Record du Nasdaq aux Etats-Unis et des taux de crédits immobiliers au plus bas en France. Deux nouvelles sans aucun lien, en apparence seulement.
Le lien est le créditisme.
L’indice du Nasdaq est tiré par les rachats d’action à crédit des vedettes de la cote, les fameuses FANG ou GAFA et désormais, FANGMAN (Facebook, Amazon, Netflix, Alphabet-Google, Microsoft, Apple, et Nvidia), selon la nouvelle expression de Goldman Sachs. La banque américaine estime qu’il ne s’agit pas d’une bulle.
Un journaliste matinal de BFM Radio soutient cette même thèse en ce matin du 6 juin 2018 : il ne s’agit pas d’une bulle, ces valeurs jouent le rôle d’actif refuge comme les pharma en 2000.
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Amazon – qui n’est pas une perdrix de l’année – se paye 210 fois ses bénéfices annuels. Netflix, 243 ses bénéfices annuels. Et alors, me direz-vous, ces entreprises ont une croissance exceptionnelle qui justifie peut-être ces multiples non moins exceptionnels.
Détrompez-vous : la croissance annuelle du chiffre d’affaires de ces deux fleurons de la cote n’est que de 30,8% et 32,8% respectivement. J’ai bien écrit chiffre d’affaires, pas résultats. Netflix, notée junk bond, a trouvé en avril dernier à emprunter 1,9 milliard de dollars avec une émission obligataire et perd de l’argent.
[NDLR : Si vous estimez qu’il est plus prudent de payer des entreprises en croissance avec des clients et des marges de cinq fois leurs bénéfices, c’est ici !]
Moins le crédit est cher, plus les prix montent
Mais après tout, quand on émet de la dette à 100 ans, quand les taux sont négatifs, on peut aussi payer les entreprises 250 fois leurs bénéfices annuels.
On peut aussi payer l’immobilier très, très cher, si l’on peut s’endetter pour très, très longtemps à un taux très, très bas.
Cet article nous apprend que « les efforts déployés par les banques pour faciliter le financement des ménages, y compris les plus modestes, ne suffisent cependant pas toujours à amortir la hausse des prix de l’immobilier, selon l’Observatoire du Crédit Logement-CSA. »
Oui, cher lecteur, moins le crédit est cher plus les prix montent. C’est une course.
L’intérêt des banques dans cette affaire est de capter des dépôts qui serviront d’otages si le vent tourne et de se voir qualifiées de « trop grosse pour faire faillite ».
Peut-être faut-il vous rappeler les fondements du créditisme et radoter encore :
- L’épargne (le vrai argent) ne compte presque plus. Les banques n’en ont pas vraiment besoin sauf comme otage.
- Pour 1 € de fonds propres elles peuvent créer 20 € à 30 € de crédit.
- Elles touchent des intérêts sur cet argent fictif.
- En cas de problème, banquiers centraux et gouvernements volent au secours des banques pour ne pas mécontenter les déposants.
Le créditisme ne fait que des heureux dans l’industrie financière et les politiciens de droite ou de gauche. Car voyez-vous, un gouvernement a toujours besoin de plus d’argent ; le créditisme est une solution beaucoup plus élégante que la planche à billets pour financer des investissements (étatistes de droite) ou de dépenses sociales (étatistes de gauche) permettant d’acheter sa réélection.
Le créditisme parasite l’avenir puisqu’il prend des intérêts sur la richesse future et lamine l’épargne. Que vont devenir les prix de l’immobilier si les taux montent ? Qui s’en soucie ?…