▪ +60% de hausse en trois mois
Jamais, de mémoire de professionnel, le coton n’avait connu pareil hausse. Les fondamentaux sont explosifs. Et bien entendu, la spéculation se greffe sur le mouvement pour l’exacerber jusqu’aux extrêmes.
▪ Une équation 100% haussière
Pour résumer les fondamentaux : la demande de coton est extrêmement soutenue, l’offre à la peine, et les stocks très bas. Forcément, les cours s’envolent.
La consommation mondiale de coton pour la saison 2010/2011 est attendue à 120,8 millions de balles de coton. La production ne devrait être que de 116,7 millions et le stock mondial final de 44,7 millions de balles. Soit quatre mois et demi de stock seulement. Un plus bas de 14 ans…
Aux Etats-Unis aussi, les stocks sont bas — ce sont les premiers producteurs mondiaux.
▪ L’offre contrainte par la météo
Les caprices de Dame Météo se multiplient sur les pays producteurs de coton. Sont touchés notamment l’Inde, le Pakistan, le Brésil, ou encore la Chine… la production est en repli.
Voilà pourquoi certains pays producteurs décident d’imposer des quotas à l’exportation — comme lors de la flambée du riz, souvenez-vous. C’est le cas de l’Inde et de l’Ouzbékistan (troisième producteur mondial de coton).
▪ Le marché international s’assèche au moment même ou la demande s’intensifie
Le marché international du coton s’assèche au moment même où la demande s’intensifie, puisqu’aux acheteurs habituels de coton s’ajoutent des producteurs "dans le besoin".
– C’est le cas de la Chine, dont la production cette année est insuffisante. En septembre dernier, elle a importé 200 000 tonnes de coton. Une multiplication par deux de ses importations par rapport à septembre de l’an passé ! C’est vous dire l’ampleur du "manque".
– C’est aussi le cas du Pakistan qui voit sa production diminuer de 20% et qui se tourne vers l’Inde pour s’approvisionner !
Selon l’Association chinoise du coton, les stocks seraient en Chine de seulement 107 000 tonnes sur septembre, en repli de 98 000 tonnes par rapport à août ! La Chine frise la panne sèche…
▪ Cerise sur le gâteau
Des positions short spéculatives ont dû être rachetées dans l’urgence, dopant d’autant plus la hausse des cours. Et bien entendu, saupoudrez le tout d’un affaiblissement constant du dollar depuis quelques semaines et d’un "trop plein de liquidités" qui ne savent où s’investir… et vous comprenez comment on en arrive à des records historiques pour le cours du coton.
La question que je me pose depuis quelques jours déjà :
▪ Faut-il shorter le coton ?
Etant donné les fondamentaux du marché, je pense que les cours du coton devraient rester élevés. Cela dit, je m’attends tout de même à une détente des cours dans les semaines qui viennent. Pour plusieurs raisons :
– Parce que l’Inde devrait bientôt commencer à exporter — courant novembre — avec plus d’un mois de retard pour cause de fortes pluies qui ont retardé la récolte.
– Parce qu’aux Etats-Unis la récolte — qui s’annonce bonne — est actuellement en cours également. L’arrivage de ces récoltes devrait lever la pression sur les cours. Je vous rappelle que l’Inde est le second exportateur après les Etats-Unis.
– Parce qu’il n’est pas impossible que le dollar remonte un peu. Au moins ponctuellement.
▪ Et puis, il y a un élément clé : la spéculation
Pour l’instant, elle pousse le mouvement à la hausse. Mais en cas de repli, les fonds pourraient très rapidement retourner leur veste…
Donc un repli depuis les points hauts de 118 cents est probable, en direction de la zone des 80/85 cents : ancienne zone de résistance, qui pourrait devenir un bon support.
Affaire à suivre…
[NDLR : Suivez le coton… mais aussi toutes les autres matières premières… et transformez leur évolution en plus-values avec notre spécialiste du secteur : il suffit de vous laisser guider !]