entendre que si le rapport de l’AIEA (publié mercredi) confirmait le développement d’une technologie d’enrichissement de l’uranium à usage militaire, Israël pourrait prendre l’initiative de bombarder les installations suspectes sans attendre l’approbation de personne.
▪ Complètement obnubilé par le G20 qui s’achevait à Cannes, Wall Street s’est peu préoccupé du dossier nucléaire iranien mais a terminé la semaine sur un repli modéré.
Les indices américains avaient mal entamé la séance dans le sillage de places européennes qui chutaient de 2% en moyenne. Ils ont ensuite sensiblement réduit leurs pertes initiales dans l’après-midi, notamment le Nasdaq qui est remonté de -1% à -0,45% (soit -2% sur la semaine).
Le S&P est resté en mode consolidation jusqu’au bout mais le repli dépassait tout juste -0,63% (1 253 points) contre -1,25% vers 17h30.
Avec un repli hebdomadaire de 2,5%, il s’en sort beaucoup mieux que les places européennes qui chutaient de 7% en moyenne.
Difficile de cerner l’origine du raffermissement survenu à partir du milieu de la matinée. Les investisseurs ont peut-être privilégié le verre à moitié plein des dernières statistiques publiées aux Etats-Unis ces dernières 48 heures. Elles ne préfigurent pas un ralentissement d’activité prononcé au quatrième trimestre comme celui qui se dessine en Europe (d’après la BCE) mais pas d’embellie non plus.
Le chiffre des créations d’emplois en octobre (+80 000 dans le secteur non agricole au lieu de 100 000 anticipé, après 158 000 en septembre) est une véritable déception : le scénario estival d’une reprise graduelle du marché du travail aux Etats-Unis ne se confirme pas.
La baisse du taux de chômage global de 9,1 vers 9% relève de la fiction statistique. Quand il se contracte de 0,1%, le taux de chômage réel augmente d’autant car le toilettage des listings du département du Travail fait disparaître chaque mois un nouveau contingent de demandeurs d’emploi en fin de droit (sans parler de ceux qui renoncent à chercher un travail).
▪ Partant de ce constat, ceux qui voient le CAC 40 renouer avec les 3 250 points dans le cadre d’un rattrapage par rapport aux indices américains devront tout de même se poser une grande question : le Dow Jones — qui se situe aujourd’hui 3% au-dessus des ses niveaux du 1er janvier (en plein QE2 avec une croissance anticipée à 3% en 2011/2012 contre 1,5% aujourd’hui) — va-t-il effectivement reprendre son ascension vers les 12 500… ou corrigera-t-il plutôt sa surévaluation de 20% par rapport au CAC 40 qui affiche -18% depuis le 1er janvier ?
3 commentaires
Jérusalem n’est pas la capitale d’israel !!
(sauf pour ceux qui ne connaissent pas ou ne reconnaissent pas le droit international)
Bonjour Monsieur,
Nous n’avons jamais indiqué que Jérusalem était la capitale d’Israël dans cet article.
La capitale d’Israël est Tel-Aviv, même si l’Etat d’Israël a revendiqué dès sa création en 1949 que Jérusalem était sa « capitale éternelle », chose effectivement non reconnue par la communauté internationale.
Cordialement
Les choses capitales qui vont sans dire vont encore mieux en les disant !
Excusez-moi encore , mais j’avais cru que vous participiez a une tentative de propagande du fait accompli et il est bon de vous voir redire le droit tel qu’il est .