Contrairement à ce qu’affirment certains auteurs et experts, la majorité des épargnants sont tout à fait capables de gérer seuls un portefeuille diversifié.
J’ai récemment achevé la rédaction d’un livre sur le rêve américain et la manière de le réaliser.
Dans mes recherches, j’ai lu tout ce qui m’est tombé sous la main sur le sujet. J’ai trouvé des idées intéressantes, d’autres avec lesquelles j’étais en désaccord.
Si je devais retenir le pire ouvrage, ce serait Requiem for the American Dream de Noam Chomsky. Si vous souhaitez ressentir colère, amertume et impuissance face à l’injustice du monde, lisez-le sans attendre. Chomsky incarne à merveille l’aphorisme de George Orwell : « Certaines choses sont tellement absurdes que seuls les intellectuels peuvent y croire. »
Même certains livres plutôt bons finissent par déraper. C’est le cas de Experiencing the American Dream de Mark Matson. Vers la fin, il affirme :
« Lorsque vous êtes livré à vous-même, vous êtes spirituellement, émotionnellement et intellectuellement incapable de gérer votre propre argent. Il y a trop de bruit et trop de tentations pour réussir à gérer un portefeuille diversifié sur une longue période. »
C’est une déclaration pour le moins radicale. Et elle contredit complètement le principe que je défends dans mon livre, The Gone Fishin’ Portfolio.
Ma méthode est simple : investir dans un portefeuille de dix fonds indiciels représentant dix classes d’actifs différentes, puis consacrer quelques minutes chaque année à les rééquilibrer. C’est tout. Le reste du temps, je recommande d’aller pêcher… ou de s’adonner à ce que vous aimez.
En passant par le groupe Vanguard, vous n’avez ni commissions, ni frais de vente, ni frais de gestion, ni frais 12b-1 à payer. Hormis un ratio de frais infinitésimal, la totalité du rendement vous revient.
Résultat : 100 000 dollars placés dans ce portefeuille conservateur à son lancement valent aujourd’hui plus de 600 000 dollars.
Sans tracas, sans complications… et sans conseiller financier.
Je ne suis pas opposé aux conseillers dans tous les cas. Certaines personnes sont trop occupées, trop novices ou trop émotives pour gérer seules leurs placements. Dans ce cas, un conseiller honnête et peu coûteux peut être utile. Mais jamais je n’aurais obtenu les mêmes résultats en m’en remettant à un conseiller haut de gamme et onéreux.
Voici pourquoi…
Au cours des quarante dernières années, j’ai bâti mon patrimoine grâce à trois approches : l’indexation, le trading et l’achat/vente à long terme. Ces stratégies ne s’excluent pas mutuellement. Mais un conseiller coûteux tend à toutes les compromettre.
D’abord, ils se méfient des fonds indiciels, qu’ils jugent trop « banals ». Non parce qu’ils sous-performent – l’Histoire prouve qu’à long terme, moins d’un gestionnaire actif sur dix bat son indice de référence – mais parce qu’ils n’offrent aucun prétexte pour justifier leurs honoraires.
Ils préfèrent donc placer leurs clients dans des fonds gérés activement. Et lorsque les résultats deviennent décevants, ils trouvent une nouvelle façon de justifier leurs frais… en vous orientant ailleurs.
Le trading régulier par l’intermédiaire de courtiers à commission intégrale est tout aussi perdant.
Même une commission de 0,5 % par transaction – et beaucoup facturent davantage – suffit à engloutir la quasi-totalité de vos gains sur une année de trading actif.
Certes, la plupart des conseillers sont désormais rémunérés à la commission annuelle. Mais ce modèle recèle d’autres pièges. J’ai détenu certaines actions pendant des décennies, notamment Apple (AAPL) et Netflix (NFLX). Elles valent aujourd’hui plus de mille fois mon prix d’achat. Si je les avais achetées sur recommandation d’un courtier à commission, celui-ci m’aurait poussé à vendre dès que leur valeur avait doublé ou triplé. Ce qui m’aurait fait manquer les 100 000 % de hausse qui ont suivi.
Et même si je les avais conservées dans un compte à frais fixes, le résultat aurait été tout aussi absurde. Avec seulement 0,5 % de frais annuels, j’aurais dû verser 10 000 dollars par an dès que chacune valait un million.
Payer une telle somme pour conserver exactement les mêmes actions n’a aucun sens. Les conseillers, loin d’être naïfs, le savent. C’est pourquoi ils recommandent à leurs clients de vendre, en totalité ou par tranches, afin de continuer à justifier leurs frais.
Résultat : presque aucun détenteur de ces comptes ne voit ses actions se multiplier par plusieurs dizaines.
La vente prématurée leur fait perdre l’essentiel des gains futurs, mais sert parfaitement les intérêts du gestionnaire, qui peut donner l’impression d’avoir « mérité » ses honoraires.
En bref, Matson se trompe. La plupart des investisseurs sont parfaitement capables, sur le plan spirituel, émotionnel et intellectuel, de gérer un portefeuille diversifié. Certes, vous risquez de commettre des erreurs en cours de route. Mais au moins, vous n’êtes pas financièrement incité à les commettre.
1 commentaire
Exact et merci pour cette démonstration, une idée pour la retraite par capitalisation loin des « zinzins » mais il faut une contrainte quant à la durée de détention.